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Saison

Diouf-Labrune, parallèle saisissant

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 27/03/2016 à 12:00

Diouf-Labrune, parallèle saisissantDiouf-Labrune, parallèle saisissant

C'est la nouvelle fonctionnalité de Facebook. Le réseau social aime désormais rappeler à ses utilisateurs les dates d'anniversaire de leurs amitiés sur le site, avec une présentation dans un module où l'on retrouve les photos communes prises depuis le temps. A priori, Vincent Labrune ne possède pas de compte. Et même s'il s'y rend avec un avatar privé, il est peu probable qu'un dénommé Pape Diouf, même avec pseudonyme, se trouve dans ses amis. Pas de possibilité donc de voir en un clin d'oeil la situation et le chemin parcouru depuis sept ans, et le début des échanges publics d'amabilités entre les deux hommes. Mais les supporters de l'OM n'auront pas de mal à se reconstituer le panneau dans leur esprit, surtout que, la situation de l'un en 2016 ressemble très étrangement à ce que vivait l'autre en 2009. 

Deux nouveaux clans

Dans les pages de l'édition de dimanche de La Provence, la situation du club est ainsi décrite comme un affrontement entre deux entités. "La guéguerre des clans" a même été choisi en titre de Une du quotidien régional. Pour la première fois ou presque, le visage d'Igor Levin est jeté en pâture aux supporters. Il est désormais possible de mettre une tête sur un nom sulfureux, qui renvoie directement à la réunion du début du mois d'août avec Marcelo Bielsa. Celle où l'avocat de Margarita Louis-Dreyfus seraient revenu sur les conditions accordées par Vincent Labrune à l'entraîneur argentin pour sa prolongation, entraînant le départ surprise du natif de Rosario quelques jours plus tard, au soir de la première journée. Levin, russe basé à New York, est aujourd'hui présenté comme un homme qui ne connaît pas grand-chose au football mais qui donne continuellement son avis à l'équipe dirigeante actuellement en place. Les demandes sont parfois déplacées et l'inquiétude des salariés du club ne cesse de grandir. En coulisses, ce proche de l'actionnaire préparerait la succesion de Vincent Labrune pour favoriser la vente du club alors que la relation entre MLD et Labrune ne serait plus aussi fluide que par le passé. 

Sept ans plus tôt...

Un sacré remake donc de ce qu'a déjà vécu l'OM il y a pile sept ans. Au printemps 2009, le nom de Vincent Labrune, nommé à la présidence du conseil de surveillance de l'OM un an plus tôt, commençait à phosphorer tout autant dans la presse. Présenté comme un homme spécialisé dans la communication de crise après avoir fait ses armes à France Télévision puis aux côtés de Jean-Luc Delarue, sa connaissance du football était alors qualifiée de limitée. Pourtant, agacée, l'équipe dirigeante alors en place ne cessait de regarder en sa direction à la suite de nombreuses critiques émises dans la presse, sous couvert d'anonymat, comme par exemple lorsqu'une anecdote sort à quelques heures d'un match des Olympiens, à la lutte alors avec Bordeaux pour le titre, pour expliquer qu'Adriano Galliani du Milan AC aurait proposé Yohann Gourcuff à Robert Louis-Dreyfus lors d'une partie de poker. Pape Diouf et Julien Fournier passent alors pour les idiots du village qui ont refusé celui qui marche alors sur la Ligue 1 pour enrôler l'irrégulier Hatem Ben Arfa. Le point de non-retour est atteint à quelques journées de la fin du championnat. Eric Gerets annonce son départ du club alors que tous les supporters voulaient le voir prolonger, Robert Louis-Dreyfus en tête. Tancé pour donner les raisons de son départ, le Belge explique qu'il n'a pas apprécié une interview de l'actionnaire principal au mois de janvier dans les colonnes du 10 Sport, où on lui avait alors mis la pression. Pour de nombreux observateurs, RLD n'était alors pas en état physique de donner un entretien et c'est son conseiller de l'ombre qui aurait donné, ou tout du moins écrit, le change... Excédé, se sentant en position de force avec les supporters de l'OM derrière lui, Pape Diouf avait alors choisi d'attaquer frontalement Labrune. A la commanderie en fin de saison, à l'occasion d'un tournoi amical avec la presse, il avait fait le tour des tables pour glisser tout le mal qu'il pensait de l'action du président du conseil de surveillance. Avant de s'en prendre à lui en interview. "On n'a pas grand-chose à se dire… Son nom est en train de prospérer, mais il vient du néant" ou encore "Je me suis rendu compte qu'il voulait m'imposer certaines choses. Je lui ai donc répondu : certaines décisions, si tu penses les prendre, il faudra que tu viennes poser ton cul où j'ai mis le mien". En mettant Labrune en pleine lumière, Diouf espère faire tomber les masques. "Que cela soit clair. Il n'est pas question pour moi d'occuper le poste de président de l'OM" contre lors d'une de ses rares interventions publiques... l'actuel président. 

