Baptiste Aloé, le patient marseillais

Baptiste Aloé a vu. Le jeu de mots ne marche plus en passant du futur au passé composé, mais ce n'est peut-être pas plus mal. Pendant trois jours, le calembour a été utilisé partout, tout le temps. Quoi de plus normal ? Aloé n'a pas une histoire à raconter qui fait frissonner avant même qu'il ne pénètre sur la pelouse : il joue défenseur central, n'a pas la dernière coupe de cheveux à la mode, ne fait pas le buzz sur Instagram. Mais à l'OM, Baptiste Aloé a déjà une petite histoire.

Originaire de La Ciotat, il intègre le club à l'adolescence. Les supporters marseillais ont l'occasion de le remarquer alors qu'il n'est pas encore majeur. Dans les premiers stages de présaison, il est facilement identifiable malgré la foule de nouveaux avec sa grosse tignasse blonde. Excellent en NextGen en 2011-12, tout comme Wesley Jobello, il est appelé par Deschamps dans le groupe pour l'un des derniers matchs de la saison, alors que l'équipe première finit en roue libre. Il garde son étiquette de jeune qui monte avec l'arrivée d'Élie Baup. Le club n'hésite pas à le mettre en avant. Question d'image, le capitaine modèle, le garçon sage et bien éduqué, c'est du velours. Il remporte le trophée du meilleur jeune du centre, d'ailleurs, quelques semaines plus tard. Plus pour son comportement que pour son niveau footballistique. Les cantinières, les intendants, n'ont jamais eu à s'en plaindre. Il étonne même, ayant toujours une pensée pour les Antillais de sa promo, qui n'ont pas la chance comme lui d'avoir leur famille à proximité. Comme dans le même temps, il a joué un match d'Europa League contre Limassol, que son camarade, né en 1994 comme lui, Raffidine Abdullah s'est fait une place dans le groupe et qu'il peut jouer en défense, sur le côté mais aussi milieu défensif, son avenir semble tracé. "Le prochain pro, c'est lui" lance d'ailleurs Henri Stambouli alors chef de la formation, à l'automne 2012. Mais Aloé disparait des radars presque dans la foulée. Et en fin de saison, c'est Laurent Abergel, qui a impressionné lors des entraînements avec les pros lorsqu'il a fallu remplacer au pied levé un Fanni partant en sélection, qui signe un contrat pro de trois ans.

Aloé signera ce fameux premier contrat à l'été 2014. Entre-temps, il aura pris soin de s'attacher les services du même agent que Laurent Abergel, Jean-Christophe Cano. L'ancien directeur sportif de l'OM a une opportunité pour ses jeunes poulains, une saison en prêt à l'AC Ajaccio, qui vient tout juste d'être relégué en Ligue 2. Les jeunes hésitent, ils veulent d'abord voir ce que vaut ce Marcelo Bielsa dont on parle tant. Aloé ne va pas être déçu : dès les matchs de préparation, il voit Stéphane Sparagna, plus jeune que lui, sortir du chapeau et disputer des matchs de présaison avant de démarrer en Ligue 1 pour la première journée. A-t-il cru en son étoile en décidant de mettre les bouchées doubles ? A-t-il fait l'objet d'une stratégie de Bielsa visant à le piquer au vif ? Toujours est-il que dans les derniers instants du mercato, alors que l'arrivée de Doria est dans les tuyaux, il n'accompagne pas Abergel à l'ACA. Bien lui en a pris, il sort aujourd'hui d'une copie quasi parfaite contre Bordeaux en Ligue 1 avec tous ses duels aériens remportés, des interceptions, des ballons récupérés, une tête sur la barre et un taux de 100% de passes réussies (sur 44 ballons joués). De quoi le présenter la prochaine fois avec autre chose qu'un jeu de mots sur son nom de famille.

> Retrouvez dans la vidéo ci-dessus la question existentielle sur les jeunes du centre de formation, Baptiste Aloé en tête, et leur avenir dans cette équipe de l'OM.