Lors d'une consultation la semaine dernière, au lendemain de la défaite à Nantes (3-2) nous vous demandions si, pour vous, l'OM était déjà enfoncé dans la crise. Si le oui l'emportait d'une courte tête (54 %), vous étiez assez partagés entre le sentiment d'une saison déjà à oublier et l'espoir d'un redressement encore possible, sachant que des corrections seront effectuées au mercato de janvier. Pour ne rien vous cacher, nous avons nous aussi envie d'y croire encore. Déjà parce que nous ne sommes qu'au mois de décembre et que nous ne sommes pas désespérés au point de lâcher prise jusqu'à la saison prochaine, mais aussi parce qu'il serait dommage de tout faire exploser alors que l'OM a encore tout en main pour décrocher une place en Champions League au mois de mai.
Alors évidemment, il n'est pas question ici d'afficher un optimisme béat, ni de fermer les yeux sur des dysfonctionnements gros comme le nez au milieu de la figure. Comme dirait Jacques-Henri Eyraud, cette équipe coche à peu près toutes les cases de la liste des espoirs déçus. On peut dire pêle-mêle que l'esprit guerrier de la saison passée a disparu, qu'elle ne sait plus défendre, que Mandanda se troue de plus en plus, que Rami n'est jamais rentré de Russie, que Payet ne s'est pas remis de ne pas y aller, ou encore que Gustavo ne fait plus partie des meilleurs milieux en Europe. C'est déjà beaucoup, mais ce n'est pas tout. Il y a aussi et surtout la question du mercato. Ce mercato qui n'a pas vu venir d'avant-centre cet été, alors que ce poste était - de très loin - prioritaire. Cet acte manqué se révèle aujourd'hui être une véritable erreur, tant le manque à ce poste était flagrant et identifié depuis de longs mois. Globalement, le problème ne se limite pas à l'avant-centre, mais au recrutement en général. Là encore, il est facile d'inspecter les travaux finis, mais quand la liste des échecs est plus longue que celle des réussites, il est légitime de se poser des questions. Là-dessus, l'OM va devoir changer radicalement de mode de fonctionnement, et surtout confier le travail à des spécialistes. On peut enfin reprocher un gros manque de lucidité en terme de communication, avec ce "Champions Project" que l'on n'a pas fini de traîner comme un boulet.
Effectivement, vu comme ça, la liste des griefs est longue, et il est sain de s'en alerter et même de s'en plaindre. Mais il y a le reste, et c'est là-dessus que nous continuons de nous appuyer. Le reste, c'est évidemment cette position au classement qui continue de nous ouvrir grand les portes de la Champions League. Sans cracher sur Braga, Bilbao, Leipzig ou Salzbourg, ni sur l'Europa League, il n'y a qu'une seule compétition magique et c'est celle-là. Elle l'est d'autant plus que l'OM reste le seul club français à l'avoir dans sa vitrine. A-t-on vraiment envie de continuer de galérer les jeudis soir dans un Vélodrome désert ? Bien sûr que non. Alors, faisons le maximum pour y retourner, car nous sommes largement dans les temps. On peut aussi s'appuyer, qu'on le veuille ou non, sur un OM revigoré depuis deux ans, avec des coulisses pacifiées, des moyens (plus ou moins bien) déployés et une vraie volonté d'aller vers l'avant. En dépit de tout ce qui a été dit un peu plus haut sur le sujet, l'OM compte dans ses rangs un directeur sportif de renom avec Andoni Zubizarreta, une vraie cellule de recrutement dirigée par Albert Valentin, et un vrai projet de formation. Les fruits de cette nouvelle organisation ne sont peut-être pas encore assez visibles, mais on a quand même envie de voir ce qu'ils vont donner avant de tout démolir pour passer à autre chose. Enfin, il y a un entraîneur en place dont on disait il y a encore quelques mois qu'il était le meilleur coach français (après DD, évidemment). On ne prétend pas qu'il l'est encore aujourd'hui, mais faut-il pour autant s'en débarrasser alors que l'OM n'est qu'à 3 points du podium ? Nous ne le pensons pas. Et si oui, pour mettre qui ? Bonne question...
Alors, évidemment, la saison dernière était excitante, mais en y regardant de plus près, l'OM n'a gagné ni coupe d'Europe ni coupe nationale, et a terminé à la place du con en championnat. Aujourd'hui, en dépit de la morosité ambiante, les deux derniers objectifs cités sont encore largement atteignables. C'est pour tout cela que nous pensons que l'heure est plutôt à l'union sacrée qu'à la bronca, même si l'envie de mettre des baffes nous a effleurés plus d'une fois ces dernières semaines. Il n'est pas question ici de faire plaisir à Garcia ou à Eyraud, mais de NOUS faire plaisir en poussant l'équipe à réagir pour accrocher le bon wagon à la fin de la saison. Avec deux ou trois bonnes recrues cet hiver, en reprenant la bonne habitude de battre les équipes derrière nous comme on sait si bien le faire, l'équation ne nous parait pas si compliquée. Alors, autant en profiter et attendre le mois de mai pour faire le point. On ne devrait pas être très loin du compte...