Rudi Garcia va se dire que le public marseillais est décidément bien difficile. Après les défaites à Metz et Nantes, il s'était vu reprocher de partir la fleur au fusil, de chercher à imposer son système de partout. A Lille, contre un Passi qui voulait à tout prix briller face à son ancien employeur, sans Vainqueur et Gomis, deux titulaires, il a retenu les leçons. Il a demandé à son équipe de se positionner en 4-4-2 à la perte du ballon avec Payet et Thauvin dans les couloirs pour bien bloquer les latéraux lillois. A 10 minutes de la fin, il a même sorti Sanson pour Doria pour passer à cinq derrière. De quoi s'attirer donc les foudres des supporters, malgré tout. Non, l'OM ne peut pas être un club où l'on assure un match nul à Lille, qui lutte pour le maintien. C'est un scandale, une honte. Même Habib Beye y est allé de sa déception à voix haute après le match, parlant d'une animation exclusivement défensive.
C'est vrai qu'il y a eu des scènes un peu gênantes. Comme en fin de match, lorsque Sanson rentre dans la surface, talonne plein axe et qu'il n'y a strictement personne. Clinton Njie, rentré quand même avant l'heure de jeu, ne s'est signalé que par une frappe dans les dernières minutes. L'OM n'a pas vraiment cherché à bétonner derrière. Mais il n'y a pas eu de jeu. Un match digne de National où si l'on pouvait se dégager en catastrophe sur chaque ballon, on le faisait. Ce n'était pas une consigne, c'était tout simplement que cette équipe ne pouvait pas faire autrement. Les déçus se sont peut-être laissés griser par les buts enfilés comme des perles contre Lorient ou Angers. Mais ce n'était toujours pas l'OM de l'OM Champions Project. La relance de Fanni et Rolando rendait impossible toute construction. C'était soit un ballon perdu, soit une passe latérale après de longues secondes d'hésitations qui permettait à Lille de se replacer sans forcer. D'habitude, les deux joueurs peuvent compter sur un William Vainqueur qui rassure tout le monde avec sa technique et qui vient chercher le ballon au besoin très bas. Avec Sertic, ce n'était pas la même chose. Et quand Maxime Lopez a eu le ballon, on n'a pas retrouvé le petit gabarit qui trimballe le cuir où il veut. Ce n'était pas qu'une question de physique, même s'il avait droit à un traitement spécial de la part d'un technicien qui jure pourtant l'adorer dès qu'un micro traine.
Alors quoi, ce match de piètre qualité est à mettre sur le dos de la défaillance de certains joueurs, rien pour Rudi Garcia ? Le technicien savait qu'il allait avoir droit à un beau combat face aux Dogues. Il a peut-être été perturbé par une gêne à la cuisse qui a perturbé Morgan Sanson presque dès le début de la rencontre. Ce qui explique peut-être pourquoi Maxime Lopez a démarré et pas Zambo Anguissa et son impact physique. Il aurait pu donner un peu plus de confiance à son groupe. Le débloquer psychologiquement pour jouer quand même au foot dans une enceinte où les supporters marseillais donnaient le plus de voix. Mais Garcia serre tout simplement les dents. Il n'a pas encore un effectif pour répondre aux attentes. Alors il lutte, prend un point à Lille, ce qui n'est quand même pas non plus une contre-performance, pour continuer la série. A Saint-Etienne aussi il avait pris un point dans un match qui n'avait pas été des plus emballants. Un point qui avait permis de faire un score de 13 en cinq matchs. Comme l'OM a gagné ses deux précédentes rencontres, il ne manque donc plus que des victoires contre Dijon et à Toulouse pour se dire que finalement, ce match à Lille, ce n'était pas un si mauvais souvenir...