Ce devait être la vraie coupe d'Europe. Comprendre la partie la plus intéressante de la compétition. Et ça l'a été. Un vrai match de coupe d'Europe... d'équipe française. L'image, souvent utilisée, est malheureusement toujours d'actualité. Contre Bilbao, l'OM a sorti le remake de l'outsider qui se fait plumer sur la scène européenne et qui finit sa rencontre avec des regrets. L'histoire ne bouge pas. L'OM élève son niveau de jeu sans pour autant trop se découvrir, pousse sans trop pousser, ce qui fait que l'équipe domine les débats sans que l'on puisse dire si cela sert vraiment à quelque chose. Puis, au moment où les Phocéens semblent se décider à pousser un peu le curseur, elle encaisse un but, venu d'ailleurs, et ne s'en relève jamais.
En début de saison, Vincent Labrune était allé chercher un technicien étranger pour ça. Il était alors question d'état d'esprit, de philosophie. Pour autant, difficile de taper sur Michel après cette rencontre. Après tout, le technicien a opté pour un nouveau schéma de jeu, avec un Nkoudou qui se positionne juste derrière Fletcher pour exploiter son jeu, Barrada et Alessandrini sur les côtés dans un 4-4-1-1 plutôt séduisant. C'était d'ailleurs le schéma de l'OM pour l'un de ses meilleurs matchs de la saison, celui en tout cas où l'équipe avait eu le mérite de surprendre son monde et même d'ouvrir le score, au Parc des Princes face au PSG (2-1). Après le but des visiteurs, Michel n'a pas attendu l'heure de jeu pour faire des changements. Il a pris sur son banc les deux éléments les plus offensifs pour remplacer les deux joueurs qui hérissaient le plus les poils des spectateurs du Vélodrome. Il est toujours possible de dire que l'entraîneur espagnol n'avaient qu'à faire travailler à ses ouailles ce système avant, depuis des semaines, de telle sorte que l'OM ressemble un peu plus à une équipe, comme Bilbao en fait, où chacun savait ce qu'il avait à faire au geste près. Mais cela dépasse très largement le cadre de la rencontre. Et surtout, c'est peut-être tout simplement une question de niveau. En résumé, difficile de trouver moche le dernier parapluie de la collection Michel : "Je doute que Valverde ait donné à Aduriz comme consigne de marquer un tel but". Bien vu. Ce qui a fait la différence, c'est peut-être tout simplement le talent.
Pourtant, l'OM avait des arguments à faire valoir dans cette opposition. Déjà le simple fait que ce soit un match européen allait donner envie à certains éléments de bien figurer. Ca n'a pas manqué, Nkoulou a montré en première période qu'il était dans un de ses meilleurs jours, Lassana Diarra était par ailleurs fidèle à lui-même. Mais au bout d'un moment, le naturel est revenu au galop. Nkoudou, dans un rôle axial, a rappelé que faire des passes n'était pas son hobbie préféré. Barrada a pour sa part montré qu'il n'était pas dans le top 100 en ce qui concerne la vitesse d'éxecution. Quant à Alaixys Romao, s'il a prouvé par ses tacles qu'il pouvait faire un milieu défensif précieux, il n'est pas fait pour jouer plus haut comme l'exigeait ce schéma, en témoigne ses passes ratées à cinq mètres. Isla aurait peut-être été meilleur dans ce rôle, mais il devait déjà jouer à droite. Ou il pouvait être remplacé par Manquillo mais il fallait quelqu'un de plus présentable que De Ceglie à gauche... le casse-tête est sans fin. Bien évidemment, la tactique de Bilbao, qui est également passé en 4-4-1-1 en fin de match, donnant l'impression de pouvoir jouer des heures sans prendre un but, fait rêver. Mais il faut dix joueurs de champ capables d'appliquer les consignes et de se faire confiance quoi qu'il arrive. L'OM en est loin, très loin.