Edito OM : Villas-Boas, merci, mais il y a encore du boulot !
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 04/05/2020 à 01:00
Lettre ouverte à André Villas-Boas
Cher André Villas-Boas,
dans le football, il y a un adage qui veut que "quand on gagne, c'est grâce aux joueurs, quand on perd, c'est la faute de l'entraîneur". Ton exemple le montre une fois de plus, à Marseille, les supporters connaissent le football et, aujourd'hui, tout le monde te sait gré de cette saison réussie. Cela va du communiqué officiel de l'OM qui salue "un travail de très haut niveau" aux South Winners, qui ont brandi un tifo en ton honneur en janvier, en passant par les articles saluant ton mérite que l'on peut trouver ici depuis des mois, et même les réseaux sociaux (à leur manière, en débusquant désormais ceux qui n'ont pas cru en toi au départ, c'est le jeu). Il faut dire que ce n'était pas gagné. Des coachs qui ont fini sur le podium alors que l'OM sortait d'une saison pas fameuse, ça existe. Mais à l'époque, il n'y avait pas un PSG qui confisque la première place avant même le début du championnat vu ses moyens, un Lyon sur plusieurs saisons consécutives en Ligue des champions avec donc un effectif en conséquence, un Monaco qui peut se permettre de se payer Ben Yedder et le LOSC avec le réseau Luis Campos. Malgré tout ça, tu as réussi à faire de cet OM un vice-champion qui tourne à deux points par match. Chapeau. Depuis le passage de Marcelo Bielsa, le public phocéen s'est découvert une passion pour la tactique, et il n'a pas été déçu avec toi, entre ce match à Angers où tu abandonnes la possession pour l'emporter, la mise en place de cet infernal duo Sanson-Rongier ou encore son démantèlement, à la fin de l'hiver, pour mieux épauler Benedetto devant. Ce Dario Benedetto qui ne fait peut-être pas l'unanimité mais qui est une vraie perle rare vu le contexte et la marge de manoeuvre que le club avait pour recruter devant. Une idée qui a d'abord germé dans ta tête, ce qui contribue aussi cette image de super-coach, amplement méritée. Et comme si ça ne suffisait pas, il y a aussi cette gestion humaine, ce rapport avec le groupe, qui parachève la super-impression. Les commentaires sur Instagram, cela pourrait sembler aussi surfait que le passage de Michel s'il n'y avait pas le fond : la défense et la réhabilitation de Jordan Amavi, l'intégration progressive de Rongier dans l'équipe, la parole tenue au moment de donner sa chance à Lucas Perrin, la considération pour le blessé Florian Thauvin, la manière de remettre un Mandanda en route en lui redonnant le brassard...
En fait, tout est tellement parfait, on revient de tellement loin avec le départ de Rudi Garcia, que l'on se dit que c'est trop beau. Chat échaudé craint l'eau froide, comme on dit en France. C'est qu'il y a aussi une belle charge contre la direction en janvier dernier, tout le monde s'en souvient, et que la réunion prévue pour la mi-mars (dont l'annonce était faite dès le mois de février comme on peut voir dans la vidéo) a été logiquement reportée avec le coronavirus. Même ce beau message sur Instagram pour remercier tout le monde a donné lieu à une angoisse inattendue : et si c'était des adieux ? Alors, autant être clair : C'EST HORS DE QUESTION. Même si les inquiétudes concernant le mercato à venir sont légitimes, le nécessaire va être fait pour trouver des solutions. La marge de manoeuvre sera encore étroite, il faudra à nouveau faire un sans-faute, comme avec Alvaro, Rongier et Benedetto, mais c'est tout à fait faisable. Cette lettre a démarré avec une citation. Elle était de Didier Deschamps. Un confrère qui a trouvé une autre formule choc : "c'est dans les plus grandes victoires que l'on fait les plus grandes conneries". C'est d'autant plus vrai à Marseille. Même pas besoin de titre, il suffit juste d'avoir l'impression de gagner. Dans l'histoire récente, les trois intersaisons les plus catastrophiques sont peut-être celles qui ont suivi des finales de coupe d'Europe (1999, 2004, 2018). Cette saison est réussie, l'objectif est atteint, mais nous savons tous que ce n'est qu'une étape. Le plan, c'est que l'OM devienne un participant régulier à la Ligue des champions, comme de 2007 à 2012. Il faut donc tout faire pour y participer la saison prochaine, engranger de l'expérience, et surtout y revenir en 2021-2022. Elle est là, la bascule. Si tu es le coach au départ d'un cercle vertueux, et pas seulement d'un retour épisodique sur la piste aux étoiles, on ne sera plus très loin de la canonisation. N'est-ce pas là le plus excitant des challenges ? Un Newcastle, tout nouveau, tout riche, pourrait offrir un beau moyen de prendre sa revanche sur la Premier League si jamais Pochettino n'y signe pas, mais auras-tu vraiment la latitude dont tu peux jouir à l'OM ? On connaît tous les deux la réponse, alors au boulot, il y a un challenge tout aussi difficile mais excitant à relever, dès maintenant.
Romain Canuti
Le superbe message du coach #teamOM pic.twitter.com/UtdUMHlZD4
— Le Phocéen (@lephoceen) May 2, 2020