Avec un douzième revers en 25 matches depuis le début de la saison, l'OM a touché le fond dimanche, et même le double fond, face à une équipe de quatrième division. On savait l'OM malade depuis plusieurs mois, au bord de la rupture, mais pas au point de se saborder face à des amateurs, aussi méritants soient-ils. Cette élimination sonne donc comme un bouquet final, ne pouvant déboucher sur autre chose que des changements, car à ce rythme, l'illusion d'un podium encore possible mathématiquement n'est plus envisageable. Reste à savoir quelle sera la nature de ces changements, sachant que les principaux coupables - les joueurs - sont, par leur nombre et leurs contrats, intouchables.
En dépit des déclarations présidentielles, le cas Garcia semble entendu. En effet, si l'opinion paraissait partagée sur le sujet jusqu'à la semaine dernière, elle est aujourd'hui unanimement braquée contre le coach olympien. Au-delà des résultats qui feront naturellement leur travail, Rudi Garcia porte aujourd'hui le poids d'un recrutement raté. Il y a d'abord le rendement pathétique des recrues, mais aussi et surtout leur niveau délirant de rémunération. Il y a ensuite le niveau de l'équipe tout court. Formidablement combative et solidaire la saison dernière, elle se traîne lamentablement aujourd'hui. Le signe d'une préparation complètement ratée qui ne peut qu'être imputée à l'entraîneur, même avec l'excuse du Mondial. Enfin, l'ensemble des observateurs explique ce fiasco par les tensions salariales au sein du vestiaire. Là encore, il en va de la responsabilité du coach qui est aussi le patron de la communauté, même si le président et le directeur sportif sont concernés.
Le président, justement, a aussi les oreilles qui sifflent. Comme l'ensemble de ses prédécesseurs sous l'ère Louis-Dreyfus, Jacques-Henri Eyraud est un président délégué. A savoir, celui qui décide mais ne paie pas. Immanquablement, et aussi lointain qu'il soit géographiquement, Frank McCourt va lui demander des comptes à un moment ou un autre, et ce moment n'a jamais semblé aussi proche. Pierre angulaire du projet - dont on n'ose plus prononcer le nom - JHE s'est installé dès son arrivée dans la position du décideur naturel. Une seule voix, une seule direction. Une position légitime, d'ailleurs, tant elle tranchait avec l'à peu près des années précédentes. Le style et la communication ont payé pendant un an et demi sans qu'il n'y ait rien à redire, ou presque. Aujourd'hui, évidemment, les dysfonctionnements ressortent. Le principal réside dans la prolongation de son technicien il y a deux mois, alors que l'OM fonçait déjà vers ce qui ressemblait à un fiasco. Bien sûr, le contraire aurait pu lui être imputé également, mais cette décision lui éclate aujourd'hui en pleine figure. Il y a aussi cette étonnante ligne directe Garcia - Eyraud en matière de recrutement, sans passer par la case Zubizarreta. Si le discours officiel n'est que collégialité, les nombreux témoignages d'agents pointent régulièrement le poids inexistant du directeur sportif dans la chaîne de décision. En toute franchise, nous ne pouvons confirmer cet état de fait, mais au vu des profils recrutés jusqu'à présent, nous nous demandons nous aussi à quoi sert Zubi là-dedans.
C'est donc maintenant que Jacques-Henri Eyraud doit sortir les atouts de ses manches. Il possède deux leviers d'intervention à actionner dans les jours à venir. En plein mercato hivernal, c'est à lui d'impulser le nouvel élan avec deux ou trois recrues fortes en usant de son pouvoir de persuasion auprès du propriétaire. Le deuxième levier lui permettra d'afficher son pouvoir d'imagination. D'aller chercher un Gerets, que personne ne connaissait ou presque à Marseille avant qu'il ne débarque. Ce tour de passe-passe gagnant, c'est à Jacques-Henri Eyraud de le réaliser aujourd'hui. Pas simple, certes, mais nécessaire pour remettre le bateau OM à flot. À vous de jouer Monsieur le Président...