Florian Thauvin n'a pas la trajectoire d'un André-Pierre Gignac. Là où le natif de Fos a vécu deux saisons compliquées, notamment avec un public qui le sifflait copieusement, avant de retourner le Vélodrome avec ses performances, l'ancien joueur de Bastia a toujours eu un rôle de chouchou à l'OM. Chouchou tout d'abord du président Vincent Labrune, né à Orléans comme lui, qui l'arrache à Lille sans qu'il ne puisse disputer un match dans le nord pour 15 millions d'euros. Chouchou de son entraîneur, ensuite, Marcelo Bielsa, qui lui voit un grand potentiel et décide de le maintenir dans le onze alors qu'il en est l'élément le plus contesté, persuadé qu'il finira bien par exploser comme Alexis Sanchez en son temps. Chouchou pour le public enfin, la saison dernière, en acceptant de revenir à l'OM au mercato en divisant son salaire par deux puis en revenant définitivement cet été en refusant des propositions financières supérieures. La belle histoire de l'amour du maillot. Mais après son match à Nice, Thauvin semble prêt à devenir le chouchou de ceux qui s'intéressent qu'à une chose : le terrain.
S'il continue comme ça, Thauvin n'aura plus besoin d'être défendu systématiquement par ses groupies sur la base invérifiable du "lui il aime vraiment l'OM". Tout simplement parce qu'il ne sera plus attaqué, chambré, moqué. Depuis la fin de la saison dernière, il semble s'être remis sur les bons rails. "Sa préparation, il l'a commencé dès la fin de la saison dernière. Il s'est vraiment mis au travail à l'entraînement, comme il ne l'avait jamais fait auparavant" nous glisse un témoin privilégié à la Commanderie. Le coup du premier arrivé, dernier parti, avec du travail de musculation en amont, des soins, des séances de frappes supplémentaires. Du coup, il n'y a pas de secret, Florian Thauvin redevient doucement mais sûrement une des principales attractions du championnat, comme lorsqu'il avait été raflé le trophée UNFP du meilleur espoir de Ligue 1 en 2013, loin de son niveau de la saison dernière, lorsque la presse anglaise se moquait de Newcastle, qui avait alors selon eux signé le pire ailier du championnat de France. La saison dernière encore, Thauvin, comme Cabella ou Alessandrini, symbolisait parfaitement cet OM où tout le monde jouait pour sa gueule, faisant beaucoup de touches de balle pour finalement très peu éliminer en un contre un. Désormais, Thauvin est revenu à l'essentiel : son jeu se base plus sur sa vitesse balle au pied, comme à Bastia. Lors de sa prise de fonction en avril dernier, Passi l'avait installé à droite dans un 4-4-2. Une configuration qui lui va comme un gant. Car avec deux attaquants, Thauvin a au moins un défenseur au marquage tout le match. Et avec deux appels différents devant, son jeu est bien plus collectif. Avec son adresse et sa force au moment de frapper et de centrer, cela commence donc à devenir intéressant.
Ce n'était qu'il y a un mois, et cela faisait beaucoup. Avec une option d'achat quasi-automatique à 11 millions d'euros, l'OM s'était apparemment tiré une balle dans le pied avec le recrutement de Thauvin. Est-ce un cadeau de départ pour Vincent Labrune, qui aimait bien s'occuper des transferts de son ancien poulain ? Une négociation menée par Gunter Jacob avec l'aval de la propriétaire, bien consciente que l'achat incomberait au futur propriétaire ? Une manière de renégocier l'échéancier de Newcastle, qui devait encore payer quelques traites sur le transfert de 17 millions d'euros dans l'autre sens conclu à l'été 2015 ? Toutes les théories ou presque ont circulé dans Marseille. Mais s'il renouvelle chaque semaine sa performance à l'Allianz Riviera, 11 millions d'euros pour Thauvin, ça va être une clause à garder précieusement. Plus pour le conserver à amortir l'investissement sur plusieurs années que pour faire une affaire en le revendant le double l'été prochain. Car un joueur "qui aime vraiment l'OM" mais qui est aussi performant, ça ne court plus vraiment les rues.