Retour sur la carrière de Yohann Pelé à l'OM.
Lorsqu'on a appris il y a quelques jours que le championnat de Ligue 1 ne reprendrait pas, ce qui est venu en tête, évidemment, c'est l'officialisation du retour de l'OM en Ligue des champions, sept ans après. Mais la fin de cette saison, ça veut dire aussi qu'il y a certains joueurs qu'on ne reverra plus avec la tunique olympienne. Comme à chaque intersaison, pour certains d'entre eux, personne ne peut encore s'en douter. Pour d'autres, il y a quand même de gros doutes vu les rumeurs de transfert. Il y en a enfin pour qui c'est sûr. C'est notamment le cas de Yohann Pelé, dont le contrat expire le 30 juin prochain. On pourrait toujours imaginer l'OM le prolonger à nouveau. Mais au vu de son salaire, un des plus élevés pour une doublure en France, et du fait qu'il approche les 38 ans, cela relèverait presque du miracle. Le portier à la carrière en forme de montage russe, revenu de nulle part après une main tendue par Hervé Renard en 2013, a quand même bouclé sa cinquième saison à l'OM. Où il aura joué 85 matchs. Pas rien.
100% des matchs l'année où il est numéro 1
L'histoire démarre à l'été 2015. Steve Mandanda vient d'être élu une nouvelle fois meilleur gardien du championnat et semble trouver une seconde jeunesse avec l'arrivée de Stéphane Cassard au poste d'entraîneur des gardiens. Mais derrière lui, les deux jeunes gardiens de l'effectif partent en prêt : Brice Samba à Nancy et Julien Fabri à Bourg-en-bresse. Il faut donc une doublure et Pelé débarque donc de Sochaux où il vient de faire une saison en Ligue 2. Au départ, il devait signer à Bastia pour être titulaire mais il choisira finalement Marseille. Certes, la paie est plus confortable mais il se dit sûrement qu'il y a un coup à faire, que la patience peut payer. Effectivement, patient, il faut l'être. Mandanda est encore en grande forme, phocéen d'Or sur la saison, et ne laisse que des miettes à Pelé. Deux matchs de coupe de la Ligue, deux matchs de championnat... Mais à la fin de l'année, Mandanda signe à Crystal Palace. En plein processus de vente, le club fait avec les moyens du bord avec un organigramme composé de Giovanni Ciccolunghi, Gunter Jacob et Franck Passi. Pour le poste de gardien, Pelé, qui a le mérite d'être là, passe donc numéro 1, et le jeune qui n'a pas réussi en Ligue 2, Samba, lui servira de doublure. La suite, on la connaît : Frank McCourt rachète le club fin août, installe son équipe et Rudi Garcia à l'automne, commence à recruter en janvier et annonce encore plus d'ambitions pour la saison suivante. L'OM finit le championnat à la 5e place, ce qui permet de jouer l'Europa League. Et pour cette saison de transition, Yohann Pelé a été plus que fiable : il disputera toutes les minutes de tous les matchs de l'OM, c'est tout simplement le dernier olympien à avoir réalisé cette prouesse. Alors qu'il se retrouve en pleine lumière, il y a deux écoles : ses détracteurs mettent en avant le nombre important de coups francs directs qu'il encaisse, ses fans soulignent qu'il a un nombre de clean-sheet parmi les plus élevés d'Europe. L'interessé lui, trouve la presse peu conciliante et s'agace de voir que l'on parle tant que celui qui est appelé à lui succéder la saison d'après.
La campagne d'Europa League, son meilleur moment
C'est que le nouveau directeur sportif du club est un ancien gardien international, Andoni Zubizarreta. On parle d'une piste made in Liga, avec Rulli, l'actuel gardien de Montpellier qui évoluait à la Real Sociedad, ou d'avenir avec Alban Lafont de Toulouse. Finalement, le club fera revenir Steve Mandanda. Pelé accepte alors d'être prolongé et de rester au club en tant que doublure. Une gestion du poste qui sera une belle réussite. Car Mandanda sera une nouvelle fois désigné meilleur gardien du championnat. Mais c'est aussi cette saison-là où Pelé fera sa plus belle saison à l'OM : bien que doublure, au gré des pépins physiques de l'international français, il fera 20 matchs. Et surtout la majorité (8 rencontres sur 14) de la campagne d'Europa League. Un peu coupable en quart de finale aller à Leipzig sur le but inscrit par Timo Werner, il se rattrape au retour, le fameux 5-2, où il fait un arrêt rassurant dans les dernières minutes, dont le contre se transforme en but libérateur de Sakai. Et surtout pour les demies où il est ultra-décisif contre Salzbourg. Très propre à l'aller, il est héroïque au retour, avec une parade réflexe sur corner quelques minutes avant le "but en or" de Rolando. Pour la finale, il devra cependant laisser sa place à Mandanda.
La même courbe que Mandanda
Thierry Laurey à Strasbourg a bien suivi l'affaire et joue sur l'orgueil du joueur pour lui proposer une place de numéro 1 en Alsace. Pelé est tenté, fait monter les enchères, mais l'OM mise une nouvelle fois la stabilité. Pelé est une nouvelle fois prolongé, augmenté. Mais à l'image de l'équipe, il va être moins performant. Il fait 13 matchs, et se rend surtout coupable d'une belle boulette à Francfort, une mésentente avec Luiz Gustavo qui transforme une passe en retrait du Brésilien directement en csc. Sa chance, finalement, c'est que Mandanda attire encore bien plus de critiques. Pour sa dernière saison, Pelé repart pourtant en tant que doublure, et, décidément, il est à l'image de son numéro 1. "Il Fenomeno" est de retour ? "L'Albatros" aussi. L'espace de cinq matchs, il stoppe un penalty à Metz qui aurait sûrement coûté le point du nul à l'OM et il sort son équipe du traquenard Trélissac en 1/32e de finale de coupe de France avec une séance de tirs au but décisive. Pas mal pour une doublure. Qui pourra quitter l'OM en volant la tête haute.