"Ce n'est pas de la compétitivité de l'Olympique de Marseille dont il est question, mais de sa survie". Ce n'était pas la plus marquante des phrases de Vincent Labrune, vendredi soir après le match contre Rennes lors de son intervention télévisée, mais elle était cependant en bonne place dans la séquence émotion. Alors que les supporters au stade ont appelé à sa démission pendant 90 minutes, que dans le week-end les réseaux sociaux s'en sont donné à coeur joie sur son bilan avec le hashtag clair "Labrune a menti", que sa gestion est vivement critiquée dans les médias par tous ceux vers qui un micro se tend, le président jure qu'il est touché par la situation.
Il ne le dit pas officiellement, mais sa garde rapprochée fait le travail. Ce mardi, simultanément dans La Provence et L'Équipe, des articles expliquent l'état d'esprit actuel du président de l'OM. "Il ne pourra pas repartir dans ces conditions la saison prochaine" souffle un proche dans le quotidien national, là où le journal régional indique que VL se dit en privé éreinté et fatigué des insultes dont il fait l'objet, et envisage sérieusement la fin de l'aventure si les conditions du club n'évoluent pas. Une posture qui rentre dans le moule des griefs des supporters marseillais, qui ont fait part ces derniers jours de leur ras-le-bol. Et qui a donc le mérite de les inciter à regarder au-dessus pour trouver une personne en contradiction avec leur vision de l'OM et des ambitions que le club se doit d'avoir : Margarita Louis-Dreyfus.
Ce qui tombe plutôt bien, puisque les deux articles font mention de la même anecdote. Un mail envoyé par Vincent Labrune dans la nuit de vendredi à samedi pour alerter la propriétaire russe de la situation d'urgence du club : la soirée cauchemardesque avec le mécontentement des supporters, la situation critique du club si rien ne bouge en ce qui concerne les moyens. Mais pas de réponse. Visiblement, si ça ne tenait qu'à lui, il aurait accédé à la première requête des supporters, à savoir le débarquement de Michel. Mais l'aval tant attendu n'est jamais arrivé. Ce qui coincerait donc, c'est le manque de réponse de l'actionnaire et de son nouveau bras droit, le fameux Igor Levin, dont il est habilement rappelé qu'il était à l'origine du départ de Marcelo Bielsa, lors de la fameuse réunion du mois d'août.
"Labrune, je ne vais pas l'accabler de tous les torts. Mais ce que je ne comprends plus dans sa logique, c'est pourquoi il continue comme ça. En s'érigeant comme le dernier rempart, il est cerné de tous les côtés, il va imploser, pointe Mathieu Grégoire, envoyé spécial permanent à Marseille pour L'Équipe dans le Talk Show. Labrune a toujours une réponse à la question qui va se poser. Mais au final, il change très souvent de réponse. C'est ce qui fait sa force, mais aussi sa faiblesse, parce qu'il n'a pas réussi à avoir un projet sur le long terme à l'OM. Et plus le temps passe, plus c'est criant".