Éric, quel est ton avis sur cette élimination de l'OM ? Les Marseillais ont-ils joué le coup à fond ?
Éric Di Meco : "Quand j'ai vu les conditions dans lesquelles s’est déroulé le match, je savais qu'il y aurait embrouille. Quand on reprend après la trêve, pour un premier match, en Coupe de France, à l'extérieur, sous la pluie, un terrain pourri, ça sent le piège. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. J'ai un souvenir d'un premier match de Coupe de France avec Monaco, à Poitiers, il neigeait, il y avait la grosse équipe à l'époque (Barthez, Petit, Thuram...), on s'est fait crever, aux penaltys. Le gardien était en état de grâce, les conditions étaient pourries, tu es nul, on marque jamais, on va en prolongation et on perd aux penaltys. Le problème du match de dimanche, c'est qu'ils se sont fait bouffer dans le jeu, c'est ça qui est bizarre. C'est récurrent aussi sur ce tour de Coupe de France, car il y en a d'autres des équipes de L1 qui se sont fait bouger dans le jeu. Je me pose pas mal de questions sur le niveau de jeu des garçons qui jouent en L1."
Dix clubs de Ligue 1 ont été éliminés lors de ce tour, est-ce une faiblesse de la L1 ou les grosses écuries snobent cette compétition ?
Éric Di Meco : "Il y a des années comme ça où beaucoup d'équipes se font sortir au premier tour, ce n'est pas ça le problème, après, c'est la manière. À l'époque aussi ça arrivait qu'il y ait six ou sept équipes qui tombent. Mais c'était le match pourri, le gardien en état de grâce. Là, quand j'ai regardé Issy-les-Moulineaux contre Brest, le fossé entre le monde professionnel et le monde amateur n'est plus si important que ça. Quand on regarde ces matchs-là, s'il n'y avait pas eu l'arrêt Bosman en 1996, certains garçons ne seraient pas professionnels. Certains sont professionnels car les meilleurs joueurs français sont à l'étranger. Le fossé s'est comblé. Quand on se fait bouger dans le jeu par une équipe de National, voire de CFA, quand on est une Ligue 1, ce n'est pas normal."
Si tu étais joueur de l'OM aujourd'hui, secouerais-tu tes coéquipiers et penses-tu qu'ils ont cette capacité d'écoute vis-à-vis des anciens ?
Éric Di Meco : "Je crois que c'est de plus en plus compliqué de gérer les jeunes joueurs maintenant, c'est sûr. D'un autre côté, le match de dimanche soir était aussi particulier, je me demande si c'est aussi catastrophique que ça, car, quoi qu'il arrive, ils ne peuvent pas jouer sur les quatre tableaux. Même si Didier (Deschamps) ne le dira jamais, même s'il a fait une équipe qui devait battre Evian, ce n'est pas grave, car il y a la Ligue des Champions, le championnat et la Coupe de la Ligue. Ce n’était pas possible de gérer tout ça sur les quatre mois à venir, ils étaient obligés d'exploser dans une compétition. J'espère qu'il n'y aura pas de répercussion, on verra dimanche soir comment cela va se passer. Pour en revenir aux jeunes joueurs, quand on entre dans une équipe qui ne tourne pas, c'est compliqué aussi. Cette défaite à l'extérieur contre une Ligue 2 peut affecter moralement le groupe, mais Didier ne doit pas être mécontent de lâcher cette compétition."
On a l'impression que Deschamps n'arrive pas à fédérer ses troupes, contrairement à la saison dernière...
Éric Di Meco : "Quand on regarde la première partie de la saison, il est toujours dans la course pour le titre, il est qualifié pour les 8es de finale de Ligue des Champions, ce qui était l'objectif du club, on ne peut pas dire que le discours ne passe plus. Ce n'est pas parce qu'il y a eu un faux pas en Coupe de France qu'on peut dire ça. Par contre, les matchs qui arrivent en championnat, notamment celui contre Bordeaux, là, il ne faut plus se manquer. Si l'OM n'est pas champion cette année, ce sera une contre-performance."