Eric Gerets le concède sans mal, les réseaux sociaux, ce n'est pas sa tasse de thé. Une bonne chose pour l'ancien entraîneur de l'OM, qui aurait sans doute vu son égo prendre un sacré coup en voyant défiler en temps et en heure les réactions des supporters marseillais pour le départ de son compatriote Jan Van Winckel. Gerets, qui avait quitté l'OM en 2009 pour un pont d'or au Moyen-Orient, avait essuyé des critiques de la part de certains supporters, l'accusant de ne penser qu'à l'argent, d'autres répandant dans tout Marseille une rumeur qui voulait qu'il se soit ruiné au casino. Là, le préparateur physique s'en va à deux jours de la reprise du championnat pour un poste de directeur technique en Arabie Saoudite. Si les organes de communication de l'OM, fort logiquement, lui rendent hommage, le remercient pour son travail, le pas est scrupuleusement emboîté par une grande majorité des supporters sur internet. Soit Gerets est arrivé à une mauvaise période, soit c'est à croire que Van Winckel a beaucoup plus apporté à l'OM...
Arrivé avec l'étiquette d'un préparateur physique révolutionnaire, Jan Van Winckel aura donc fait une saison à l'OM. Une saison forte en émotions, avec Marcelo Bielsa... mais une saison où il y a beaucoup à dire sur le domaine physique. Car si le Belge est éclaboussé par les louanges destinées à la révolution Bielsa, il ne peut laisser le technicien argentin encaisser seul les critiques qui veulent que l'équipe ait connu de sérieux trous d'air lors de la seconde partie de saison à cause d'un schéma tactique bien trop exigeant. Il ne faut pas oublier non plus, les tensions avec certains joueurs et le personnel du club suite à une communication maladroite. Mais surtout, la gestion de trois joueurs. Nicolas Nkoulou tout d'abord. Le défenseur camerounais était en délicatesse avec son genou depuis plusieurs saisons déjà. De son propre aveu, il aurait aimé souffler pour un match de coupe de la Ligue à l'automne. Mais il a joué, tout le temps. Résultat, une fois à la CAN, son genou a lâché. Abdelaziz Barrada avait lui des soucis musculaires, qui se sont déclarés assez tôt dans la saison. Il ne s'est cependant fait opérer qu'à la mi-février de ses adducteurs. Une énorme attente qui a donc débouché sur une saison blanche pour l'international marocain. Il y a enfin le cas de Romain Alessandrini. Au mois de janvier, le milieu offensif est pressé pour revenir sur les terrains. Résulat, au bout d'une mi-temps, il se blesse. Si l'OM a raté le podium, c'est donc peut-être à cause de ses errements qui incombent à Van Winckel, car, quand on voit ce que ces trois éléments donnent au top de leur forme, il y a fort à parier que l'OM aurait pu obtenir plus à Monaco, à Montpellier, lorsque Bielsa a par exemple dû faire rentrer en jeu le jeune Boutobba.
D'ailleurs, selon une information d'RMC Sport, Marcelo Bielsa aurait eu un différend avec Van Winckel ces derniers jours. Ce qui pourrait expliquer son départ. En cours de saison, cela avait aussi été le cas avec Fabrice Olszewski ou l'entraîneur des gardiens Stéphane Cassard. Tout rentre finalement dans l'ordre avec l'entraîneur argentin, qui se nourrit des conflits pour avancer. Le groupe en tout cas, semble pouvoir faire sans lui. En conférence de presse, alors que son départ était déjà sûrement acté, Steve Mandanda assurait qu'il n'y avait pas besoin de voir le Belge jouer les traducteurs : "En une saison, on a un bagage concernant les termes espagnols dans le football". Van Winckel, qui était rémunéré sur le salaire de Bielsa, en avait peut-être marre d'attendre que le nouveau contrat du coach de l'OM soit signé pour toucher à nouveau ses émoluments. S'exprimant sur le départ de Torrente, Bielsa ne se formalisait pas d'évoluer désormais avec un staff restreint : "Nous divisons les tâches avec ceux qui restent dans le staff". De quoi se dire finalement que le départ de Jan Van Winckel est regrettable, mais il n'y a peut-être pas lieu non plus de faire rentrer son chronomètre et son jogging dans le "Hall of Fame" du club.