8 pour Le Phocéen, 7 pour La Provence et 7 pour L'Equipe. Avec, en prime, une passe décisive et un but, Steven Fletcher (28 ans) pouvait difficilement faire mieux jeudi soir face à Trélissac (2-0) pour sa première titularisation sous le maillot olympien. Sa vraie première, puisque les quelques minutes effectuées en fin de partie face au PSG ne nous avaient pas permis de nous faire une véritable idée des capacités du garçon. Cette fois-ci, on a vu, et on a aimé. Déplacements intelligents, efforts soutenus, jeu collectif et surtout pied gauche de velours semblent faire partie de sa palette, loin des clichés que l'on peut se faire de l'attaquant écossais moyen.
Bien sûr, il convient de relativiser la performance face à une équipe évoluant trois niveaux au-dessous, mais les attitudes ne trompent pas, et celles affichées par Fletcher sur la pelouse bosselée de Chaban-Delmas nous semblent plus qu'intéressantes. Celles d'un joueur avide de revanche, de ballon et de jeu après trois saisons frustrantes à Sunderland. Un joueur en fin de contrat, de plus, qui a tout à gagner en brillant avec son équipe d'accueil, une sorte de deal gagnant-gagnant. On peut d'ailleurs se demander pourquoi Fletcher a fait un tel flop dans le nord de l'Angleterre, lui qui était loin d'être un tocard à ses débuts sous le maillot d'Hibernian, l'ancien club de l'ex-attaquant olympien Marc Libbra : "Evidemment, je n'ai pas joué avec lui, mais on m'en parlait beaucoup lorsque j'évoluais à Livingston (un autre club écossais) et que lui faisait ses débuts chez les Hibs. Les internationaux de mon club parlaient de lui comme d'un surdoué, il faisait vraiment le buzz. Il n'est vraiment pas considéré comme un joueur anglo-saxon, et le meilleur exemple est sa talonnade. Son but en fin de match est aussi magnifique, avec une reprise appuyée intérieur du pied très difficile à réaliser. Il y a beaucoup de simplicité dans ce qu'il fait, et c'est ce qu'il y a de plus dur. Ce n'est pas parce qu'il ne jouait pas avec Sunderland qu'il est mauvais, ça ne veut rien dire. C'est comme Claudio Beauvue avec Lyon, il s'est planté et pourtant, il est loin d'être nul".
En terme de comparaison, Tony Cascarino, bel exemple de réussite anglo-saxonne en terre olympienne, citait plutôt Mickaël Pagis. Au-delà du buste droit et de la barbe, le parallèle sonne juste, avec cette recherche permanente de la bonne remise et cette facilité technique sans en rajouter. Un sens du collectif qui nous amène à la question cruciale : peut-il jouer avec Batshuayi et, si oui, comment ? "Déjà, sa présence est intéressante pour que Michy se bouge un peu plus, estime Libbra. Fletcher ne va pas avoir peur de faire les efforts pour les autres, ce que je reproche à Michy depuis quelques semaines, qui, lui, ne joue que lorsqu'il a le ballon. Après, Michel ne joue qu'à une pointe, et je ne sais pas si Fletcher peut jouer sur un côté en répétant les courses, ça m'étonnerait. Je le vois plus comme une arme pour piquer Michy, et même jouer à sa place si ce dernier ne fait pas plus d'efforts. En plus, Fletcher a le profil pour plaire aux supporters. Il peut perturber la donne, mais à mon avis, ce sera soit l'un, soit l'autre".
Reste la possibilité de tenter une association avec un Fletcher plus bas. C'est ce à quoi réflechit Michel actuellement, et encore plus depuis le match de jeudi soir : "Fletcher apporte de la concurrence, c'est un attaquant qui a eu 3 occasions et qui a marqué un but. On l'attendait depuis 4 mois. Je vais réfléchir pour les alternatives entre Michy et lui, voire les associer. Je souhaite de la concurrence".
Un Fletcher animé par son envie de jouer et un Batshuayi piqué au vif ? On ne demande pas mieux !