Kaboré-Cheyrou, traitement de faveur

Ils font partie des plus anciens avec Mathieu Valbuena (bon, et Leyti N'Diaye, aussi), mais cela ne les empêche pas d'être ces derniers temps la cible privilégiée des critiques des supporters marseillais. Charles Kaboré et Benoît Cheyrou, le duo du milieu, payent pour les derniers mauvais résultats de l'OM. Même la victoire à Ajaccio ce dimanche n'a pas étouffé le feu des critiques, alors que la paire de récupérateurs a livré une belle prestation en Corse (en seconde période principalement, c'est vrai).

Tel un sursaut d'orgueil, Kaboré et Cheyrou ont répondu là où ils sont notamment critiqués : sur leur faculté à se projeter vers l'avant. Le Burkinabé a été impliqué sur les deux buts de l'OM, et l'ancien Auxerrois a été le seul à pilonner la cage adverse (à trois reprises, trouvant des fois les pognes d'Ochoa) en première mi-temps. Pourtant, ce n'est pas, à la base, ce qui est leur est demandé : "On est milieu défensif, on défend, c'est notre boulot, rappelait Cheyrou en milieu de semaine. C'est ce qui a fait notre force depuis le début de saison, que tout le monde défende bien, que ce soit les milieux, les défenseurs ou les attaquants."

Une version confirmée par Kaboré juste après le match à Ajaccio : "Avec Benoit, il y a des matchs où l'on a oublié nos bases défensives, reconnaissait-il. Le plus important, c'est de bien défendre, ne pas prendre de but. Après, c'est plus facile de marquer derrière." Si l'OM a enfin retrouvé le chemin des filets tout en gardant sa cage inviolée (ce qui n'était plus arrivé depuis 3 matchs), c'est en partie dû à cette charnière Kaboré-Cheyrou retrouvée.

Néanmoins, peut-on garder confiance en eux pour la suite de la saison ? Les matchs catastrophiques de Kaboré (à Troyes et Mönchengladbach par exemple) et de Cheyrou (à Valenciennes et à Troyes...) qui furent les déclencheurs du flot de critiques des supporters, ne doivent pas être mis de côté sur la bonne foi de leur expérience. On le sait, Cheyrou n'a jamais été un modèle de régularité depuis qu'il joue à l'OM et Kaboré a peut-être cette saison besoin tout simplement de souffler, lui qui est le joueur de champ le plus utilisé par Baup (1620 minutes jouées, 18 matchs disputés, soit l'intégralité des rencontres depuis le début de la saison).

L'entraîneur de l'OM dispose de quelques solutions pour faire tourner Cheyrou et Kaboré, avec bien entendu celle de Joey Barton, qui joue les matchs d'Europa League en attendant son retour en Ligue 1 prévu pour le match contre Lille (lire ici). Mais pour l'instant, difficile de se faire un avis tranché sur le niveau de l'Anglais, dont la prestation jeudi sera encore une fois scrutée. Sur le plateau du Talk Show du Phocéen (voir vidéo à partir de 8min27) le débat était d'ailleurs intense : "Barton prendra la place de Kaboré, projette notre invité Nicolas Sanchez de la #TeamOM. C'est un joueur assez technique, fin, qui correspond au projet de Baup, avec Cheyrou à ses côtés, ça peut le faire."

Or, pour l'instant, l'Anglais a toujours été associé à Kaboré sur les trois matchs disputés. "Sans Kaboré, on se prive d'un joueur capable d'être efficace dans le jeu aérien, et au milieu, pour récupérer les ballons, ça compte" note notre consultant Christophe Champy. Il faut dire qu'Élie Baup tient beaucoup à Kaboré pour ce registre-là : "Dans l'équilibre de notre milieu, on a une équipe portée vers l'avant, avec beaucoup d'actions construites vers l'avant, à la perte de balle, il faut rééquilibrer tout ça, avec un joueur d'équilibre dans l'équipe, et Kaboré amène cet équilibre entre les transitions quand on attaque, quand on perd le ballon, et inversement quand l'adversaire attaque pour récupérer et attaquer à notre tour." On se dit quand même qu'un Barton en forme peut assurer ce rôle à la place de Kaboré. Quant au jeune Rafidine Abdullah, qui a principalement évolué aux côtés de Cheyrou, il se remet doucement d'une blessure à la cheville et de cette rentrée en jeu contre le PSG où il a pu mesurer l'attente démesurée à son égard.

En attendant, il reste toujours la possibilité de changer de système, à l'image d'un 4-4-2 en losange où viendrait se positionner André Ayew côté gauche et Amalfitano côté droit, avec une sentinelle à la récupération à choisir entre Kaboré et Cheyrou (qui a évolué avec réussite seul au milieu au Parc), voire Barton, quand il pourra jouer. "Ce n'est pas la philosophie de Baup de trop toucher à son équipe type, intervient notre analyste Maxence Volpe, on parle aussi de gestion du groupe, car sortir Kaboré ou Cheyrou, ça serait un certain affront pour eux". Le méritent-ils ?

Les charnières utilisées par Baup au milieu   Kaboré-Cheyrou = 11 fois (7 V, 2 N, 2 D)   Abdullah-Cheyrou = 3 fois (1 V, 1 N, 1 D)   Kaboré-Barton = 3 fois (1 V, 1 N, 1 D)   Kaboré-Abdullah = 1 fois (1 N)