La formule de la Ligue des champions a beau avoir évolué au fil du temps, même elle n'est pas aussi cruelle. Car les matchs sont espacés de plusieurs semaines, il y a toujours de quoi se refaire la cerise avec le championnat local ou une coupe nationale qui traîne. Mais là, non. En trois jours, l'OM a dû jouer deux équipes qui ont montré qu'elles ont largement le niveau pour bien figurer en quart de finale de la plus prestigieuse des compétitions. Comme si ça ne suffisait pas, il a en plus fallu les jouer à domicile, en forçant sur le ressort de la fierté, alors que c'est bien connu, l'orage passe toujours plus vite lorsqu'il tombe loin de Marseille. Au moment de faire le bilan, c'est une petite boucherie : neuf buts encaissés en deux matchs, une humiliation et une élimination en coupe de France. Alors certes, les Olympiens ont eu une réaction et ont fait nettement mieux. Mais seule une qualification aurait pu vraiment effacer ce qu'il s'est passé dimanche soir. Dans quelques années, aux fans parisiens qui voudront chambrer en rappelant le 5-1 de 2017, il aurait été facile de répondre sans mauvaise foi qu'avec une qualification héroïque face à ce Monaco derrière, cela pourrait presque se produire chaque année que ça ne serait pas dérangeant. Mais là ? "Oui, c'était une période difficile, on n'avait pas encore l'équipe pour lutter...".
Il ne faut pas non plus faire comme si rien ne s'était passé lors de ce match contre Monaco. Alors que les virages avaient sorti des banderoles plutôt hostiles avant le coup d'envoi, la rencontre s'est terminée avec un tour d'honneur des joueurs de Rudi Garcia effectué sous les applaudissements, malgré l'élimination. Les supporters n'ont pas pour autant été pris de pitié. Ils ne sont pas bêtes, ils ont vu que leurs protégés avaient tout donné. Revenir trois fois au score contre cette équipe, ce n'est pas donné à tout le monde, car Monaco n'avait rien d'une équipe B avec ses Lemar, Fabinho et Bernardo Silva rentrés rejoindre Benjamin Mendy, Jemerson, Tiémoué Bakayoko, Moutinho, Valère Germain ou encore Kylian M'Bappé, C'est bien la preuve, tiens, qu'avec un schéma à cinq défenseurs, on peut être ambitieux dans le jeu, en accompagnant à plusieurs les opportunités offensives qui sont données à la pointe devant. Il y aura toujours une lumière aux commentaires type Jérôme Alonzo pour trouver que non, que l'OM reste derrière et que c'est un scandale de ne pas aller presser Jemerson. Fort heureusement, l'OM est entraîné par quelqu'un d'un peu plus intelligent, qui a tiré donc quelques leçons du match contre le PSG. Certes, il y a du coup de quoi avoir des regrets en se demandant ce que ça aurait pu donner avec une prise de conscience plus précoce, mais ça ne ferait pas vraiment avancer les choses non plus. Il y aurait probablement eu deux défaites au bout aussi, parce qu'une défense de ce niveau face à une telle puissance offensive, il ne peut de toute façon en être autrement. Rolando et Doria pourraient passer des heures avec Antonio Conte que ça ne changerait rien, ils finiront toujours par plomber leur équipe à un moment ou à un autre. Ne serait-ce que par les 20km/h d'écart qu'ils ont à la course avec MBappé et Lucas.
Malheureusement, ils vont encore porter le maillot de l'OM jusqu'en mai. Il y a juste alors de quoi se rattacher au calendrier. D'accord il n'y a plus que de la Ligue 1 au programme, mais l'OM a fait le plus dur. Restent des matchs à enjeux contre Saint-Etienne et Bordeaux, ainsi qu'une sympathique réception de Nice. Mais le futur proche, c'est Lorient, Angers, Lille, Dijon et Toulouse. De quoi faire une série. Un peu comme à la fin de l'année 2016, lorsque les Phocéens avaient pris 13 points en 5 matchs. D'ailleurs, c'était après en avoir encaissé quatre contre Monaco.