N'exagérons rien. En un mois Rolando n'est pas passé du statut de tête de turc à celui de la tête de gondole de la défense marseillaise. Néanmoins, le stoppeur portugais de 30 ans, acheté 1,5 million d'euros par l'OM le 31 août, et qui jouit d'un contrat de trois ans, a acquis une certaine dose de respect de la part des observateurs et des supporters olympiens. Impensable il y a quelques semaines. Focus.
Le 31 août, alors que les supporters s'attendent à la signature d'une doublure pour le poste d'avant-centre, ce sont trois défenseurs qui signent au club. Le premier, Mauricio Isla a été considéré comme une bonne recrue, même si l'OM avait déjà deux arrières droits. Le second, Paolo De Ceglie, ne sait peut-être pas lui-même ce qu'il fait là. Le troisième, enfin, a été présenté comme un joueur énorme, "Le colosse du Cabo Verde" annonce d'ailleurs le site officiel du club. Le soir même, l'OM échouera dans sa recherche de l'attaquant tant désiré. Du coup, le duo De Ceglie-Rolando est d'autant plus mis sous les projecteurs. Mais ce qui fait que ce transfert ne passe pas très bien, c'est le rôle décisif qu'a joué le fonds d'investissement Doyen Sport dans son arrivée. L'OM qui compte alors Nkoulou, Rekik, Doria (qui sera prêté le même jour à Grenade) et Sparagna dans son effectif, se retrouvé lié pour trois ans avec un stoppeur de 30 ans qui sort d'une saison cauchemardesque achevée dans les tribunes d'Anderlecht, où il fut prêté sans succès en fin de saison dernière. De plus, le joueur arrive totalement à court de forme...
"Je n'essaie pas de trouver des excuses. Si je joue, je dois être prêt pour aider le club et être bon. Lorsque je n'y parviens pas, ce n'est pas à cause de la préparation. En football, tu veux toujours être le meilleur possible, mais parfois, tu n'y arrives pas. (...) Je ne me suis jamais senti comme un titulaire. Je travaille pour jouer, et j'essaye de faire de mon mieux quand on fait appel à moi. Les critiques, dans le foot, c'est normal. Quand les critiques sont négatives, j'essaie de prouver le contraire, et quand c'est positif, j'essaie de prouver que c’est mérité. C'est normal pour moi." Lucide, Rolando n'a jamais cherché d'excuses après ses premières sorties délicates sous le maillot blanc. Son match au Parc des Princes, alors que Karim Rekik était attendu, aura laissé des traces pendant de nombreuses semaines. C'est aussi à ce moment que Michel a peut-être commis une erreur dans la gestion du jeune néerlandais, dont l'entente avec Nicolas Nkoulou semblait meilleure au fil des matchs. Le Portugais continuera de jouer quand l'ancien joueur du PSV n'aura pas la confiance de son entraîneur. Puis, à partir de la 18e journée, Michel décide que désormais sa paire de stoppeurs sera formée par Rolando et Nkoulou. Un choix très critiqué au début, mais qui finalement portera ses fruits. Le défenseur portugais enchaîne depuis les sorties convaincantes. Humble, le Portugais fait partie des joueurs qui assument lorsque les matchs ne sont pas au niveau. Son mental semble également à toute épreuve. "Je sais que j'ai la qualité pour être ici, sauf que je n'ai eu ni le temps ni l'espace pour le démontrer. Et c'est à moi de dépasser cela. Les gens vont se rendre compte de qui je suis vraiment. Comme je l'ai prouvé au Belenenses, à Porto, à l'Inter, au Napoli, je prouverai que j'ai ma place à l'OM", avait-il déclaré à France Football il y a quelques semaines.
Karim Rekik est le grand perdant de la forme actuelle de Rolando. Certes, statistiquement (voir ci-dessous) le Hollandais n'a pas à rougir de son entente avec Nkoulou, mais aujourd'hui, la confiance semble plutôt du côté de l'international portugais au joli palmarès. Alors qu'un départ de Rolando était souhaité quelques semaines après son arrivée, il semble aujourd'hui que son arrivée ne soit finalement pas un mauvais coup. A l'heure où l'OM doit commencer à réfléchir pour sa défense centrale de la saison prochaine, qu'il faudra composer sans Nicolas Nkoulou, le Camerounais arrivant au bout de son contrat avec l'OM, le cas de Rolando présente un intérêt certain. L'idée aujourd'hui consisterait même à se dire : qui aux côtés de Rolando la saison prochaine ? Comme quoi, en football, tout va très vite !
Romain Haering