Dimanche, avant le coup d'envoi du match contre Montpellier, les supporters de l'OM qui n'en menaient pas large étaient nombreux. C'est qu'il fallait faire sans Romain Alessandrini et sans Lassana Diarra. La dernière fois qu'il y avait de tels trous dans la compo, c'était contre Nice et ça s'était plutôt mal passé (0-1). Bon, les Olympiens n'ont pas réussi à l'emporter non plus contre les Héraultais (2-2). Mais dans le jeu, c'était le jour et la nuit. Rémy Cabella y est pour beaucoup. Mais pas que. Le remplaçant du numéro 11 s'est montré à la hauteur, dans un registre pourtant différent. Il s'agit d'Abdelaziz Barrada.
Un joueur qui n'avait pourtant pas tiré son épingle du jeu en début de saison, alors qu'il était aligné à son poste de meneur de jeu. Jamais à 100% la saison dernière et out dès le mois de novembre, Barrada a démarré la saison dans la peau d'un titulaire par défaut. Payet parti, c'est Florian Thauvin qui était censé s'adapter au poste de meneur de jeu. Bielsa a préféré commencer avec l'international marocain, plus au fait du poste. Alors que Michel débarquait à l'OM, Vincent Labrune ficelait un échange Thauvin-Cabella. Dans un premier temps, cela ne changeait rien pour l'équipe, l'international français se positionnant à gauche. Mais comme cela ne marchait toujours pas, Michel a changé les choses en octobre pour le match de Paris. Les deux joueurs ont permuté et Barrada, dans un rôle de milieu gauche, a livré une partie intéressante, avec un travail appréciable dans le couloir et la promesse de laisser à Benjamin Mendy le luxe des débordements. Mais finalement, dans ce couloir gauche, c'est Georges-Kévin Nkoudou qui s'est installé alors que Cabella a trouvé un bon rythme de croisière dans l'axe.
Restait donc le couloir droit au Marocain pour espérer refaire surface. Ce sera le cas donc contre Montpellier avec la blessure de Romain Alessandrini. Barrada était jusqu'alors le remplaçant qui permet à l'équipe par sa technique de garder le ballon dans les dernières minutes, quand il faut conserver un résultat. Pour la première blessure du titulaire de l'aile droite, Michel avait choisi Lucas Ocampos pour l'intérim. Réputé plus rapide, plus dans la possibilité de marquer des buts, ce qui n'est pas du luxe. Mais l'Argentin a raté le coche, et pas qu'un peu, avec ses prestations. Du coup, Barrada a désormais la main. "Je parle beaucoup avec le coach de mon positionnement et il n'y a pas de problème, je joue où il veut" assurait-il après le match. Contre toute attente, malgré une pointe de vitesse pas éloignée finalement de celle de Rolando, Barrada a tiré son épingle du jeu. C'est que son profil semble bien complémentaire avec Nkoudou et Cabella. A eux la vitesse et les chevauchées têtes baissées, à Barrada les passes bien senties qui font gagner de précieuses secondes. Dans les premières minutes du match, il n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour donner une balle de but à Batshuayi, il anticipe la mauvaise relance, il récupère, il donne. Comme le veut la célèbre maxime de Michel Platini, c'est le ballon qui doit courir, pas le joueur. "Avec Rémy, on combine bien, on est deux joueurs de ballon" concède le Marocain, qui sait cependant qu'il va devoir, à ce poste, se montrer également à la hauteur dans un autre domaine : le but. Sa volée en première mi-temps sur le gardien en atteste, il peut encore mieux faire. Avec la confiance et l'assurance d'enchaîner les matchs jusqu'à la trêve ?