Passé pro cet été, le jeune portier marseillais sait qu'il n'aura peut-être pas l'opportunité de jouer cette saison. Mais il ne va rien lâcher.
Il est le seul jeune à avoir fait le déplacement en Autriche pour le premier match amical de l'OM. Mais Julien Fabri ne parade pas trop pour autant : il est aussi le seul olympien sur place à ne pas être rentré en jeu. Du côté de l'AS Mazargues, son ancien club par où est également passé Najib Ammari, autre élément qui a signé pro à l'OM en 2012, on adopte d'ailleurs une attitude propre à la situation actuelle : plutôt que de lui demander un maillot, on l'encourage à s'accrocher, à prouver qu'il n'est pas là par hasard. Les exemples des jeunes olympiens qui ont stagné après la signature de leur premier contrat pro a semble-t-il marqué les esprits. Mais il ne faut pas trop s'en faire pour le jeune Fabri, qui compte bien prolonger la dynamique ascendante de sa carrière.
Car le portier revient de loin, déjà. "Avec Élie Baup, il avait été écarté de l'entraînement pour avoir renoncé à certaines choses. C'est comme un attaquant qui ne marque pas de buts, à un moment, il a douté. Mais ça lui a fait du bien. Il est arrivé un stade où il s'est dit qu'il n'avait plus rien à perdre et il a bien progressé. Mentalement, il a beaucoup bossé" explique notre consultant Bernard Grégori, qui l'a vu arriver à l'OM alors qu'il n'avait que 13 ans. Résultat, c'est lui qui est allé cet été dans le bureau du président Labrune. Ces dernières années, le club avait pourtant fait venir Ibrahima Sy et Ali Yirango pour prendre sa place. Il y avait même des raisons, parfois, de se demander si la concurrence était vraiment saine tant le turnover ne correspondait pas au niveau de performance. Pour couronner le tout, la saison dernière, alors qu'il devait être le portier de la réserve, il a vu Brice Samba débarquer dans le vestiaire pour prendre les gants de titulaire à plusieurs reprises. Mais il n'a pas bronché, assurant à tout bout de champ qu'il n'avait rien à redire face à un élément qui avait déjà signé chez les professionnels. Au final, Sy et Yirango ne sont plus au club, lui a l'opportunité de passer l'année à s'entraîner avec l'équipe première. Et après ?
Comme c'est de coutume désormais à l'OM, il a signé un contrat d'un an, avec deux autres années en option. Un an, pour un gardien remplaçant, ça peut être vite vu, il suffit de compter le nombre de match disputé par Brice Samba par exemple sur l'année civile 2013. Avant l'arrivée du portier du Havre, né la même année que lui, Fabri avait eu l'occasion de jouer à Limassol dans un match d'Europa League sans enjeu. Le staff lui avait préféré Bracigliano pour regretter son choix par la suite. Fabri est conscient qu'une opportunité pareille ne pourra peut-être pas se représenter. Et qu'il ne faut pas compter sur un départ de Mandanda ou Samba. Les dirigeants recruteraient de toute façon dans la foulée. Mais le défi d'être irréprochable sur une saison, que ce soit en réserve ou aux entraînements avec Stéphane Cassard; le motive. Et il n'oublie pas les sélections de jeunes, lui qui est passé par les équipes nationales d'U16, U17 et U20. "C'est mieux qu'il soit numéro 3 pour jouer en CFA2 plutôt qu'être numéro 2 et rester tout le temps sur le banc" positive l'ancien entraîneur des gardiens du centre de formation. À l'aise balle au pied (il lui arrive de participer dans le champ à des tournois sur Marseille dans l'équipe de Gignac, Abergel et Apruzesse), il sait qu'il a une carte à jouer avec Bielsa, un entraîneur qui apprécie les relances courtes et les gardiens capables de jouer haut. Il lui reste donc à montrer qu'il saura aussi s'imposer dans le jeu aérien, lorsque sa surface sera pleine. Le défi ultime pour tout gardien de but.
> Retrouvez dans la vidéo ci-dessus l'intégralité de l'interview de Bernard Grégori sur Julien Fabri.