Très critiqué en France, Michel fait partie des entraîneurs les plus appréciés actuellement en Espagne. La presse espagnole, pourtant pas avare de critiques, reste très favorable à l'actuel coach marseillais, en dépit de résultats qui se font attendre. Comment l'opinion autour de Michel peut-elle être si bonne d'un côté et si défavorable de l'autre ? Décryptage.
"Mais comment cette équipe, qui joue si bien, peut se retrouver aussi mal classée dans le championnat français ?", ces propos, tenus par des journalistes espagnols et entendus dans la tribune de presse à Bilbao, tendent à confirmer la belle cote de Michel par delà les Pyrénées. Une image, que le technicien a su maintenir malgré la série record de matchs sans victoire au Vélodrome, malgré les critiques qui pleuvent en France sur son style de jeu et son coaching, et malgré un classement à ce jour loin des ambitions de l'OM. Il faut dire que les Espagnols ne sont pas forcément très observateurs du championnat de Ligue 1. Ainsi, à part les chocs, l'OM n'a pas particulièrement été suivi côté Ibérique. Et dans les grands matchs, il faut reconnaître que l'OM de Michel a su montrer un visage agréable. Dans les Classiques, l'OM a bougé le PSG sans s'imposer. Dans les matchs face à Lyon, l'OM a montré un beau mental à dix contre onze à l'aller et du jeu au retour. Michel jouait gros aussi pour son avenir à long terme jeudi soir. En se montrant sous son meilleur visage au match retour, l'OM aura aidé Michel à maintenir sa valeur aux yeux des Hispaniques. Dans l'imaginaire collectif espagnol, il est aussi celui qui avait fait vaciller le grand Manchester United avec l'Olympiakos en Ligue des Champions. Désormais, il sera aussi celui qui "aura bougé l'Athletic Bilbao à San Mames comme personne, à part le Barça et le Real", comme on pouvait l'entendre sur une radio à l'issue de la rencontre de jeudi dernier.
Deuxième axe de sa stratégie de séduction : la communication. Et là, le Madrilène s'en donne à coeur joie. Ainsi, avant le match contre Bilbao dans le journal local El Correo, on pouvait lire par exemple un article simplement hallucinant qui évoquait l'amour des supporters marseillais pour leur entraîneur, un coach qui ferait l'unanimité dans les tribunes du Vélodrome. Il est bien simple pourtant de prouver le contraire. En effet, le nom de Michel a été sifflé à chacune des dernières sorties de l'OM à domicile ces dernières semaines au moment de l'annonce des équipes. Nul doute que son réseau au sein des médias espagnols, dont il a été un consultant majeur, fonctionne encore. Il est également fréquent de le voir donner des interviews pour les médias espagnols, surtout ces dernières semaines, et encore plus ces derniers jours, après le match à Bilbao. Sur Twitter, le technicien est aussi très actif, ce qui est apprécié en Espagne. Ce mardi, ses déclarations à la radio espagnole Onde Cero ont fait beaucoup parler : "Entraîneur du Real, sincèrement, je veux rester prudent. Mais je veux aussi dire que je m'en sens capable, comme n'importe qui d'autre. C'est humain. Je vois des collègues occuper le poste mais moi aussi, je m'en sentirais capable".
Justement, le Real, c'est le rêve ultime de celui qui reste pourtant en Espagne sur un échec à Séville, mais dont l'image d'un Getafe séduisant lorsqu'il dirigeait la formation de la banlieue sud de Madrid, n'a pas pour autant été écornée. Le prêt de Lucas Silva, en début de saison, est le signe d'une bonne entente entre le club de la capitale et le technicien. Même si clairement, le Brésilien n'a pas été au niveau des attentes de son entraîneur, qui, au moment de son arrivée, pensait avoir frappé un grand coup. Son autre rêve, c'est la sélection espagnole. Là encore, son nom a filtré comme un des possibles successeurs de Vicente Del Bosque dans un article paru en début de saison. Sur les ondes de la radio espagnole, Michel s'est aussi positionné à ce sujet : "Tous les coachs rêvent d’équipe nationale. Alors si Del Bosque part, pourquoi pas ?" Michel espère-t-il quitter l'OM cet été en conservant une belle image de l'autre côté de la frontière ? S'il obtient la troisième place ou remporte la Coupe de France, nul doute que les Ibériques concluront que le technicien a quitté l'OM sur une belle note. Peut-être est-ce le plan de Michel, qui est pourtant lié à l'OM jusqu'en 2017.
Il faut dire qu'à Marseille, tout n'est pas si rose pour l'ancienne gloire du Real, loin de là. Décrié pour son jeu, notamment au Stade Vélodrome, critiqué pour ses résultats insuffisants et pour sa communication protectionniste et égocentrée, Michel a les oreilles qui sifflent. Peut-il renverser la vapeur ? Dur de le dire, mais il est rare qu'un coach réussisse la performance de retourner l'opinion publique en quelques semaines. Néanmoins, il a la chance d'avoir encore onze matchs de championnat et de figurer en Coupe de France. A lui de réussir à proposer du beau jeu de façon régulière, de briser la spirale terrible du Vélodrome et de réussir à qualifier l'OM pour une compétition européenne, voire mieux avec une troisième place à six points alors que l'OM a un match de plus à disputer et une finale de coupe qui n'est plus qu'à deux matchs, dont le premier face à une équipe de CFA 2. Mais une bonne fin de saison suffira-t-elle à sauver le soldat Michel ? Rien n'est certain, mais les prochaines semaines seront décisives pour l'OM, comme pour Michel !