Covid OM : le spectre d’un début de saison injouable
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 20/08/2020 à 01:00
Le premier match de l’OM est reporté avant même le coup d’envoi de la saison. Un scénario inquiétant pour la suite.
Jordan Amavi a ouvert le bal, avant que Steve Mandanda, Maxime Lopez et Valentin Rongier soient déclarés à leur tour positifs au Covid-19. Un scénario que tous les clubs redoutaient et qui a pour conséquence le report de la réception de Saint-Etienne qui devait avoir lieu vendredi pour l’ouverture de la saison de Ligue 1. Inutile de préciser que ce qui se passe à l’OM va aussi tomber sur la tête des autres clubs et qu’on peut déjà se gratter la tête sur la possibilité même de démarrer cette saison 2020-2021. En effet, cette règle sur le virus circulant dans les clubs décidée par la commission de la LFP semble immuable en l’état actuel, laissant entrevoir d’autres reports à venir, et on ne voit pas de solution alternative, comme l’explique au Phocéen l’ancien médecin de l’OM et de l’équipe de France de rugby Jean-Baptiste Grisoli :
"Cette règle sur le nombre de cas par club est normale, puisqu’il fallait bien fixer un chiffre, mais vu le rythme où vont les choses, je me demande s’ils ne vont pas devoir faire des concessions. À mon sens, vu comme c’est parti avant même de commencer, le championnat ne pourra pas se dérouler normalement. On s’aperçoit que, malgré toutes nos méthodes préventives, les joueurs s’infectent par la vie sociale. Il est clair qu’ils se contaminent en dehors du foot et qu’ils importent le virus dans le vestiaire. En fait, la seule solution serait de se calquer sur ce qu’il se fait en ce moment en Champions League, avec des équipes et des staffs en univers clos, mais c’est évidemment impossible avec un championnat de 38 journées étendu sur toute une saison. On ne peut pas obliger les joueurs à se couper de leur famille en restant cloîtrés dans un centre d’entraînement, que ce soit sur le plan moral ou juridique. Je travaille en milieu hospitalier à Marseille et je vois bien l’augmentation des cas chez les 18-35 ans qui multiplient les soirées entre amis et les dîners au restaurant. Les joueurs de Ligue 1 sont évidemment dans cette tranche d’âge, et ce qui se passe pour l’OM lors de cette première journée va aussi se passer dans les autres clubs, il ne faut pas rêver. Quant à la possibilité de jouer devant des spectateurs, n’y pensons même pas."
La responsabilité des joueurs professionnels doit absolument monter d’un cran
Un avis partagé par l’ensemble du corps médical et qui laisse entrevoir un sac de noeuds inextricable pour ce début de saison en Ligue 1. Le virus circule et ni l’immunité collective ni le vaccin ne sont envisageables avant un bon moment. Aussi, le docteur Jean-Baptiste Grisoli en appelle à la responsabilité individuelle des joueurs professionnels, qui n’ont pas pris encore conscience de la situation selon lui :
"Il faut les sensibiliser encore plus sur leurs obligations, car je ne trouve pas normal qu’ils attrapent le virus en dehors. On sait qu’en cette période les joueurs passent plus leur temps libre à Saint-Tropez que dans des gîtes de l’Ardèche, et c’est le problème. Ils sont professionnels et doivent prendre conscience qu’ils mettent tout un système en danger, au-delà de leur santé et celle de leurs proches. C’est ce que j’ai dit aux joueurs de rugby récemment : aujourd’hui, c’est malheureux mais ils n’ont pas le droit d’aller au restaurant ou de faire des bringues en intérieur, ni même à l’extérieur. Ce sont des prises de risques qui mettent en grand danger tout un système économique. Quand je vois leurs comptes Instagram avec des soirées sur des roof-tops ou à Saint-Tropez, ce n’est pas possible. Je sais qu’ils sont jeunes, mais ils doivent prendre leurs responsabilités. Pour moi, au moins jusqu’à la trêve hivernale où on y verra peut-être plus clair, ce doit être maison, entraînement et retour à la maison. Point final". Les dirigeants de clubs ne se sont pas encore exprimés sur le sujet, mais il ne serait pas étonnant de voir paraître de telles mesures sous peu. Un constat sévère, mais au vu de la situation, il n’y a apparement aucune autre solution...