En arrivant à l'OM en octobre 2016, Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud se devaient de frapper un grand coup pour marquer la nouvelle ère qui s'ouvrait. L'OM renaissait de ses cendres après le séisme des derniers mois du tandem MLD / Labrune, et l'arrivée d'un grand joueur s'imposait. À la recherche de symboles incontestables, le nouveau duo cochait le nom de Dimitri Payet. Auteur d'un premier passage en partie réussi, principalement sous la houlette de Marcelo Bielsa, le Réunionnais s'était offert une renommée mondiale à coup d'exploits sous le maillot de West Ham devenus viraux sur Youtube. Mieux, ses coups de patte de génie avaient même fini par convaincre l'intransigeant sélectionneur Didier Deschamps, pas forcément fan au départ, mais conquis par sa capacité à débloquer des situations dans les 30 derniers mètres.
Conquis eux aussi, McCourt et Eyraud ne regardent pas à la dépense pour faire revenir celui qui avait soulevé le Vélodrome l'été précédent lors de l'Euro. Payet arrive sur ses 30 ans ? Peu importe. Aucun grand club n'est sur le coup ? tant pis pour eux. 30 M€ de transfert et un salaire de galactiques sur 4 ans et demi de contrat ? Pas grave. Le jeu en vaut la chandelle et, effectivement, le "play maker" de l'OM ne décevra pas, avec notamment quelques prestations de haute volée la saison dernière sous la houlette d'un coach qui le connait par coeur et en fait son capitaine. Finalement, même les plus sceptiques sur cette coûteuse opération admettront que l'idée était plutôt bonne. Sauf qu'en grattant un peu le verni de cette joyeuse campagne de Ligue Europa, on s'aperçoit que l'OM n'est toujours pas en Champions League, que l'équipe n'est pas renforcée, que les résultats s'écroulent à une vitesse vertigineuse, et que Dimitri Payet (31 ans) n'est plus que l'ombre de la statue tant désirée par ses acquéreurs.
Alors évidemment, il n'est pas question ici de mettre sur le dos du Réunionnais la chute du club phocéen. Ce serait injuste et trop facile, d'autant que tout le monde ne peut pas se targuer d'avoir ses stats (6 buts, 6 passes décisives). En revanche, il va falloir se poser les bonnes questions, et notamment celle de sa capacité à sortir l'équipe du seau où elle est plongée depuis des mois. Son incroyable double raté face à Strasbourg mercredi soir l'impose. Même fatigué, même diminué par le doute, un technicien de sa trempe ne peut pas foirer deux penalties dans le même match. Un à la limite, mais pas deux. Avec des notes de 1,5 pour Le Phocéen et 1,7 pour La Provence, Dimitri Payet a une nouvelle fois traversé ce match comme un fantôme, et pas que sur les coups de pied arrêtés. Il reste un symbole, comme le voulaient McCourt et Eyraud, mais le symbole d'un OM en perdition, défait 6 fois lors des 10 derniers matches (avec 2 nuls). Du coup, et ce n'est pas la première fois que l'on pose cette question, Garcia doit-il continuer à lui confier le brassard de capitaine ? On en doute. Doit-il, au contraire, le faire souffler et confier les clés du jeu à un élément plus frais comme Lopez, ou un autre ? Pourquoi pas.
Soyons honnêtes : on ne sait pas comment ressusciter Dimitri Payet, ni l'OM d'ailleurs. Mais la statue s'effrite dangereusement, au risque de s'écrouler définitivement, et Rudi Garcia doit trouver une solution, parmi tant d'autres. Bon courage...