En première ligne après la défaite de l'OM contre le PSG, Élie Baup mérite-t-il autant de critiques ? Pierre Ménès et Pascal Praud répondent.
Une défaite contre Paris se digère difficilement, d'autant plus quand elle intervient à domicile. Mais cela devient tout simplement inacceptable pour la plupart des supporters lorsque l'équipe phocéenne a toutes les cartes en main en menant 1-0 en supériorité numérique. Au banc des accusés, les acteurs, bien sûr, qui n'ont pas fait preuve d'une force de caractère suffisante. Mais l'entraîneur de l'OM, surtout, pointé du doit pour ne pas avoir su profiter de l'expulsion de Thiago Motta, et avoir ainsi perdu son duel face à Laurent Blanc.
Pierre Ménès connaît bien Élie Baup, pour l'avoir côtoyé trois ans à Canal +, il ne comprend pas comment son ancien camarade peut ainsi devenir une tête de Turc : "On est en train de parler du mec qui a fini deuxième l'an dernier ? Cette saison, on lui demande quoi ? D'être troisième. Et il est troisième ex aequo...". Pascal Praud, qui a cotoyé Baup au FC Nantes et a conversé avec lui lundi, reste persuadé que l´homme à la casquette est aussi celui de la situation : "J'ai le sentiment qu'Élie a une cote importante dans Marseille. Il a réussi, en interne, une forme d'union sacrée autour de lui. Il faut se méfier des réseaux sociaux qui, par définition, laissent de la place à ceux qui crient. Je n'ai pas l'impression qu'il soit pris à partie au Vélodrome. C'est une fronde ultraminoritaire. Paris, Dortmund et Monaco étaient plus forts. L'OM ne pouvait pas faire mieux". Vous pouvez retrouver les interviews des deux journalistes sur le Phocéen TV.
Ménès saisit, lui, le ras-le-bol des tribunes. Mais il se désole de ce mal bien français de concentrer les critiques en direction du banc de touche. "On aime taper sur l'entraîneur, pas sur les joueurs. Regarde l'équipe de Paris. À part Matuidi et le petit Rabiot, les joueurs de Paris s'en foutaient du Clasico. Ce sont des mercenaires. Mais ils avaient envie de gagner, ils se sont mis le cul par terre. Et il n'y a pas de tactique pour ça, c'est une question de volonté. Peut-être que Baup a une lecture moins ambitieuse que les supporters sur les capacités de l'OM, notamment offensives" explique l'ancien reporter de L'Équipe.
En analysant la rencontre, le poil à gratter de Canal + trouve tout de même des choses à redire : "C'est le match où Marseille a semblé avoir le moins d'ambitions dans le jeu. Et c'est contre Paris. Au début, je comprends Baup qui se dit "je ne vais pas aller au pressing face à une équipe qui a fait 890 passes face à Benfica". Effectivement, le but du jeu, c'était de les attendre et de jouer à fond les quelques coups qui se présentent. C'est ce qui s'est produit, mais c'est vrai qu'après, ils se retrouvent en supériorité numérique et ils n'essaient absolument pas d'enfoncer le clou."
Au final, Ménès avoue que la gestion de l'homme à la casquette le chiffonne : "Le principal reproche que je lui fais, c'est son coaching. Il n'en fait pas. Marseille a fait des pieds et des mains pour faire Thauvin. Le mec est allé jusqu'à faire grève, c'était une arrivée évènement. Et finalement, il ne joue jamais. Lemina, la seule conséquence de son arrivée, c'est que ça a coulé Lorient. Mais il faut connaître Élie Baup. Il a été champion à Bordeaux avec 13-14 joueurs. Il n'aime pas le turn-over. Il aime s'appuyer sur ses hommes de confiance et éviter tout conflit. Mais ce n'est pas une nouveauté.", quand Praud affiche une confiance inébranlable : "il est impliqué, il aime son job, il est engagé. Sportivement et humainement". Un peu de réconfort pour aider à faire passer ce Clasico difficile à digérer. La première vraie difficulté dans la carrière olympienne de Baup.