Retour sur une légende olympienne, Tony Cascarino.
Marc Libbra était l'invité du Talk Show du Phocéen, que vous pouvez retrouver en vidéo. L'attaquant formé au club au début des années 90 est dans cette période de confinement sollicité sur les réseaux sociaux sur les jeunes années qu'il a passées avec le maillot blanc. C'est qu'il a tout de même marqué à 41 reprises en compétitions officielles, ce qui le fait rentrer dans le cercle des 30 buteurs les plus prolifiques à l'OM. Pour situer, Djibril Cissé, Philippe Vercruysse ou Klaus Allofs n'en font pas partie. Libbra, c'est surtout les fameuses années en D2, de 1994 à 1996, deux saisons où l'OM a survolé l'antichambre de l'élite. "La demi-finale de coupe de France face à Auxerre (en 1996), le match contre Sion (1/16e de finale de coupe UEFA retour en 1994), le match de la remontée contre Sochaux, ce sont des matchs qui sont restés. La première année ça a été quand même assez difficile à vivre parce qu'on était champions et on nous apprend à trois journées de la fin qu'on ne va pas pouvoir monter car il faut encore payer pour OM-VA. On est reparti sur une autre année et on est monté. C'est touchant de voir que les gens n'ont pas oublié cette période" commente l'attaquant.
Ce n'était pas évident au tout début...
Durant cette période, un attaquant a encore plus marqué les esprits. Un certain Tony Cascarino, rapidement surnommé par les supporters de l'OM le "Géant Vert". Pas pour le maïs mais tout simplement car il était irlandais et qu'il était très grand. En deux saisons, il marquera 70 buts avec l'OM, dont 36 la première saison. Dès le début, il trouve le moyen de mettre tout le monde d'accord avec 21 buts marqués sur les 20 premières journées de championnat. Un phénomène qui donnait à cette équipe un sacré sentiment de puissance. Pourtant, à écouter Libbra, au départ, ce n'était pas gagné : "Quand il arrive à l'OM, c'est le dernier coup de Tapie. Comme chaque pré-saison, on avait l'habitude de faire un match de préparation contre Lyon à Aubagne. Et on nous dit qu'il doit arriver. On est très surpris une fois sur place car on voit un mec rentrer dans le vestiaire avec des tongs, un short, très blanc et vraiment très fort de corpulence. On ne le reconnaît pas, ce n'est pas ce qu'on avait vu à la télé. Ce qui est drôle, c'est qu'il était venu pour se présenter mais il nous dit qu'il va jouer 5 ou 10 minutes. On se regarde avec Marcel Dib, Casoni, on se dit que ce n'est pas possible de voir cet homme-là jouer au football. Il a levé le dentier, il s'est habillé, il est parti s'échauffer. Il est effectivement rentré à la fin, et sur deux corners, il est monté à la tête, il était au-dessus de tout le monde. Là on s'est regardé et on s'est dit que s'il perdait du poids ça allait être impressionnant".
La légende des deux chaussures gauches
Recruté à Chelsea, qui n'est alors qu'une équipe de milieu de tableau en Angleterre, Cascarino et son mètre quatre-vingt-dix débarque quelques semaines avant de souffler ses 32 bougies. S'il arrive avec une étiquette de mondialiste, il n'a disputé que le dernier quart d'heure du huitième de finale de la World Cup 94 contre la Hollande, alors que Bergkamp avait déjà plié la rencontre... Mais à l'OM, Cascarino va s'offrir une deuxième jeunesse. Forcément très à l'aise dans le domaine aérien, il marque aussi de toutes les parties du corps dans la surface. Il peut compter sur un Libbra pas avare d'efforts à ses côtés pour épuiser les défenses adverses. Ajoutez à ça une personnalité de bon vivant britannique, avec l'ambiance troisième mi-temps alors que l'OM doit aller jouer Perpignan, Alès ou Charleville et vous obtenez une légende. Dont il se dit même qu'il a joué un jour avec deux chaussures gauches en déplacement, car il avait oublié la droite à Marseille. "Avec lui il s'est passé beaucoup de choses. On ne pourra pas tout dire mais bon... A l'époque on se déplaçait avec deux paires, une moulée et une en fer, il n'y avait pas de sponsor chaussures. J'avais les miennes et il m'en avait demandé une donc il avait joué avec un 45 et un 46. Il a fini le match il avait le pied tout bleu mais ce n'était pas un souci pour lui" corrige Libbra.
Dans le top20 de l'histoire des buteurs de l'OM
Avec une deuxième saison où il franchit encore la barre des 30 buts en championnat, on se dit que, en 1996, quand l'OM va enfin être autorisé à retrouver l'élite, le Géant Vert va faire des dégâts, d'autant plus que l'OM a recruté le Bulgare Letchkov pour lui donner des ballons. Mais Cascarino aura du mal en Division 1. Il sort assez rapidement des plans de Gérard Gili, qui préfère désormais associer Xavier Gravelaine à Marc Libbra. Cascarino sera vendu à Nancy, autre promu, en tant que joker, avant même le mercato d'hiver. Il marquera au match retour au Vélodrome, et aura droit à des applaudissements en fin de match (vu que Marseille s'imposera 4-1). A Marcel-Picot, il marquera à trois reprises contre l'OM, notamment un doublé en 1999 pour le premier match de son ex-coéquipier, Bernard Casoni, sur le banc phocéen. Reconverti consultant dans les années 2000 en Angleterre, il devient très influent grâce à sa chronique dans le Times. Il sortira aussi une autobiographie où il révèlera que sa mère lui avait menti, et qu'il n'avait en fait pas de sang irlandais. Cocasse après avoir porté 90 fois le maillot de l'équipe nationale. Du Tony dans le texte...