Il y a exactement trois ans, Razvan Rat était annoncé dans le collimateur de l'OM. Interrogé en conférence de presse, Elie Baup expliquait aux journalistes qu'il ne croyait pas trop à ce transfert alors qu'il n'y avait pourtant qu'un seul arrière gauche dans son effectif, et qu'il s'agissait de Jérémy Morel. Pour rassurer l'auditoire, le coach à la casquette avait lâché "il y a Gaël Andonian sinon". De l'humour d'entraîneur, on va dire ça comme ça, même si celui qui est actuellement prêté à Dijon faisait de bons matchs avec les U19. Ce vendredi, Michel a donc réactualisé le sketch. Doumbia ? Non, il ne faut pas trop y compter. Pour seconder Batshuayi, il y a le jeune Antoine Rabillard, et promis ce n'est pas un message à l'attention de la direction, au cas où elle n'aurait pas remarqué que le mercato avait ouvert ses portes.
Il y a donc fort à parier que l'OM continue avec uniquement Michy en pointe jusqu'à la fin de la saison. Un pari osé mais assumé par Vincent Labrune. Le président olympien s'en était expliqué au mois de septembre, il ne veut pas mettre un concurrent dans les pattes de son chouchou belge. Il y a un risque, notamment de ne pas avoir de réponses à la question "comment fait-on s'il se blesse ?", mais ça peut aussi être jackpot en fin de saison s'il sort une grosse saison. Avec la possibilité de le vendre pour une forte somme, façon Sadran avec Gignac, qui avait tiré la corde de son physique le plus possible les mois précédant son transfert.
Mais le problème, c'est que si Michy est dans les temps de passage, en ce qui concerne ses buts, d'une belle saison, il irrite ses partenaires à la jouer trop perso. Comme si cela se voyait qu'il prenait un peu trop ses aises dans le fauteuil de son secteur de jeu. Steve Mandanda son capitaine ne le cache pas. "Il essaie de faire de son mieux, il essaie de corriger. On l'a vu notamment face à Caen, où il a fait un bon match, où il a été plus collectif. Il le sait, on en parle avec lui". La semaine dernière, lors du match de coupe de la Ligue à Toulouse, son entraîneur lui a touché deux mots sur le sujet : "Depuis il me fait un peu la tête. Avec le temps, il va comprendre ce que je lui ai dit. Il sait qu'on lui demande beaucoup, mais c'est normal". Depuis, surtout, Michy Batshuayi a fait quelque peu évoluer son jeu.
Sa direction claironnait un changement dès la trêve. Il a fallu attendre le match de championnat à Caen. Et si cela ne fait que deux rencontres, l'idée de jeu est plutôt claire : Michel ne s'est pas contenté de repasser au 4-2-3-1 : il souhaite que sa ligne de milieux offensifs soit le plus proche possible du Belge. Pour qu'il puisse s'adonner à un jeu de remise dans les petits périmètres. Barrada était par exemple bien plus proche de lui que de ses milieux défensifs, contrairement à ce qui pouvait se faire en début de saison quand il évoluait dans l'axe. Les séquences se sont répétées en Normandie, mais aussi au Vélodrome contre Montpellier en coupe de France, avec Sarr, Nkoudou, Isla et un Dja Djédjé très offensif dans son couloir. Un travail qui peut élargir la palette de l'attaquant de l'OM mais dans lequel il peut également se révéler diablement efficace, lui qui a grandi en prenant l'habitude de jouer au foot en contrôlant de la semelle. A terme, cela peut aussi avoir une autre vertu pour l'équipe phocéenne : réduire son influence sur le jeu offensif, et ainsi en être moins dépendant. Pour marquer des buts, le club peut compter avec une pointe qui remise sur des ailiers dont le rôle devient plus incisif. Ce qui coïncide avec les bonnes formes de GK Nkoudou et Bouna Sarr. Du coup, s'il y a besoin de le faire souffler, Michel peut tenter un coup, comme par exemple Courbis qui avait placé au Vélodrome avec Montpellier Boudebouz dans l'axe pour mettre son attaquant Ninga dans un couloir. Sinon, pour le poste pour poste, il y a Rabillard, qui peut avec son jeu de tête jouer au pivot. Il ne s'agit donc pas de remplacer du jour au lendemain un des meilleurs attaquants du championnat, on n'est donc pas dans la boutade.