Il y en aura toujours pour relever la réussite de l'OM en explication principale pour cette victoire à Rennes. C'est vrai, il y en a eu. Avec l'arbitrage déjà puisque Boga est signalé hors-jeu en début de match, juste avant de se présenter seul face à Mandanda. En fin de partie, les Bretons auraient également pu bénéficier d'un penalty. Dans le jeu ensuite, l'OM marque presque sur sa seule occasion de la première période, d'une frappe contrée qui plus est. Pour autant, impossible d'enlever une once de mérite à son auteur Rémy Cabella. Car le meneur de jeu a fait un match plein, 90 minutes où il a confirmé son formidable potentiel, qui en ferait presque un nouveau candidat à l'équipe de France. Rien que ça.
C'est peut-être exagéré mais c'est à mettre sur le compte du soulagement. Qui est énorme. Notamment du côté de Vincent Labrune, qui a négocié personnellement en août le chassé-croisé avec Florian Thauvin que lui avait proposé les dirigeants de Newcastle. Rémy Cabella à l'OM, au départ, c'est une super idée. Déjà parce que le joueur n'a jamais caché qu'il supportait le club étant petit. Et puis parce qu'une saison timide à Newcastle ne pouvait pas lui faire perdre son football, qui l'avait envoyé un an plus tôt à la coupe du Monde dans la sélection de Didier Deschamps. Au Vélodrome, Cabella avait fait un match époustouflant en janvier 2013 avec Montpellier. Mais ses débuts avec le maillot blanc ne sont pas du même acabit. Pour ses premiers pas, il est positionné à gauche et il n'est pas loin d'être transparent. Comme pour la réception de Lyon, en septembre, où il est sorti à la mi-temps. Pour expliquer sa méforme, Cabella avance qu'il préfère l'axe. Michel le place juste derrière Batshuayi pour le déplacement à Paris, il y a deux mois. Cabella progresse de match en match, mais il lui manque toujours quelque chose, à l'image de cette action qu'il se procure contre Monaco, mais qu'il finit avec une frappe de mouche. En 16 matchs, Cabella n'a toujours pas marqué ni fait une passe décisive. C'est désormais de l'histoire ancienne puisque le natif d'Ajaccio s'est libéré pour le 17e, contre Rennes. Et il a surtout donné une autre dimension à son poste de meneur de jeu.
Car si la seconde période a été très intéressante à Rennes, c'est avant tout grâce à Cabella. Le ballon allait d'un camp à l'autre. Il y avait la vaillante arrière-garde marseillaise d'une part et les remontées du meneur de jeu de l'autre. Le numéro 13, en l'absence de Lassana Diarra, sorti à la pause, a montré qu'il savait parfaitement utiliser le ballon. Le porter, dribbler, de manière spectaculaire mais toujours à bon escient, pour mieux permettre à son équipe de respirer. Une passe aveugle à la Ronaldinho par-ci, un crochet à 360° à la Di Maria par-là, Cabella a aussi régalé niveau technique, de quoi déstabiliser ceux qui étaient chargés de le suivre à la trace, qui se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangé. Mais attention, Cabella ne s'est lui pas perdu dans ses dribbles. Il a toujours donné ses ballons dans le bon tempo derrière. Son problème, c'est d'avoir été entouré par un trio Nkoudou-Batshuayi-Ocampos particulièrement décevant. Une conséquence parce que Cabella vampirise la lumière ? Absolument pas. Le meneur glisse un super ballon à GK qui bute sur Costil. Il donne un super centre à Ocampos, qui préfère tenter un énième ciseau au lieu d'assurer de la tête. Enfin, il amorce un contre en fin de match où Batshuayi décide de forcer son destin. Cabella, lui, a fait sa part du job. Ce qui permet d'être bien optimiste pour la suite. Qu'est-ce que ça va être quand ils seront tous en forme ? Avec un Michy dans un bon jour, l'OM ne peut avoir besoin que de ces deux éléments pour marquer, comme l'Inter Milan en son temps avec Eto'o et Sneijder. Et puis, un Cabella à ce niveau, c'est un argument de plus pour l'éventuel attaquant que l'OM souhaite attirer au mercato hivernal. Avec un tel meneur de jeu, il y a vraiment de quoi se régaler. Sur le terrain comme en tribunes.