Ils s'en étaient donné à coeur joie. Après la défaite sèche à Monaco (0-4), les comparatifs des bilans de Rudi Garcia et Franck Passi étaient dégainés par tous les amis d'El Local comme une preuve irréfutable, oubliant que le calendrier du nouveau technicien phocéen (déplacement à Paris, Montpellier et donc Monaco) n'avait rien à voir avec les difficultés proposées lors des neuf premières journées avec Passi. Déjà, pour toutes les premières décisions de Garcia, il y en avait toujours pour distiller les fameux "si c'est Passi qui fait ça, tout le monde lui tombe dessus...". Aujourd'hui, la formule fait sourire, au moins autant qu'un Bastiais qui se plaint de l'arbitrage. Parce que lorsque Franck Passi est débarqué, l'OM est 12e du championnat avec ce sentiment qu'il n'y a trop rien à jouer alors qu'il y a encore les trois quarts du championnat à disputer. 10 matchs de championnat plus tard, Garcia, avec 5 victoires, 3 nuls et 2 défaites, a déjà amené l'OM au niveau des places européennes. La deuxième partie de cet exercice 2016/2017 s'annonce très excitante, aussi parce qu'il n'y a pas que les bilans comptables qui parlent : les Phocéens ont désormais une identité de jeu, une supériorité technique, et un coaching qui fait gagner des matchs dans les dernières minutes. Du coup, peu importe si cet OM n'a pas gagné une formation classée plus haut que la 12e place de Ligue 1.
Car Garcia a créé une équipe, n'en déplaise à Franck Passi qui estimait il y a peu avoir "préparé le repas" : il a sorti Rolando du placard, il a donné les clés du jeu à Maxime Lopez, il a installé William Vainqueur dans un milieu à trois où il se régale à faire circuler le ballon et il a fait comprendre à Thauvin qu'il n'y avait pas forcément que lui pour faire la différence. Du coup, une dynamique s'installe, une hiérarchie se dégage et ça devient plus facile pour un remplaçant de se mettre au diapason. C'est par exemple le cas de Karim Rekik, qui a remplacé Hubocan au pied levé à Furiani et qui a pourtant sorti son meilleur match. Du coup, à la fin de la rencontre, quand Garcia évoque le mercato, assure qu'il ne prendra pas des joueurs pour prendre des joueurs mais uniquement des éléments capables de s'inscrire dans le nouveau projet de l'OM, il est crédible. Fini les mercatos dans l'urgence, il sera possible de faire dans le qualitatif plutôt que dans le quantitatif, comme l'été dernier. Ce qui est un bon signal à envoyer sur le marché : le club n'aura besoin de se mettre à genoux pour personne. Et de toute façon, vu les challenges qui se présentent, les joueurs ciblés ne vont pas forcément faire les difficiles. En l'espace de quelques semaines, tout a donc changé. Il fallait juste être patient. Et encore, puisqu'à la trêve, l'OM est pile dans les temps. Comme quoi, le changement ne pouvait pas attendre le match à Paris...