Antoine Rabillard a terminé sa première titularisation par une sortie juste avant l'heure de jeu. Quelques minutes plus tard, il avait droit au bizutage du championnat de France, l'interview depuis le banc de touche avec Laurent Paganelli. Le jeune élément fait alors preuve d'une incroyable lucidité pour son âge. Alors que la plupart de ses coéquipiers en U19 auraient profité de cette médiatisation soudaine pour essayer de se vendre du mieux possible, il n'a lui pas eu peur de dire qu'il a raté son match, qu'il n'a pas réussi à peser, malgré une envie débordante. Peut-être parce qu'il se doute que l'occasion de démarrer une deuxième rencontre ne se représentera peut-être pas cette année. Dès la prochaine journée, Steven Fletcher sera qualifié. Et avec les retours de Thauvin et Alessandrini, qui ont transformé la formation olympienne dès leur entrée, les places vont de nouveau devenir chères devant.
Pour une surprise, Steven Fletcher a quand même le mérite d'être une sacrée surprise. Dans la lignée d'Alan Shearer ou du mythique John Hartson, il semblait voué à faire carrière uniquement en Grande-Bretagne. Il sera donc à coup sûr la nouvelle attraction de la Ligue 1 avec son jeu plein de générosité, qui fera peut-être autant de bien à l'OM que Brandao à son arrivée, il y a sept ans de cela. Pourquoi pas dès le prochain match, contre Paris ? Il semble en tout cas taillé pour répondre à l'attente des supporters marseillais, qui rêvent de voir leur équipe bousculer et faire douter l'incontestable leader du championnat, à défaut d'exiger un succès.
Une titularisation de Fletcher pourrait également offrir à Michy Batshuayi un nouveau poste, juste derrière la pointe. C'est dans cette position que le Belge avait crevé l'écran, en décembre 2014, pour sa première titularisation en Ligue 1 contre Lille (2-1). En difficulté lors des dernières rencontres, esseulé devant même s'il se révèle être un bon pivot sur le jeu au sol, Michy et sa technique pourrait se régaler avec les ballons grattés à proximité dans les airs par son compagnon d'attaque écossais.
Il ne sera pas le seul en tout cas à pouvoir profiter du jeu d'un pivot athlétique. Georges-Kévin Nkoudou est lui aussi prêt à se muer en ailier décisif. A Montpellier, le joueur a de nouveau marqué, sur la seule occasion du match de son équipe, mettant dans une position encore plus inconfortable ceux qui le qualifiaient de maladroit devant le but lorsqu'il évoluait à Nantes. S'il peut parfois agacer à vouloir chercher la solution individuelle, son activité, sa vitesse et ses statistiques le laissent dans un statut d'intouchable.
De retour après sa blessure au pied, Romain Alessandrini n'était supposé jouer qu'un quart d'heure. Il a finalement fait le double, mais ne va évidemment pas avoir l'idée de s'en plaindre. Car avec sa rentrée, le Marseillais a fait oublier tous ses mauvais côtés. Le Alessandrini qui est volontaire et qui va de l'avant a toute sa place dans cette formation. Positionné à gauche, puis à droite, il a donné un coup de fouet au secteur offensif, avec une grinta contagieuse. En fin de match, alors que l'équipe était en infériorité numérique, il a également prouvé qu'il n'était pas impossible d'optimiser les ballons à disposition de son équipe. Ce qui n'est pas du luxe alors que le PSG et son énorme possession vont se présenter au Vélodrome.
Mais l'ancien joueur de Rennes n'a peut-être pas encore de quoi démarrer une rencontre. Ce qui pourrait faire les affaires de Rémy Cabella, qui resterait ainsi dans le onze. Pourtant, le meneur de jeu ne le mérite pas vraiment. Meilleur phocéen au mois de décembre, il n'y est décidement pas en 2016. Lors de la victoire référence du club, à Caen, il était blessé et avait laissé les clefs du jeu à Barrada. A Montpellier comme contre Lille, Cabella a surtout mis en évidence ses défauts : il est tellement faible défensivement que l'on a parfois l'impression que l'équipe évolue à dix. Et comme dans le même temps, son apport offensif ne se résume qu'à une poignée de rushs où il remonte la balle en régalant de quelques passements de jambes, la question de son maintien dans l'équipe se pose.
C'est également une question pour Bouna Sarr. L'ancien Messin pourra toujours crier à l'injustice, se dire qu'on lui passe bien moins de choses qu'à ses coéquipiers. Mais lorsqu'il est titulaire, il n'y a pas assez de vie dans son couloir droit. Peut-être parce qu'il est pour l'instant plus fait pour apporter en cours de partie.
Et au moment de se tourner vers son banc pour faire un changement offensif, Michel regardera plus Sarr que Florian Thauvin. Ce qui semble assez logique puisqu'avec son expulsion à Montpellier, le revenant est suspendu, au moins pour le prochain match. C'est dommage car il semblait dans de bonnes dispositions sur ses 10 minutes de jeu. Même s'il a profité de toutes les tribunes qui lui ont été offertes pour s'excuser de son geste, il retarde avec cet évènement sa réintégration dans l'équipe.
Quand la chance se présentera, il aura intérêt de la saisir. C'est aussi ce que doit se dire l'autre suspendu, Abdelaziz Barrada. L'international marocain, qui a pour lui le fait d'être plus dans la passe que dans la portée du ballon, va toutefois payer son expulsion stupide contre Lille, sa deuxième de la saison dans des circonstances similaires après Ajaccio. Pas vraiment de quoi se mettre le coach dans la poche.
Enfin, avec tous ces joueurs, Lucas Ocampos, actuellement blessé, peut être rassuré : rien ne sert de se presser pour revenir trop vite.