Fanni, la résurrection

Samedi, il a fait la une du quotidien L'Équipe. Lui, c'est Rod Fanni. Celui qui revient de loin, et qui est sorti du bois à l'annonce de l'automne. "Impitoyable OM" titrait le journal, on aurait pu également imaginer un "Fanni, la résurrection". Tiens, d'ailleurs, c'est le titre de ce papier. Car quoi qu'on dise, Fanni a surpris tout le monde. Peut-être lui le premier d'ailleurs, même s'il ne le dira pas, fierté de footeux oblige, mais aussi les supporters marseillais, qui ont toujours dans un coin de leur tête la fin de saison dernière calamiteuse, et qui réclamaient son départ, lui, le lofteur. Sans oublier la direction olympienne, qui l'a poussé, tout l'été durant, loin de Marseille et de la Commanderie.

Il l'a dit lui même après la rencontre, des choses, il aurait pu en balancer à tire-larigot, notamment sur la gestion calamiteuse du club durant un été 2014 que personne n'oubliera. Fanni, lui, est toujours là, au contraire des Raspentino, Amalfitano et consorts, partis jouer au foot bien loin de Marseille. Bien leur en a pris. Cheyrou, lui, a résilié. Pourtant, avec un salaire estimé à environ un million net annuel, Fanni n'était pas le plus cher des lofteurs, mais il représentait une génération tombée en désuétude après une saison dernière cauchemardesque - où Fanni a terminé dernier du classement général du Phocéen avec 8.1/20 - où Élie Baup et José Anigo n'ont jamais su mettre les joueurs sur de bons rails. Fanni est donc resté, malgré l'intérêt de Leicester, promu en Premier League, où l'ancien réalisateur avait pourtant fait le déplacement pour visiter les installations fin août, mais les négociations ont échoué. Pourtant, l'Angleterre, il en rêvait, comme il l'avait avoué à son arrivée à l'OM, mais peut-être pas à Leicester. Remarquez, entre le premier de Ligue 1 et le 18e de Premier League, il n'y a pas de doute possible. Fanni, ça, l'avait sans doute flairé d'ailleurs. Et dans une équipe qui a la possession de balle dans tous ses matchs depuis le début de saison, c'est plus facile que de défendre acculé dans sa propre surface. Logique.

Pour en revenir au match contre Nantes - son 145e sous le maillot de l'OM - à l'instar de celui face à Bordeaux, l'ancien Rennais a été bon, intraitable derrière, et efficace de la tête devant - son cinquième but avec l'OM, tous marqué au Vélodrome d'ailleurs, et le premier depuis février 2013, une éternité ! Le 101e de l'OM contre Nantes en L1, Thauvin ayant eu l'honneur de décrocher le 100e, une gloriole sans importance. Un 14/20 pour la rédaction du Phocéen bien mérité. L'Équipe et La Provence ne tarissaient pas d'éloges également, avec, respectivement, 7/10 et 6.7/10. Contrat rempli.

Fanni à l'OM (classement de l'année du Phocéen) 2014/2015 : actuellement 5e ex-aequo avec 12/20* 2013/2014 : dernier avec 8.1/20 2012/2013 : 6e avec 11.3/20 2011/2012 : 10 avec 11/20 2010/2011 : 4e avec 12.6/20 *Il n'apparait pas dans le classement officiel, car il a trop peu joué

 

S'il n'est pas notre homme du match, il a fait oublier, le temps d'une nouvelle rencontre, l'absence de Jérémy Morel, intraitable en début de saison, et qui semblait indéboulonnable. Si les absents ont toujours tort, l'ancien Merlu pourrait avoir du mal à retrouver sa place dans le onze. Si Bielsa a expliqué que Fanni, Nkoulou et Morel étaient tous les trois indiscutables, il n'y a que deux places sur le terrain en défense centrale. C'est là où le mal de crâne peut s'intensifier pour le coach argentin, même si ce dernier est adepte de la reconduction d'équipe, on devrait donc voir Fanni au Moustoir mardi contre Lorient, là où un certain Morel a passé de nombreuses années. Car, la plus belle récompense, c'est finalement Bielsa qui lui a donné, en le désignant homme du match face à Bordeaux. "Que lui aussi le reconnaisse, ça me touche et je le remercie beaucoup, parce que quoiqu'on en dise ça fait beaucoup de bien" expliqua l'intéressé, touché.

Mais plus tard, qu'adviendra-t-il ? En fin de bail en juin 2015, Fanni, avec ses prestations actuelles, s'assure déjà la quasi-certitude de retrouver un contrat pour la saison prochaine. À l'OM ? Cela parait compliqué, Bielsa aura sans doute son mot à dire. Car le coach argentin a une part prépondérante au retour en grâce de Fanni (voir ci-dessous). Et si ce n'est pas à Marseille, le défenseur rebondira ailleurs, cela ne fait aucun doute.

Fanni sait ce qu'il doit à Bielsa "Bielsa m'a mis un peu le pied à l'étrier. Il a fait abstraction des mauvais dires qu'il y avait autour de moi. On lui a donné, malheureusement, une vision erronée de moi, il a appris à me connaître. Avec un brin de chance, et de malchance pour d'autres, j'ai eu l'opportunité de montrer le bout de mon nez, et aujourd'hui je le montre un peu plus. Je suis très content de ça. Pour tout compétiteur, c'est important de montrer ce qu'on a dans le ventre. Je suis très heureux." (29/11/2014, au micro du Phocéen) > Dans la vidéo ci-dessus, Fanni explique comment il a accueilli les paroles de Bielsa après OM-Bordeaux. Un moment touchant.