Alors que les jeunes pousses marseillaises rêvent d'un destin à la André Ayew, existe t-il des solutions pour réussir un bon prêt ?
Dans le football moderne, le prêt de jeunes joueurs s'inscrit pleinement dans la stratégie d'un club pour l'amélioration de son effectif à l'exception des formations espagnoles, qui n'en ressentent pas forcément le besoin puisque les réserves peuvent évoluer en deuxième division. Mais si l'on prend la sélection anglaise, ils sont un bon paquet à avoir été envoyés se faire les dents dans une équipe plus modeste (Hart, Walker, Wilshere, Cleverley, Welbeck). En Italie, chaque équipe compte une dizaine de joueurs prêtés ou en copropriétés alors qu'en Allemagne, le Bayern a pris l'habitude d'envoyer ses meilleures pépites en rodage au Bayer Leverkusen, comme Toni Kroos, un club qui pourrait être considéré comme un concurrent pourtant. En France, les dirigeants sont moins portés sur cette pratique, même si chaque club est capable de ressortir un coup qui a marché. Comme le prêt d'André Ayew à Arles-Avignon.
Aujourd'hui, les prêts de Raffidine Abdullah et Larry Azouni sont évoqués. Le club, qui assure vouloir s'appuyer sur ses jeunes pousses, rêve de voir ces éléments revenir métamorphosés, comme le parisien Rabiot par exemple, parti à Toulouse la saison dernière. Rolland Courbis s'est parfois fait prêter des joueurs à qui il a donné une autre dimension. Ce fut le cas notamment de Sébastien Squillaci à Ajaccio ou de Gary Bocaly à Montpellier. "Pour Squillaci, c'est Monaco qui payait son salaire, parce qu'en contre-partie ils estimaient qu'il y avait un temps de jeu pour le joueur qui les arrangeait bien, nous confie l'ancien entraîneur de l'OM, dont vous pouvez retrouver l'inrégralité de l'interview sur le Phocéen Tv. Il assure qu'il n'y a pas de recettes miracles, si ce n'est un projet maintes fois évoquées. Il faudrait s'arranger avec un club à côté comme Istres ou Arles-Avignon. Ayew ça a été une réussite, je ne vois pas pourquoi cela n'a pas été poursuivi. Il n'y a pas besoin de faire un dossier d'une tonne pour faire un partenariat". Mais à écouter celui qu'on appelle "Coach Courbis" sur RMC, il y a tout de même deux trois règles à respecter. De s'y prendre à l'avance pour commencer. "Tu fais le tour des clubs où tu veux prêter tes joueurs en mai, tu leur donnes les joueurs directement, de manière à ce qu'ensuite ils ne se renforcent pas à ce poste. Parce que si tu veux donner du temps de jeu à un élément, tu ne vas pas attendre qu'il y ait trois mecs qui peuvent jouer à son poste" déroule Rolland. Il faut ensuite bien se pencher sur le profil de celui qui va diriger le prêté pendant un an. "Si tu les prêtes à un endroit où il y a un âne, ils vont peut-être régresser. C'est valable pour tous les joueurs, pas seulement pour les jeunes. Il y a des personnes avec qui tu progresses et d'autres non. Tu vois ceux qui sont passés par Lorient, ils ont progressé. Ce n'est pas parce que c'est à l'ouest de la France. C'est parce qu'il y a un club, un contexte, une ambiance".
Et un entraîneur donc, Christian Gourcuff. Qui s'est fait prêter plus d'un joueur de l'OM, notamment au début des années 2000, lorsque le club morbihannais faisait connaissance avec l'élite. Le technicien adepte du 4-4-2 se rappelle sans mal l'explosion de Seydou Keita avec le maillot orange. Si aujourd'hui, il ne scrute plus l'effectif marseillais lors du mercato, c'est bien qu'il y a une raison, même si ce n'est pas définitif. "Quand un club commence à prendre de l'assise, ce ne sont plus des situations qui sont intéressantes parce qu'on travaille pour l'avenir et là c'est du court terme. Mais ça peut permettre d'avoir des joueurs d'un niveau supérieur que l'on n'aurait peut-être pas d'ordinaire, donc ce n'est pas à négliger" explique le Breton au Phocéen. Cet été, Abdullah a été évoqué du côté de Lorient. Une hypothèse qui semble loin de l'esprit du technicien. Car à son poste, Gourcuff peut compter sur Mario Lemina, champion du monde U20 avec l'équipe de France. Tant qu'à jouer les doublures, autant rester dans un club qui joue la coupe d'Europe, c'est ce que pense l'entraîneur lorientais, qui doute que l'OM soit enclin à lui prêter le joueur juste pour le plaisir de le voir s'entraîner sous ses ordres. "Un joueur, pour qu'il soit prêté dans un club de Ligue 1, il faut vraiment qu'il soit au-dessus" conclut-il, faisant référence également à l'implication qu'un joueur prêté peut avoir, alors que des jeunes d'Arsenal et Manchester City sont récemment venus prendre de l'expérience au stade du Moustoir.
Reste à espérer pour les deux pousses marseillaises que Tours (pour Azouni) et Bastia (pour Abdullah), les deux clubs avec qui ils ont des contacts, soient des tremplins au moins aussi performant que l'ont été Guingamp pour Cédric Carrasso ou Bordeaux pour Didier Deschamps.