Titularisé à Reims, Jordan est passé à côté de son match. Mais de ce fiasco sort un enseignement : il doit désormais jouer à son vrai poste.
Titularisé à Reims, le jeune attaquant marseillais est passé à côté de son match. Mais de ce fiasco sort un enseignement : il doit désormais jouer à son vrai poste.
Il avait un coup énorme à jouer. Une occasion unique de bouleverser la hiérarchie et d’inscrire son nom dans la liste des joueurs qui rentrent presque par effraction dans l’équipe type pour ne plus jamais en sortir. Mais la titularisation de Jordan Ayew contre Reims a presque fait l’effet inverse. Rares sont les observateurs à ne pas être tombés sur le nouveau numéro 8. Nonchalant, personnel, inefficace, les qualificatifs n’ont pas manqué. Et il faut être honnête, ils sont loin d’être injustifiés. A trottiner, à vouloir changer le match, si ce n’est le monde, à chaque prise de balle, Jordan était irritant au possible. "Il se met une pression où il n’y a pas la place, observe Marc Libbra, ancien attaquant formé à l’OM. Ceci dit, ce sont des matchs pièges pour lui. C’est un gamin, faut pas le cramer en brûlant les étapes".
Où en l’alignant à un poste qui n’est pas le sien. Car pour le coup, la crinière orange est victime de ses qualités. Attaquant plutôt complet, il est évidemment rapide. Mais il n’a rien à faire sur un côté. Libbra acquiesce, allant même plus loin : "C’est peut-être le seul véritable attaquant de l’OM". Pas faux. André-Pierre Gignac aime avant tout démarrer ses actions sur le côté gauche. Loïc Rémy n’est jamais autant à l’aise que lorsqu’il s’agit de faire parler ses qualités de vitesse. Mais J.Ayew, lui, est capable de se coltiner le marquage d’une charnière tout en match, évoluer dos au but sans broncher. En fin de saison dernière, il avait notamment montré à Bordeaux qu’il était capable de marquer des buts que seuls les vrais avants-centres savent mettre. Mais pourquoi alors a-t-il été titularisé à droite alors que Baup aurait pu lancer Florian Raspentino, voire Alexander N’Doumbou, dans le couloir ? Car l’entraîneur se devait de gérer la pression que lui a mise Jordan dès le début de saison.
"Si je ne suis pas rassuré par le discours du coach... je ne prendrais pas de risque cette saison. Je sais que cette année, c'est le moment" avait-il notamment déclaré à Divonne (voir la vidéo). Baup, qui voit déjà son effectif se vider pour des raisons budgétaires, n’a pas trop envie de voir un des éléments qui pourrait avoir un beau rôle à jouer se mettre lui-même sur la liste des transferts. Jusqu’au 4 septembre, le coach s’abstiendra donc de froisser un peu trop fort ses joueurs. Il pourra cependant s’employer avec Jordan, qui n’est pas la diva annoncée. Présenté encore récemment au centre d’un conflit avec son frère et Mathieu Valbuena (lire ici), Jordan essayait simplement de calmer André. La manière dont il est régulièrement dépeint dans les médias le touche. Cette frustration se ressent sur le terrain. "Il s’éparpille bêtement. Il faut qu’il se canalise, constate le consultant de L’Equipe TV. Mais il a un bon fond, il s’arrache de partout". A lui donc de s’armer de patience, et de se tenir prêt : il aura forcément l’occasion de réintégrer le onze, et à son poste cette fois-ci. Pour une fois, rien ne sert de courir, Jordan.