Comme à son habitude, Marcelo Bielsa s'est présenté en conférence de presse pour prendre sur lui la défaite olympienne. Une formule qui surprend de moins en moins l'auditoire sur la forme, même si le fond est évidemment à chaque fois différent. Passionné de jeu, le technicien argentin n'explique ainsi pas la défaite de son équipe par un effet psychologique telle une mauvaise entame de deuxième période. "La clé du match, c'est qu'on n'a jamais pu être à l'aise, ni imposer notre jeu. On a eu du mal à neutraliser la quantité de passes de l'adversaire. Mon dispositif n'a pas été satisfaisant. Malgré le bon jeu de nos joueurs, on a été plus faibles. Le projet de jeu du PSG était supérieur au jeu que j'avais projeté. Il n'y a pas eu de hasard, ni une intervention extérieure au football. C'est pour cela qu'il n'y a aucune excuse à vous présenter".
Fidèle au marquage individuel, l'OM s'est donc calqué sur la formation parisienne. Benjamin Mendy, chargé du marquage de Marco Verratti, s'est donc retrouvé en première période à jouer attaquant tant l'italien se contentait de rester devant sa surface. Et dans un tel rapport de force, le PSG, qui alignait pour une des rares fois de la saison ensemble tous les cadres qui ont fait ses succès ces dernières années (Motta, Verratti, Matuidi, Pastore, Ibrahimovic, Maxwell), a fait parler la logique et pris le dessus. Pour autant, est-il fou de penser qu'il y avait la place pour tenter un coup sur ce match ? Changer exceptionnellement de manière de procéder, si ce n'est de dispositif, pour mieux surprendre les Parisiens ? Est-ce que ce n'était pas perdu d'avance pour les Olympiens, en les voyant attaquer ce combat face aux Parisiens comme si c'était Toulouse en face ? C'est un peu ce que l'on peut retrouver dans l'analyse d'après-match de Steve Mandanda. Le capitaine de l'OM fait bien comprendre ce qu'il pense lorsqu'on lui fait remarquer que son équipe était quelque peu désorganisée. "C'est vrai qu'on était un peu dans le marquage individuel, donc forcément les joueurs parisiens dézonaient énormément. Il suffisait qu'il y ait un joueur en retard pour que ça mette des trous au niveau de la défense. Voilà, c'était les consignes. On les a respectés du mieux possible. Mais en face aussi il y avait des joueurs de qualité donc forcément il y allait avoir des brèches et on savait que ça allait être compliqué. C'est ce qui s'est passé".
Anticipant le fonctionnement de Bielsa, Laurent Blanc avait insisté auprès de ses joueurs sur la maîtrise technique. Forcément plus facile quand on dispose d'un tel effectif, l'ancien entraîneur de Bordeaux a demandé à son équipe de jouer sur le terrain de l'OM, de multiplier les passes au lieu de se concentrer à contenir les joueurs de l'OM. "Marseille attendait que ça. On savait comment ils allaient jouer, avec un pressing haut sur les dix premières minutes pour mettre le public dans l'ambiance. Mais les Marseillais se sont fatigués à récupérer le ballon puisque la maîtrise technique était parisienne". Pour autant, la meilleure surprise de Bielsa a peut-être été de ne pas en faire. Car après avoir fait étalage dès les premières minutes de sa supériorité technique, voyant les Marseillais se dégager en défense à l'emporte-pièce, l'équipe du PSG s'est laissé griser. Et l'OM a pu marquer deux buts en première période. "On ne pouvait pas penser qu'on allait commettre une erreur technique car dans ce domaine-là on a de grandes qualités, mais on l'a commis" commentait d'ailleurs Blanc sur le deuxième but encaissé par sa formation. L'OM menait alors 2-1. Et on avait la preuve que Bielsa n'avait pas perdu ce match avant de l'avoir commencé. Et si les Phocéens n'ont finalement pas tenu la distance sur les 90 minutes, ils ont eu le mérite de jouer pour gagner, ce qui n'a pas été le cas sur les deux confrontations avec l'équipe parisienne la saison dernière. Même s'il y a forcément plus de regrets, à choisir...