Alessandrini: la vengeance dans la peau ?

Cela fait partie des spécificités du football. Une hargne qui peut amener un joueur à se surpasser, juste en fonction du contexte. À la fin des années 90, il y avait même une série, avec les anciens joueurs du PSG, qui marquaient tous lorsqu'il recroisait le club de la capitale. Les Loko, Gava, Laspalles, Maurice... En Espagne, il y a eu le précédent Pedro Munitis, prêté par le Real Madrid à Santander, qui avait humilié la défense des Merengues, au point de voir naître une clause pour interdire les "confrontations directes". Contre Rennes, l'OM devra se méfier de Foued Kadir, parti après une demi-saison seulement à Marseille pour renaître en Bretagne. Mais, il faudra surveiller d'encore plus près un certain Romain Alessandrini.

Car le Marseillais de naissance, resté au club jusqu'en moins de 15, a une histoire particulière avec le club olympien. Il l'avait d'ailleurs montré dans l'opposition au stade de la route de Lorient la saison passée. S'il n'avait marqué qu'en fin de match sur une erreur de Mandanda, il avait sorti un match stratosphérique, qui lui avait valu quelques jours plus tard d'être convoqué par Didier Deschamps. C'est que l'OM, c'est son club, celui où il rêve de jouer. "Contrairement à d'autres, il n'a pas attendu d'y être pour parler de club de coeur" fait-on d'ailleurs observer dans son entourage. Il avait siglé les lettres du club en plein Parc des Princes après un but, ou n'avait pas hésité à clamer ses envies en plein mercato, quitte à se mettre toute la Bretagne à dos. "Ça, c'est la version médiatique, parce qu'avec nous et le groupe, il a toujours été un garçon charmant, toujours là à travailler pour sa rééducation, corrige Michel Troin, l'adjoint de Philippe Montanier. Il a passé son été à bosser comme un fou, malgré les pépins physiques qui l'ont ralenti comme des inflammations. Mais il est toujours resté le même. On a eu une image fausse de l'extérieur, c'est un garçon simple, un boute-en-train. Il n'a pas changé". Ce qui a changé, c'est les autres, notamment ceux postés dans les tribunes bretonnes. Il y a quinze jours, sa sortie mouvementée contre Valenciennes avait marqué les esprits. Il faut dire qu'il avait raté une balle de 3-1 à trop tergiverser, dans un rôle inhabituel d'avant-centre. Mais entre temps, il y a eu une large victoire à Toulouse (0-5), où il a retrouvé sa puissance. Sa blessure semble derrière lui. "Romain a été perturbé parce qu'il a une morphologie particulière. Il est puissant, explosif, il va vite, donc il a besoin d'être au top pour exprimer sa puissance. Il a eu un peu de mal au début car il devait retrouver ses sensations, et le public reste le public. Il suffit qu'il marque deux buts, fasse de bonnes performances et il renversera la tendance, parce qu'il a le talent" juge son entraîneur adjoint. En sortant du Stadium, un fan lui a glissé un malicieux : "Plus qu'un but contre l'OM et c'est bon".

Et il n'avait pas besoin de ça pour se motiver. C'est que, alors qu'il a tout fait pour venir cet été, il a vu le club marseillais lui préférer d'autres joueurs. Et ce n'est pas pour dire que ce n'est que parti remise, puisqu'avec le repositionnement de Dimitri Payet et un André Ayew toujours au club, le couloir gauche affiche complet. De quoi se motiver à montrer qu'il valait mieux le choisir lui samedi ? "Romain ne raisonne pas comme ça, désamorce immédiatement un proche. Il veut prouver à tout le monde, retrouver son meilleur niveau, montrer que c'est un footballeur avant tout, quelqu'un qui joue plus qu'il ne parle. Donc son but, ce n'est pas un match, c'est sur la durée. Concernant un futur transfert à l'OM, il a retenu la leçon. A lui de faire en sorte que ce soit un joueur voulu par plusieurs clubs, pas un des joueurs suivis par un club". Et quoi de mieux qu'un match contre l'OM pour se mettre en évidence ?