Difficile de parler des performances de Doria sans être pollué par les a priori et surtout par le terrible bilan sportif du jeune Brésilien (21 ans) sur les deux dernières saisons. En effet, arrivé à l'OM dans les dernières minutes du mercato 2014, celui qui se voyait déjà aux jeux olympiques dans son pays présente une feuille de stats terrifiante : neuf apparitions avec Sao Paulo lors de l'exercice 2014-2015, et sept lors de son deuxième prêt la saison suivante à Grenade. Le tout pour un grand espoir que "l'Europe entière s'arrachait", acheté entre 8 et 10 millions d'euros à Botafogo selon les versions.
Un statut, doublé de celui d'international auriverde (face à la Bolivie en 2013), qui ne fera jamais fléchir ni Marcelo Bielsa ni Michel, qui ne lui ont jamais offert la moindre minute de jeu sous le maillot ciel et blanc en match officiel. Délit de sale gueule ou de pieds carrés ? Difficile à dire, encore une fois, car même les observateurs les plus neutres ne parviennent pas à accorder leurs violons. La preuve avec sa prestation face à Toulouse : pour L'Equipe, Doria a été le meilleur Olympien sur le terrain avec Pelé, récoltant un 6, alors que pour La Provence, il fut l'un des pires, avec une note moyenne de 3,6. Enfin, pour le Phocéen, il nage entre deux eaux (5).
Nous voilà bien avancés, à l'heure de tirer un premier bilan des débuts de celui qui restera à coup sûr le plus grand symbole des atermoiements du recrutement olympien de l'ère Labrune. Penchons-nous donc plutôt sur les impressions laissées par Doria en Espagne la saison dernière avec Grenade, où ses sept apparitions permettent d'en savoir un peu plus. Mais, là encore, le bilan est plus que mitigé, comme l'explique au Phocéen un recruteur de Liga : "Il n'a pas été bon du tout. Il multipliait les erreurs de relance et les placements douteux. À tel point qu'avec mes collègues, on s'est demandé ce qu'ils avaient pu lui trouver au Brésil et en France. Pour moi, il n'a pas le niveau d'un club comme l'OM, mais on peut se tromper car il est jeune. Pourtant, dans un club comme Grenade, qui a galéré en défense toute la saison avec des joueurs très moyens, il n'a pas été capable de tirer son épingle du jeu, et ça, c'est assez significatif. Vu les noms, il y avait pourtant largement les moyens de jouer. C'est dommage, car vu la pénurie de défenseurs centraux en Espagne, il était observé, mais il n'a convaincu personne".
Observé, Doria l'a été dimanche soir, et malgré les écarts de jugement le concernant, on ne peut pas dire que sa performance ait été concluante. Son engagement et son joli sauvetage en deuxième mi-temps sur Braithwaite n'ont pas masqué ses dégagements à l'emporte-pièce et certaines relances façon parpaing. On attendra donc pour décider s'il s'agit d'un style caractéristique ou de véritables carences. Pour le moment, Franck Passi lui fait confiance et il est certainement le mieux placé pour juger. La défense marseillaise est aussi totalement remaniée, un autre argument en faveur d'une certaine patience. De quoi lui accorder quelques jokers, mais avec un tel passif, il ne seront pas très nombreux...