Et si on avait enfin vu le vrai Strootman ?

On n'ira pas jusqu'à dire que les supporters se posaient des questions sur le niveau de Kevin Strootman, mais le Néerlandais tant désiré avait tendance à se faire attendre, et les premiers doutes commençaient à poindre, notamment sur son état de forme. Certains se demandaient même si la Roma n'avait pas fait une bonne affaire en le laissant filer pour 25 millions d'euros (plus des bonus). Il ne manquait pas grand-chose pour faire le raccourci avec ses opérations au genou et sa longue galère pour revenir sur le devant de la scène après deux ans sans jouer. Pourtant, tout avait bien commencé avec une belle entrée en matière à Monaco. Mais, par la suite, l'ancien Romain n'a pas su enchaîner, et nous a servi des matches au niveau de son équipe : très moyens. Toutefois, cette inquiétude s'est, pour le moment, dissipée avec la victoire face à Caen dimanche (2-0). À l'image de l'OM, Strootman a hissé son niveau de plusieurs crans, nous laissant entrevoir des perspectives bien plus en accord avec son statut.

Lors de sa dernière rubrique, notre analyste du Travail de l’OMbre n'avait pas été tendre avec le Hollandais (voir ici). C'était après la défaite à Lille : "Il avait perdu beaucoup trop de ballons pour un joueur de son niveau, et il a cédé sous la pression des milieux adverses. Il a aussi multiplié les mauvais choix et a fait preuve de nonchalance, c'était vraiment gênant". Un jugement sévère, mais très juste, tant Strootman avait déçu dans le Nord, au même titre que ses coéquipiers, d'ailleurs. Mais, cette fois-ci, c'est un autre joueur qu'il a pu observer, et il dit pourquoi : "Déjà, je l'ai trouvé bien mieux physiquement, alors qu'on pouvait craindre le contraire vu qu'il avait joué jeudi. Mais, la grande différence, c'est qu'il a joué beaucoup plus haut et qu'il n'a pas hésité à presser tout le long du match. C'est dû, à mon sens, au grand match de Luiz Gustavo qui l'a tiré vers le haut dans ce domaine. Pour la première fois depuis son arrivée à l'OM, on a vu Strootman se projeter pour aller au bout des actions, notamment sur le deuxième but où il récupère dans son camp, remonte le ballon et décale Payet. Si on revoit l'action, il ne s'arrête pas après sa passe à Payet. Il pousse sa course dans la surface pour proposer une solution et il embarque complètement le défenseur central. Du coup, l'espace est dégagé pour que Payet serve Thauvin. Cette action symbolise son match". Un match plein, où Strootman a fait preuve de cette combativité qu'on attend de lui, mais aussi de sa capacité à peser sur le secteur offensif de l'équipe. "On voit que c'est un ancien n°10 qui a reculé, dans ses prises de balles, dans sa manière de se projeter, explique Kévin. On sent bien qu'il est plus à l'aise quand on a le ballon que lorsqu'on lui demande un travail de récupération assez bas. Pour moi, ce n'est pas un vrai n°6, il aime défendre en avançant. Il faudra le voir dans les grands matches, lorsque l'OM sera mis en difficulté".

Pour son huitième match avec sa nouvelle équipe, Kevin Strootman a donc enfin montré ce qu'il était réellement capable d'apporter. Ce pour quoi l'OM a fait tant d'effort pour le faire venir, comme nous l'explique notre consultante Najet Rami, Romanista de la première heure : "J’aime beaucoup ce style de joueur, et c'est pour ça que je le suivais déjà à la Roma. Un rugueux qui mouillera toujours le maillot. Et techniquement, en une passe, il est capable de t'envoyer l'attaquant seul devant le gardien. Je suis très confiante pour la suite, son duo avec Gustavo va fonctionner". Confiant, « Travail » l'est, lui aussi. Mais ce qu'il a vu lors des matches précédents le pousse à patienter encore un peu : "J'ai besoin de voir s'il répète ça avant de m'enflammer, tout comme j'ai attendu 5 ou 6 matches avant de le critiquer. Il a été très bon, mais je répète qu'il a peut-être profité de l'élan de Gustavo pour briller. Il faut le voir sur la durée, mais c'est encourageant". Après la trêve, le programme de l'OM nous offrira Nice, la Lazio et le PSG en une semaine. De quoi se faire une idée beaucoup plus précise de l'apport réel du Néerlandais.