On semble aujourd'hui l'oublier, car l'été est déjà loin derrière nous, mais il est bon de revenir en arrière afin de se souvenir de ce qu'était l'OM lors de la dernière intersaison. L'état-major n'existait plus, ou presque. L'entraîneur était un intérimaire et semblait devoir le rester quoiqu'il arrive. Le président ne présidait plus depuis longtemps, mais restait aux commandes des transferts. La propriétaire ne l'était plus vraiment non plus, mais cherchait un acheteur et ne voulait plus débourser un centime. Le directeur sportif était lui aussi un intérimaire, entre deux mains courantes au commissariat pour cambriolages répétés. Enfin, les meilleurs joueurs étaient partis, et ceux qui restaient ne donnaient pas franchement envie d'aller au stade. D'ailleurs, plus personne n'y allait, ou presque. Bref, l'OM ne ressemblait plus à grand-chose et on ne se battait pas pour y signer.
Dans ce marasme, il fallait toutefois aligner une équipe pour la nouvelle saison et donc trouver des joueurs gratuits, en terme de transfert, et capables d'accepter un challenge peu alléchant dans un contexte potentiellement explosif. Ce challenge, Bafétimbi Gomis et Florian Thauvin l'ont accepté. Bien sûr, il n'est pas question ici de faire passer pour des héros deux hommes acceptant de taper dans un ballon pour un salaire à six chiffres. De plus, leurs situations respectives de remplaçant à Swansea et de joueur de D2 à Newcastle n'étaient pas franchement réjouissantes non plus. Mais à bien y réfléchir, il fallait une bonne dose de courage et de caractère pour accepter cette mission aux allures de galère annoncée, et Gomis et Thauvin l'ont eue. Un mérite d'autant plus fort que cette galère a bien eu lieu, comme prévu, dès le début de la saison, et que tout était réuni pour faire de ces deux prêts onéreux des flops retentissants. Mais ces deux amoureux de l'OM ont prouvé d'entrée qu'ils l'étaient vraiment, et que leurs discours n'étaient pas des formules de politesse. Thauvin a commencé à marquer dès la deuxième journée à Guingamp (défaite 2-1) et Gomis lui a emboîté le pas la journée suivante contre Lorient (2-0). Depuis, en dépit d'un jeu collectif souvent minimal, les deux compères ne s'arrêtent plus d'enrichir leur compteur personnel et entraînent à eux deux le reste de leurs coéquipiers vers le haut du classement. Il faut dire qu'ils ont inscrit 70% des buts de l'équipe en Ligue 1 (15 sur 22) et donné 5 passes décisives (3 pour Thauvin, 2 pour Gomis), des chiffres qui se passent de commentaires.
Alors, bien sûr, on peut continuer de se demander si Bafé Gomis a le profil idéal pour cet OM de Champions League dont rêve McCourt (et nous aussi). C'était d'ailleurs un peu le débat du Gril à son sujet que vous pouvez retrouver dans la vidéo. On peut aussi se questionner sur la capacité de Florian Thauvin à prouver qu'il peut briller sur la longueur, et non sur une demi-saison comme il l'a déjà fait à Bastia. Mais il est plus que temps de constater que ces deux éléments nous ont d'abord permis de ne pas nous enfoncer lors des deux premiers mois, puis de prendre notre envol depuis l'arrivée de Rudi Garcia. Rien que pour ça, et c'est déjà beaucoup, on peut les remercier d'être venus.