Il avait crevé l'écran lors du match à l'Olympiakos (0-1) début septembre. Depuis, Nicolas N'Koulou a confirmé, à coups de matchs références supplémentaires, comme à Arsenal (0-0), toujours en Ligue des Champions. Un signe pour celui qui devrait connaître un avenir étoilé s'il continue de briller ainsi dans la cour des grands.
Elu Phocéen des mois d'octobre et de novembre, N'Koulou est le leader de notre classement général selon les notes attribuées par la rédaction et les internautes (13,3 de note moyenne, devant son dauphin Valbuena avec 12,5). Pas de doute, le Camerounais est à l'heure actuelle le meilleur Olympien de la saison, et cela fait l'unanimité. "C'est un monstre, se réjouit Christian Cataldo, président des Dodger's. Quand il joue, il est calme, serein. On le sent posé, bien en place, il maîtrise bien son sujet, ses interventions et sa relance. Il va falloir essayer de le garder le plus longtemps possible."
N'Koulou ne fait pas seulement l'unanimité auprès des observateurs et des supporters marseillais, il est également très apprécié de ses coéquipiers qui ont découvert cet été un garçon agréable, humble et travailleur. Mathieu Valbuena avait même surpris son monde en désignant N'Koulou comme le joueur qui l'avait plus marqué (sur le plan technique) depuis que "Petit Vélo" est l'OM. Il faut dire que l'enfant de Douala au Cameroun a toujours été très l'aise avec un ballon, malgré son poste de défenseur.
Pas étonnant quand on sait que son modèle n'est autre que Laurent Blanc, dont les posters ornaient sa chambre, petit. Le parallèle nous ravit, car à l'OM, nous n'avions plus vu un défenseur aussi impressionnant et élégant dans le jeu depuis le "Président", Olympien entre 1997 et 1999. Didier Deschamps aime bien, lui, comparer N'Koulou à Carlos Mozer, autre illustre défenseur de l'OM, mais surtout pour chambrer son joueur, car comme le Camerounais, le Brésilien faisait souvent une petite boulette par match.
Des erreurs, N'Koulou en a commis en début de saison, notamment ce mauvais geste sur le Stéphanois Sinama-Pongolle qui lui valut trois matchs de suspension, alors qu'il venait à peine d'en purger deux pour des faits similaires en fin de saison dernière à Monaco. Il s'en souvient : "J’ai touché le fond. Faire une connerie pareille… J’avais l’opportunité de m’exprimer, montrer ce que je valais. Je la gâche. Je suis replié sur moi-même. Ce n’est pas que j’aie douté. J’ai réfléchi. Tout est parti de cette prise de conscience" assure N'Koulou, dans L'Équipe. Un mal pour un bien, en somme. Comme s'il avait réussi sa mue à l'OM, après avoir connu quelques réticences à Monaco.
Débarqué à l'âge à 17 ans du Cameroun, le jeune Nicolas a vite joué avec les pros, sans pour autant bénéficier d'une confiance totale de la part de ses entraîneurs, notamment de Guy Lacombe. Laurent Banide, lui, l'a utilisé au milieu de terrain, un choix par défaut : "Il s’est dévoué pour le club sans rien dire, alors qu’il était supérieur aux autres en défense centrale" commente aujourd'hui l'ancien coach de l'ASM, dans La Provence. À l'OM, il s'est fixé en défense centrale, son poste de prédilection.
Équipier modèle, celui qui est surnommé "Koulaye" dans le vestiaire marseillais s'est imposé sur le terrain comme le patron de la défense marseillaise, alors qu'on attendait plutôt Souleymane Diawara ou Stéphane Mbia, ses deux "grands frères". Par ses prestations, il a gagné le respect de ses coéquipiers, rassurés à l'idée d'avoir un tel élément en défense, capable de compenser les erreurs de ses partenaires. Pourtant, N'Koulou se considère toujours comme "le petit qui vient d'arriver" et rappelle que son palmarès est vierge de titres, d'où sa motivation actuelle alors que l'OM est encore engagé dans quatre compétitions. Il joue aussi pour sa mère, dont le décès il y a quelques années l'a profondément touché. Les tatouages qu'il arbore sur son corps sont en sa mémoire.
Parfois, on oublie que le bonhomme n'a que 21 ans. Il est donc encore largement perfectible. Cette jeunesse, on la retrouve aussi dans son côté "trop facile", avec parfois des gestes osés pour un défenseur. Plus jeune, ses éducateurs ont fini par lui interdire de faire trop de sombreros par match. Le problème, c'est qu'il réussit souvent ses petits défis risqués. On pense ainsi au superbe grand pont qu'il a tenté avec succès sur Bafétimbi Gomis, dimanche pendant OM-Lyon.
"C'est aussi ce qui fait sa force et ce qui fait qu'il pourra aller très très loin" assure Stéphane Mbia, certainement l'Olympien qui connaît le mieux N'Koulou, pour l'avoir côtoyé à la Kadji Sport Académie, au Cameroun. "Nico est adorable. Je le connais depuis que je suis tout petit. Je savais très bien qu'il allait faire une très bonne première partie de saison cette année. En plus, grâce à lui, je peux jouer au milieu de terrain" se marre Mbia.
N'Koulou peut-il s'inscrire dans la durée à l'OM ? "On ne le gardera pas longtemps, c'est ça le problème, regrette Dany Kebaili, président des South Winners. Il va rester un an ou deux encore, mais après la logique économique du club l'emportera. Le fait qu'il flambe, c'est un bien pour nous, mais c'est aussi un mal, car il est en vu et il risque d'être très vite sur le marché des transferts. Tout le monde va venir taper à la porte de l'OM pour le récupérer." Sous contrat jusqu'en 2014 avec l'OM, N'Koulou assure qu'il sera encore là la saison prochaine. "Je ne souhaite pas quitter l'OM cet été, je me vois faire plusieurs années à l’OM, je suis là pour m’inscrire dans la durée" clame-t-il dans L'Équipe, en affirmant vouloir rejoindre un très grand club européen plus tard. Le Lion Indomptable est un sage...
Rémi Chabert