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Saison

Ce qu'il s'est passé à la conf' de Bielsa

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 20/12/2014 à 07:00

Ce qu'il s'est passé à la conf' de BielsaCe qu'il s'est passé à la conf' de Bielsa

En répondant intensivement à des réserves sur la fatigue de son équipe, Marcelo Bielsa a créé le buzz. Mais que s'est-il vraiment passé en conférence de presse ?

Promis, il n'était pas venu pour régler ses comptes, quelques jours seulement après avoir gagné le Prix Citron France Football. En conférence de presse ce vendredi, deux jours avant le dernier match de la phase aller contre Lille, Marcelo Bielsa a pourtant permis aux adeptes de la "presse bashing" (ceux qui ont une dent contre les journalistes) de se frotter les mains. Ses réponses iront peut-être directement se loger à côtés des passes d'armes également filmées d'Eric Cantona et Giovanni Trapattoni avec les plumitifs. Mais l'entraîneur argentin n'a pourtant voulu parler que du fond. Et comme pour sa première conférence de presse, il y a toujours une part d'incompréhension entre "El Loco" et le monde qui l'entoure.

"Votre argumentaire manque de poids"

Alors qu'une trêve se profilait après la défaite contre le PSG, Marcelo Bielsa avait tenu à ce qu'il y ait une conférence de presse. Il était important à ses yeux de ne pas se défiler après un tel échec. Ce vendredi, pour lui, c'était donc l'occasion d'évoquer Lille mais aussi la défaite à Monaco, à froid. Une première remarque, générale, sur la fatigue des troupes, l'interpelle. "Pour prendre un exemple, le match de Monaco a été celui où on a le plus couru" argumente-t-il, invitant son interlocuteur à reposer la question avec cette donnée. A la place, le coach phocéen doit faire avec une observation sur le pressing moindre effectué à Louis II. D'un ton posé, il déroule : "Vous ne voyez pas les matchs. Car pour pouvoir faire du pressing, il faut que l'équipe adverse mette le ballon en jeu, il faut regarder ce qui se passe quand le gardien adverse a le ballon. Donc quand vous me dîtes que l'équipe presse moins qu'avant, je vous réponds que vous ne devez pas voir les matchs ou pas les regarder en prenant en compte les bonnes choses, car le gardien de Monaco a joué long sur tous ses ballons pour éviter la circulation dans son propre camp". Pour la relance suivante, il finalise sa réponse avec un piquant : "Je n'ai rien contre le fait d'échanger sur ce sujet avec vous, cela me rend plus riche, mais de manière évidente, il manque du poids à votre argumentaire".

"Facile d'aimer le beau jeu quand les résultats suivent"

Il y a fort à parier que Marcelo Bielsa rêvait de ces joutes verbales. S'il est peu locace, l'entraîneur suit attentivement ce qui se dit dans la presse sur son équipe. Et les critiques sur la supposée fatigue de son équipe, sur l'exigence de son système, qui fait forcément finir les joueurs sur les rotules, l'agacent. Il s'en explique de manière légitime : "Si vous allez voir un joueur pour le convaincre qu'il est fatigué, il va le croire. Pour le public c'est pareil. Pour quelqu'un qui n'est pas expert, si vous lui affirmez quelque chose, il va avoir tendance à le croire. Cette conversation, je l'ai donc aussi pour le public et les joueurs". Après deux nouveaux passing shots (notamment un "si vous croyez que de ne pas avoir le ballon, courir moins, attaquer moins, avoir moins d'occasions de but, c'est une manière de se créer un style de jeu, c'est légitime d'y croire"), Bielsa passe à d'autres sujets. Où il est loquace, preuve que le débat ne l'a pas mis en colère. Au moment de partir, il revient toutefois sur l'échange, et ne se prive pas d'en remettre une couche sur les journalistes sur un thème bien plus général, sur l'incohérence de ces gens qui lui demandent en permanence du beau jeu, au contraire de ses prédécesseurs, et qui viennent lui reprocher le manque d'efficacité de son équipe à la première défaite venue. "C'est facile d'aimer le beau jeu quand les résultats suivent".

Ne pas oublier le contexte

Il ne faut cependant pas se tromper de cible. Pas occulter le cadre si singulier de ces conférences de presse retransmises en directe où, hors champ, la directrice de la communication agite ses bras pour indiquer l'ordre de ceux qui doivent donner le change à l'entraîneur argentin, où les journalistes sont gênés de poursuivre plus loin l'argumentaire, conscients que la salle est pleine et que les 30 minutes de présence de Bielsa doivent contenter les besoins de tous. Rien ne sert donc de présenter ce moment comme un clash. Le coach de l'OM a plutôt fait une mise au point. Pour lui, un média est un relais avec le public. Il veut convaincre les sceptiques. Lui aussi n'a qu'une demi-heure hebdomadaire... et ce n'est peut-être pas de son fait.