En faisant revenir Florian Thauvin en fin de mercato, Vincent Labrune pouvait savourer. Le pari ne semblait pas vraiment en être un. C'est qu'avec ce prêt, il n'y avait que deux issues possibles et elles donnaient toutes deux le beau rôle au président de l'OM. Si Thauvin se refait la cerise sur les derniers mois de la saison à Marseille, Labrune aurait été l'homme capable de dénicher un talent offensif alors que la poussière lui piquait presque les yeux quand il retournait ses poches. Si Thauvin restait à son niveau de Newcastle, l'ancien bras droit de Jean-Luc Delarue pouvait, ni vu ni connu, rappeler à tout le monde quel génie il était pour avoir refourgué l'été dernier le phénomène pour l'équivalent de 17 millions d'euros tout de même. Sauf qu'après sept petites apparitions depuis son retour, le fameux coup sans risque commence de nouveau à susciter le débat.
En un peu plus d'un mois, Thauvin s'est signalé par une bonne action à domicile contre Bilbao, où il trouve le poteau en fin de match au Vélodrome, et une expulsion évitable à Montpellier au bout de dix minutes. Le reste, ce sont des matchs sans relief. Le problème, c'est la coupe de France : contre Granville, le milieu offensif a confirmé la gêne constatée contre Trélissac. Totalement perdu face à une formation de cinquième division, "la Tauve" ne donne pas l'impression de jouer à un niveau supérieur. Pire, les amateurs n'ont aucun complexe face à lui et tentent même de le passer avec des gestes techniques. Pendant ce temps-là, Bertrand Traoré, de Chelsea, qui était lui aussi dans le viseur, a réussi à intégrer la rotation d'une équipe des Blues qui est en train de remonter au classement, marquant trois buts sur la même période, notamment contre Newcastle et Manchester City. Alors certes, il est plutôt facile de se dire qu'avec Traoré plutôt que Thauvin, l'OM serait encore en lice en Ligue Europa. Déjà parce que celui qui est passé par le centre de formation d'Auxerre évolue plus du côté gauche et aurait donc peut-être marché sur les plates-bandes d'Nkoudou. Mais l'opération Thauvin n'apparaît du coup plus comme un deal "gagnant-gagnant". On comprend même mieux pourquoi c'est le joueur qui a, à la base, sollicité le deal.
Autant donc ne pas tarder avant de se poser les bonnes questions. Car, si les incertitudes sont nombreuses à l'Olympique de Marseille, notamment en ce qui concerne les contours de l'équipe la saison prochaine, ce qui est acquis, c'est que Thauvin retrouve les bords du Tyne pour préparer la saison prochaine. Newcastle, qui l'a payé une petite fortune, n'a accepté le prêt que dans l'optique qu'il se refasse un moral pour la saison prochaine. Le joueur a également accepté de jouer cette carte pour retrouver son train de vie phocéen. Dès lors, puisqu'il n'a pas saisi sa chance pour intégrer l'équipe en tant que titulaire, ne faut-il pas plutôt miser sur un Bouna Sarr, qui a lui un contrat de plusieurs saisons à l'OM, pour lui donner de l'expérience et en faire un joueur plus aguerri en vue de la saison prochaine ? Ou réhabiliter un Lucas Ocampos, qui va bientôt revenir de blessure et qui est sous contrat jusqu'en 2020 ? En tant qu'entraîneur, Michel regarde le rendement présent et personne ne peut lui reprocher. Mais en terme de performances, les trois joueurs se tiennent, pas très loin du fond... La meilleure gestion, c'est donc peut-être de reconnaître que ce pari est raté et de tourner la page.