La question revient en boucle, inexorablement. Qu'arrive-t-il à cette équipe olympienne ? Pourquoi l'ogre de la L1, qui était encensé par tous les spécialistes, n'arrive plus à dominer les matchs de la tête et des épaules ?
Le problème est stratégique. Du moins, il résulte de l'acharnement "d'El Loco" à n'appliquer que ses recettes sans essayer de s'adapter à son effectif. Bielsa est arrivé avec des principes de jeu, comme toujours pour ceux qui le suivent. Pour lui, ne mérite de gagner que l'équipe qui attaque, qui produit du jeu, qui se crée des occasions et qui au bout du compte marque, in fine, un but de plus que l'adversaire. Quel est le supporter qui n'est pas ravi d'entendre un tel discours ? Forcément. Tout le monde préfère venir se régaler du côté du boulevard Michelet devant un spectacle enthousiasmant, plutôt que d'attendre la fin de la rencontre pour rentrer se mettre bien au chaud en se demandant pourquoi il est venu perdre son temps dans le froid du Vélodrome.
Le technicien argentin a donc mis en place sa philosophie, et à force de vidéos, de répétitions à l'entrainement, d'explications, il est parvenu à avoir des résultats impressionnants sur la première moitié de saison, positionnant ainsi le club marseillais sur le toit de la L1, au nez et à la barbe des stars parisiennes ! En effet, comme par magie, avec le même effectif que celui de Baup, l'OM s'est transformé en rouleau compresseur capable d'exploser littéralement toutes les équipes se présentant sur son chemin, surtout à domicile. Avant de connaître des lendemains qui déchantent. Car les joueurs ne sont pas des machines. Ils ne peuvent pas presser l'adversaire 90 minutes durant 38 matchs. 38 journées, plus précisément, puisque les Marseillais ont eu la bonne idée de se faire éliminer au premier tour de chacune des coupes nationale. Ils ne peuvent pas y arriver. Ni mentalement, ni physiquement. D'autant que prenant leur pied sur le rectangle vert pendant les 19 premières rencontres, avec ce principe de jeu basé sur un pressing de chaque instant, les Olympiens se sont donnés à fond sans gérer leurs efforts. Les supporters ou autres spectateurs se sont régalés, applaudissant des deux mains. Mais on commence maintenant à comprendre qu'il n'y a plus de jus dans le réservoir.
Mettez un garçon comme Gignac devant les cages après un bon échauffement. Il va cadrer la plupart de ses frappes. Faites lui faire un marathon et renouvelez l'expérience. Évidemment, ce sera beaucoup plus compliqué sur le plan de l'efficacité. Il en va de même pour chaque joueur. Oui, mais alors que faut-il faire ? Le maître mot est de S'ADAPTER ! Évidemment, lorsqu'on s'appelle Guardiola, que l'on disposait de l'effectif du Barça avec les Messi ou autre Iniesta pour ne citer qu’eux, on pouvait employer la même stratégie tout au long de l'année, puisque la majorité des joueurs sont au-dessus du lot techniquement et physiquement. Ils répètent en plus leurs gammes depuis des années, depuis les catégories de jeunes... Quand ce n'est pas le cas, il faut savoir faire différemment. N'a pas le budget des tops 10 européen qui veut, et certainement pas l'OM.
S'adapter aujourd'hui, c'est permettre aux Olympiens de ne plus faire autant d'efforts. C'est leur expliquer, puisque manifestement ils n'y arrivent plus, que pendant un certain nombre de matchs, on va peut-être aspirer les équipes adverses en jouant plus bas au Vélodrome, puisqu'elles sont regroupées derrières et pratiquent le contre, comme à l'extérieur. Le pire c'est que les Thauvin, les Gignac ou autre Dja Djédjé et Mendy seraient redoutables dans l'exercice. Cette stratégie demande beaucoup moins d'efforts, vous l'aurez compris, mais n'en est pas moins efficace. Demandez à Ancelotti si son Real Madrid n'a pas régalé son public devant le grand Bayern de Guardiola et sa fameuse possession de balle, son envie de proposer du jeu. Dominer n'est pas gagner ! C'est une volonté plus que louable, mais encore une fois, l'effectif olympien n'est pas en mesure de l'appliquer sur toute la saison. Faute de talent, mais surtout de quantité. L'effectif est trop limité, c'est un fait !
Alors, pour ne pas finir sur une cruelle et terrible désillusion, il va falloir que l'entraîneur phocéen s'adapte, du moins un temps. Ce n'est pas gagné. C'est même presque mission impossible. Le Marcelo préfèrera mourir avec ses idées plutôt que de revoir sa position. Pourtant, seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Il n'a pas l'effectif suffisant, qualitativement et physiquement pour arriver au bout du championnat en jouant de la sorte. Merci Vincent. Alors à lui de ne pas se braquer. Saint-Étienne va vouloir presser l'OM et enflammer le Chaudron. Bielsa jouera-t-il le contre ? Va-t-il permettre aux joueurs de gérer leurs efforts, puisqu'il n'y a plus trop d'essence dans le réservoir de beaucoup d'entre eux - et pas suffisamment de remplaçants pour un turnover efficace - ou va-t-il aller dans le mur ? Espérons qu'il ne gâchera pas ce formidable début de saison en sachant s'adapter à son effectif et non l'inverse. Du moins pour quelques matchs, afin d'être aussi moins prévisible. L'avenir nous dira si Marcelo est un génie ou un Loco...
> En vidéo, Bielsa explique qu'il n'a pas forcément de solution idoine pour pallier les problèmes offensifs.