Occuper le poste d'attaquant à l'Olympique de Marseille, c'est vraiment une fonction ingrate. Dans une équipe qui a vibré sur les exploits de Skoblar, l'erreur n'est pas permise, il faut être performant à chaque match. Même les icônes Jean-Pierre Papin et Didier Drogba en avaient pâti au début, avec des surnoms peu flatteurs, J'en Peux Plus pour le premier, Drobakayoko pour le second. André-Pierre Gignac peut aussi en parler sans mal. Après sa première saison réussie à l'OM, en 2012-2013, avec 18 buts au compteur, il pensait avoir enfin fait son trou dans l'estime phocéenne. Mais non. Son efficacité était sans cesse discutée et une grande partie des supporters souhaitaient (ainsi que l'entraîneur de l'époque, Elie Baup) voir Bafétimbi Gomis, en conflit avec Jean-Michel Aulas à Lyon, débarquer pour prendre sa place. Après un intermède de deux saisons à Swansea, Gomis est désormais l'attaquant de l'OM. Mais avec l'arrivée de Frank McCourt, de nombreux supporters réclament quelqu'un d'autre en pointe. Et parmi les noms qui reviennent le plus souvent, on trouve... André-Pierre Gignac, évidemment. Que penser donc vraiment du passage de Bafé Gomis à la pointe de l'attaque marseillaise, alors qu'il vient d'achever sa première partie de saison avec 20 matchs, 11 buts et 3 passes décisives. Pour cela, autant le comparer à ceux qui l'ont précédé ces dix dernières années : Michy Batshuayi, André-Pierre Gignac, Loïc Rémy et Mamadou Niang.
11 réalisations à mi-parcours, c'est dans la moyenne. Mais ses quatre illustres prédecesseurs ont tous fait mieux sur une saison : Michy Batshuayi la saison dernière en avait mis 12 juste avant les fêtes, pareil pour Loïc Rémy lors de sa deuxième saison et André-Pierre Gignac pour sa cinquième. Mamadou Niang en était lui à 13 réalisations juste avant les fêtes à la fin de l'année 2007. Mais Gomis pourra faire constater qu'ils avaient tous les quatre de bien moins bon score sur leur première saison au club. Surtout, à l'exception d'André-Pierre Gignac en 2014-2015, ils ont tous disputé plus de matchs vu que l'OM était qualifié en Coupe d'Europe. Du coup, il vaut peut-être mieux se pencher sur la moyenne de buts par match. Et à ce petit jeu, "Bafé" devance tout le monde, à l'exception donc d'APG, qui marchait sur l'eau sous les ordres de Marcelo Bielsa. Mais là encore, Gomis, et/ou son fanclub, pourrait y trouver à redire. Car sous les ordres de l'Argentin, c'est toute l'équipe de l'OM qui jouait vers l'avant et qui marquait des buts. On peut alors aussi jeter un coup d'oeil à la part qu'occupent ses buts dans ceux marqués par toute l'équipe. Et là où Gignac avait marqué 31% des buts de sa formation, Gomis en a mis 44% ce qui rend peut-être sa performance plus admirable. Attention, cela ne veut pas dire que Gomis fait la meilleure saison pour un attaquant de l'OM depuis Drogba. Mamadou Niang, lors de l'arrivée d'Eric Gerets, avait donc mis 13 buts avant les fêtes de fin d'année, avec une moyenne de buts par match quasi similaire (0,54 but/match) et un ratio de 46% face aux réalisations totales de l'équipe. Mais cela prouve bien que Bafé Gomis se montre à la hauteur des noms cités. Reste à confirmer avec une deuxième partie de saison tout aussi prolifique... et pourquoi pas un trophée, comme Niang, pour vraiment marquer les esprits et mettre tout le monde d'accord.
Retrouvez le bilan de Bafétimbi Gomis lui-même sur sa première partie de saison dans la vidéo.