Qui est le "meilleur ennemi" ?

Vincent Labrune n'a évidemment rien oublié. Aujourd'hui, il s'y prend donc différement pour ne pas finir comme Diouf, contraint à une démission qu'il ne souhaite pas au fond de lui. Fidèle à sa méthode, il choisit les chemins de traverses, les coulisses, et les déclarations ambigues. Aujourd'hui, le conseiller de MLD est le principal fautif dans la non-reconduction de Bielsa à la tête de l'OM. Mais sur le moment, c'est l'absence de Labrune à ce rendez-vous, qui avait délégué la tâche à Philippe Perez, qui avait interpellé. Quelques mois plus tôt enfin, c'est Margarita Louis-Dreyfus qui avait assuré en personne à Bielsa après OM-PSG qu'elle souhaitait le voir s'inscrire dans la durée à l'OM. Finalement, quand Labrune parle d'un poste qu'il ne souhaite pas à son meilleur ennemi lors d'une intervention télévisée après la déroute contre Rennes (2-5), il fait peut-être plus référence à Igor Levin qu'à Pape Diouf. A moins qu'il ne s'agisse de Mehdi El Glaoui. L'homme d'affaire, spécialisé dans l'industrie pharmaceutique, était président du conseil de surveillance avant Vincent Labrune. Il est aujourd'hui revenu ... dans la garde rapprochée de Margarita Louis-Dreyfus. Pour ne rien laisser passer à son successeur ? A l'époque, Vincent Labrune n'avait pas tenu en premier lieu à lui succéder dans l'organigramme de l'OM. En 2008 donc, il avait d'abord proposé le rôle à... Jean-Claude Dassier ! Une technique de transition en douceur qu'il a donc reconduite deux ans plus tard, pour la présidence tout court du club marseillais. Et qui laisse en tout cas penser que Labrune se retrouve aujourd'hui dans une situation similaire à 2009, au détail près qu'il est désormais dans le camp d'en face. 

Des finances au plaisir

"Que Labrune s'en aille ou pas, ce n'est pas le sujet. Si le système ne change pas, ça ne fonctionnera pas. Comme Pape Diouf ou moi à l'époque, il a emmagasiné de l'expérience. Mais le problème, c'est qu'à la fin, on repart avec et ça ne bénéficie à personne. C'est brutal". Le constat est signé Christophe Bouchet, toujours dans La Provence. L'ancien président du club, de 2002 à 2004, met le doigt sur l'aspect cyclique de la fonction présidentielle à l'OM. Mais pointe-t-il pour autant les bonnes causes ? Labrune, qui jurait avoir accepté la fonction suprême non pas par plaisir mais parce qu'il y avait nécessité à remettre de l'ordre dans la situation financière du club, a depuis pris goût au marché des transferts, aux relations privilégiées avec les agents et aux discussions tactiques. En septembre dernier, il confessait d'ailleurs que c'était cette même notion de plaisir qui l'avait poussé à choisir Michel : "Un agent, Mariano Aguilar, me propose Michel. En tant que dingue de foot, ce nom me fait réagir. Je suis de la génération 1980. Mes idoles s’appellent Platini, Maradona, Falcão… et Michel, ex-grande star du Real Madrid. Je viens de prendre une bombe atomique sur la tête, alors, parler foot avec Michel, ça me plaît, pardonnez ce petit plaisir égoïste…". La confidence est glissée à L'Equipe Magazine, là même où Diouf n'avait pas pris de gants à son encontre sept ans plus tôt. Ce qui donne presque envie de croire qu'Igor Levin sera le futur président de l'OM, qu'il dotera dans quelques années d'un projet "Spartak Moscou".