Dossier Lihadji : pourquoi Villas-Boas a raison

Révélation des matches de préparation de l'OM, Isaac Lihadji l'a également été récemment lors de la Coupe du Monde U17 au Brésil où il a terminé troisième avec les Bleus avec 3 buts et 2 passes décisives. De quoi voir l'avenir en rose - ou plutôt en ciel et blanc - pour le joueur et pour l'OM. Sauf que le dossier Lihadji n'échappe pas à la tendance actuelle autour des jeunes surdoués, et que le contrat professionnel que lui propose l'OM se voit opposé aux propositions faramineuses des gros clubs européens qui n'hésitent plus à mettre d'énormes sommes d'argent sur ces "prospects" à peine sortis des catégories de jeunes, quitte à assumer une grosse part de déchet. En effet, le calcul est simple pour les Chelsea, City, Barça et autres : pour dix jeunes payés au prix fort, il suffit d'une seule grosse réussite pour retomber sur ses pattes, et tant pis pour les neuf autres qui partiront aux oubliettes.

Comme souvent, AVB met les pieds dans le plat au détriment de la langue de bois

Lihadji entre donc dans cette catégorie. Il doit choisir entre une réelle stabilité en acceptant de poursuivre sa progression avec son club formateur, ou tenter le grand saut dans l'inconnu en touchant le jackpot. Mais à ce jeu-là, il y a un revers à la médaille, et André Villas Boas l'a clairement exprimé en ne convoquant pas Lihadji pour OM-Brest : "Moi, j'attends la signature du contrat pro pour lui donner plus de temps de jeu. Sinon, il va finir par jouer à Monaco ou au PSG les prochaines années, expliquait-il récemment en conférence de presse. Quel est l'intérêt pour le club formateur ? Il y a des entraineurs qui ne font pas ce type de différence, mais moi je défends un peu les intérêts du club, peut-être contre moi-même". Comme souvent, AVB met les pieds dans le plat au détriment de la langue de bois traditionnellement de mise dans ce genre de situation, et il a complètement raison.

"Lui, il ne demande qu'à jouer au football à l'OM. Il est loin de toutes ces considérations"

Un club comme l'OM qui a clairement fait le choix de miser enfin sur sa formation ne peut pas se permettre de se faire promener de la sorte. Dans le cas contraire, le message vis-à-vis des autres jeunes et des agents serait destructeur, car il n'y aurait plus de limites. Ceci dit, il serait idiot de pointer Lihadji du doigt, car à 17 ans, ce dernier n'est clairement pas le premier décideur dans cette affaire. Comme l'explique au Phocéen Azir Saïd Mohamed, de l'excellent compte Twitter dédié aux jeunes Olympiens @CarterChnine : "Lui, il ne demande qu'à jouer au football à l'OM. Il est loin de toutes ces considérations. Après, je sais que sa famille et notamment ses frères ne sont pas des gens du football. Ils laissent ses agents gérer le dossier, et c'est ce qui pose problème. Mais, étant des mêmes quartiers et d'origine comorienne comme lui, je peux aussi comprendre qu'il y ait cette tentation d'aller au plus offrant pour mettre sa famille à l'abri. Avant de critiquer ça, il faut se replacer dans le contexte, même si personnellement, je partage la position de Villas-Boas". Pas faux, sachant que l'avenir d'un footballeur, aussi doué soit-il, n'est jamais écrit à l'avance. Toucher le gros lot dès son premier contrat pro peut donc être une option, car une grave blessure ou une non-confirmation au plus haut niveau ne peuvent jamais être écartées. Difficile, donc, de se prononcer sur ce dossier, même si on aura tendance à partager l'avis du coach de l'OM...