Mercredi, dans un précédent édito, nous titrions "Ayew : après les larmes, aux armes !" Les pleurs qui ruisselaient sur les joues du Ghanéen avaient ému. La tristesse de ce compétiteur-né avait frappé ceux qui doutaient encore de la mentalité du milieu de terrain tant engagé. Pourtant, des doutes, il y en avait avant ce match contre Reims vendredi. Encore. Toujours. Comme un éternel refrain. Comme si Ayew, finalement, ne pouvait pas être celui qui tire l'équipe vers le haut, celui qui apporte sa grinta, celui qui a l'aura d'un capitaine, même si le brassard ne lui appartient pas. Depuis ses débuts professionnels à Marseille, une - petite - partie du public lui voue un désamour profond. Certes, il n'est pas spectaculaire, et il ne dribblera pas trois adversaires avant de centrer au cordeau, mais le Ghanéen, qui jure qu'il ne perdra pas trois fois une finale de Coupe d'Afrique des Nations, a pour lui le don de soi, la fougue, l'expérience, l'influence. Finalement, c'est lui le véritable leader de l'OM, celui qui a l'âme du capitaine.
Quelques heures après son retour de terre africaine, Dédé a surnagé dans ce match contre Reims. À gauche en première période, dans un rôle très avancé de milieu relayeur après la pause, il a régalé le Vélodrome, s'est fait acclamer à chaque occasion. Ses coéquipiers Rod Fanni et Giannelli Imbula lui ont d'ailleurs rendu un bel hommage après la partie (voir en vidéo). Et là, finalement, comme un petit éclair de lucidité et d'incrédulité, on se demande pourquoi Gignac n'y arrive plus, pourquoi Thauvin n'est pas loin de racheter le costume de Casper à Payet, pourquoi Romao est transparent - même si on a bien une idée - pourquoi Imbula ne rayonne plus. Pourquoi, pour résumer, cet OM n'y arrive pas. Car disons le franchement, Ayew n'est pas plus fort que ces mecs-là à la base, sauf que lui, il a l'envie. Toujours. La volonté de rendre à ce club ce qu'il lui a apporté. Donner du bonheur aux supporters.
Attention, loin de nous l'idée de glorifier André Ayew plus que de raison. Mais le match de vendredi a remis en lumière les carences de cette équipe phocéenne. Et c'est un joueur qui a passé un mois en Guinée Équatoriale, et tout juste sorti de l'avion, qui a donné un coup de fouet à ses dix partenaires. Ça intrigue. Ça interroge surtout aussi. Pourquoi tous ne se mettraient-ils pas au diapason après tout ? Avec un peu d'envie, ça doit bien être possible, non ? Nous, en tout cas, on aimerait bien avoir onze Ayew sur le terrain. Doux utopistes et niais que nous sommes. Au moins, on lance l'idée. Le reste...