Une dizaine de bouts de matchs, environ cinq heures passées sur le terrain et un petit but, c'est le triste bilan de la première saison d'Abdelaziz Barrada sous le maillot olympien.Triste constat pour un joueur que l'on n’attendait pas. Il faut dire que l'international marocain ne figurait pas (lui non plus) sur la liste tant commentée de Marcelo Bielsa lors du mercato estival. Son arrivée au mois d'août avait surpris tout le monde. D'abord parce qu'on ne le connaissait pas, ou peu. Seuls les suiveurs de la Liga avaient repéré ses - bonnes - performances avec Getafe, à qui il avait offert une victoire retentissante face au Real avec un but et une passe décisive.
Le milieu offensif, formé au PSG, semblait d'ailleurs promis à une belle aventure de l'autre côté des Pyrénées, où des rumeurs l'annonçaient surveillé par les plus grands. Marcelo Bielsa l'avait d'ailleurs confirmé lors d'une conférence de presse. Sauf que le garçon n'a pas signé pour le Barça ou le Real, mais aux Émirats, avec un transfert surprenant au Al Jazira Club à l'été 2013. Drôle de choix, mais Barrada ne s'ensable pas pour autant. Il réalise même une grande saison dans le Golfe, qui le remet au centre du jeu. Porto est intéressé, mais c'est Vincent Labrune qui arrache le morceau. Pas donné, d'ailleurs, puisque l'OM débourse environ cinq millions d'euros pour s'attacher ses services jusqu'en juin 2018. Étonnant également, car l'effectif olympien semble déjà assez étoffé en milieux offensifs. C'est certainement la raison pour laquelle Marcelo Bielsa l'utilise avec parcimonie, lui préférant un Payet, il est vrai en grande forme, lors de la première partie de saison. Le cas du Marocain est toutefois différent de celui de Doria, car il entre régulièrement en jeu (il marque dès son entrée face à Nice) et dispute même quatre matchs comme titulaire.
Mais après des débuts encourageants, ses performances sont en chute libre. Mou, emprunté, il a de plus en plus l'air d'une mauvaise affaire, d'autant que Bielsa le place sur un côté, où son manque de vitesse se voit comme le nez au milieu de la figure. Même son sens de la passe, que l'on avait entrevu lors des matchs amicaux, est aux abonnés absents (0 passe décisive). Puis arrivent les blessures, dès le mois de décembre. Cuisse, adducteurs, re-cuisse... on ne sait pas trop. Mais semaine après semaine, lors de ses conférences de presse, Bielsa commence invariablement par "Barrada est indisponible...". Si on l'aperçoit régulièrement enchaîner tout seul les tours de terrain, le joueur ne participe plus aux entraînements collectifs depuis belle lurette.
En général, dans ce cas-là, la pubalgie n'est jamais loin, Gignac peut en attester. Une lésion particulièrement sournoise, qui finit toujours par revenir quand on s'en croit débarrassé. Finalement, le staff médical se rend à l'évidence, inutile de tirer sur une corde qui, tôt ou tard, finira par céder. Barrada a été mis entre les mains du Professeur Reboul, imminent spécialiste es-pubalgie à Bordeaux, qui l'a opéré en début de semaine. Son retour est prévu fin avril. Autant dire que l'on n'aura pas vu grand-chose de celui qu'on n'avait pas vu venir.
L'avis médical |
L'ancien médecin de l'OM, Emmanuel Prou, nous éclaire sur le sujet : La pubalgie, c'est quoi ? "C'est une pathologie que l'on voit beaucoup chez les footballeurs. Il s'agit d'un surmenage du carrefour pubien, à savoir les adducteurs de la cuisse et le bas des abdominaux. C'est un tableau qui peut avoir beaucoup de formes différentes, mais c'est surtout un déséquilibre, avec un manque de souplesse des adducteurs et une faiblesse de la paroi abdominale. Il y a la forme basse ciblée au niveau des adducteurs, et la forme haute à l'insertion des grands droits de l'abdomen". Quel type d'opération ? "Quand on opère une pubalgie de forme basse, on réinsère le tendon qui a lâché, parce qu'il était trop court, un peu plus bas. Quand c'est une forme haute, on fait une réfection de la paroi abdominale en re-suturant pour combler l'insuffisance musculaire". Combien de temps avant de rejouer ? "Pour une forme haute, dans le meilleur des cas, c'est quatre semaines pour reprendre la course et deux pour revenir sur le terrain. Si c'est une forme basse, plus compliquée, ça peut aller de huit à dix semaines. Ça ressemble à ça pour Barrada..." > Le Talk Show sur la saison blanche de Barrada en vidéo. |