L'homme à la boîte en plastique bleu fait souffler un vent d'air frais à Marseille, et donne des sueurs froides à ses adversaires. Edito.
Milieu de semaine, Stade Auguste Delaune de Reims. Une ambiance étrange pour un match contre le leader du championnat. Le jour et l'horaire, bâtards pour une affiche, un désamour partiel pour cette équipe rouge et blanche et son entraîneur, des places trop chères ; ces éléments peuvent expliquer que cette jolie enceinte ne soit pas pleine à craquer. Dommage, le programme méritait mieux qu'une soirée mousseux sur les terres calcaires de la Veuve Cliquot. Heureusement, les Bielsa's Boys avaient prévu une caisse dans la glacière au cas où, et même si Gignac fit tomber une bouteille, par maladresse, en début de match, il restait tout de même cinq magnums à faire péter. Et ils ne s'en sont pas privés les bougres, jusqu'à la dernière goutte !
Pourtant, avant le coup d'envoi, cela rappelait bizarrement le match à Valenciennes il y a deux saisons, joué un dimanche à 14 heures, où l'OM en avait pris quatre ou cinq. Qu'importe après tout, cette époque semble désormais loin, révolue. Aujourd'hui, en cette ère Bielsaire, c'est l'OM qui en met cinq. Et à l'extérieur, s'il vous plaît. D'ailleurs, peut-on aujourd'hui parler d'extérieur ou de domicile ? Non, cette équipe de morts de faim avale tout, où qu'elle soit, avec le même appétit. Des Pacmans en short, avec plusieurs vies en réserve. On peut parler de démonstration de force, de bombardement en règle. Les Ciel et Blanc, qui jouaient en gris, ont torturé du Rémois hier soir, en ont fait du petit bois. Même les fantômes des Fontaine, Kopa et consorts ont dû courir aux abris.
Sur place, les supporters marseillais se demandent depuis quand l'OM n'avait plus joué de la sorte. Depuis Gerets au niveau du spectacle ? Depuis Deschamps concernant la maîtrise tactique et technique ? Et tout ça sous la baguette d'un papi posé sur sa glacière, semblant attendre son tour pour pointer. Il ne manque plus que le mobile-home en arrière plan et le "Rhythm of the night" en fond sonore, depuis la piscine. On s'éclate au camping de Marcelo. Pas de mauvaise surprise, service impeccable, les employés sont aux petits soins, bien meilleurs qu'on ne le pensait sous l'ancienne gérance. Le Club Med, c'est tellement surfait finalement.
L'euphorie gagne Marseille, telle l'entrée maritime qui avale le Vieux Port, puis la Canebière et vient taper sur les Réformés. Savourons. Savourez. Eux, ils savourent cet air frais sorti d'une banale boîte bleue en PVC isotherme. La dernière période glaciaire a rayé les mammouths de la carte. Qui seront les mammouths victimes de l'ère glacière ? On vous laisse deviner.