Alessandrini et Thauvin : les nouveaux Gignac
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 23/02/2016 à 07:00
Au terme de la saison 2012-2013, Vincent Labrune est heureux comme tout. L'Olympique de Marseille va retrouver la Ligue des champions, un an seulement après l'avoir quitté. Cependant, le président n'ignore pas que le jeu pratiqué par l'équipe divise même en interne. Il explique alors qu'il va orienter son recrutement en fonction de ce paramètre. Qu'il va chercher des joueurs capables de faire lever les foules, par un crochet ou un débordement. Son entraîneur, Elie Baup, lui réclame Dimitri Payet, qui joue à Lille. Lui a coché trois autres noms en Ligue 1 : Rémy Cabella, Romain Alessandrini et Florian Thauvin. Ces trois derniers éléments sont désormais à l'OM, ensemble. Mais le jeu pratiqué donnerait presque envie à certains de payer à nouveau un abonnement s'ils avaient l'assurance de se refaire des 1-0 "à la Marseillaise" jusqu'à la fin de l'année. Pourtant, sur le moment, tout le monde valide ces choix.
A la mi-juin, les South Winners se fendent même d'un communiqué en faveur d'Alessandrini et Thauvin, deux joueurs qui ont fait alors publiquement part de leur envie de rejoindre l'OM malgré les réticences de leurs clubs. "Pour réussir à l’Olympique de Marseille, il faut du talent, du caractère et avoir l’esprit sudiste pour correspondre aux valeurs du club, des supporters et de la ville. Les deux nouvelles pépites françaises, Romain Alessandrini et Florian Thauvin, regroupent toutes ces caractéristiques. Il est temps pour eux d’évoluer dans un club qui saura les faire grandir, les faire briller aux yeux de l’Europe, un grand club qui saura leur procurer émotions et frissons… Marseille, c'est chez vous". Aujourd'hui, les deux joueurs sont peut-être ceux qui concentrent le plus de sifflets au Vélodrome. Parce qu'ils n'ont pas confirmé le potentiel dévoilé en 2013, ce qui est frustrant au possible. Cet été-là, dans la hiérarchie des milieux offensifs français jeunes et excitants balle au pied, les deux éléments ne sont pas derrière par exemple un Antoine Griezmann, qui est aujourd'hui une superstar incontestée en Liga. Mais c'est aussi une histoire de comportement. Dimanche, Florian Thauvin a dû quitter le stade Vélodrome sous les insultes de supporters mécontents aux vitres de sa voiture. Cela avait déjà été le cas après la première journée de championnat, avant qu'il soit transféré à Newcastle. Plus faible joueur du onze de Bielsa la saison passée, il expliquait alors qu'il en voulait à la presse de ne pas le soutenir assez. Il se mettra tout le monde à dos lorsque ses insultes seront rendues publiques, que ce soit à l'encontre de Dimitri Payet en plein match ou de Marcelo Bielsa à l'entraînement. Romain Alessandrini s'en est lui également pris à l'idole San Marcelo. Dans une interview publiée cet été dans le JDD. Pour l'ancien Rennais, il y a un avant et un après la parution de cet article. Pris en grippe, il ne comprend pas que l'on ne retienne pas en priorité sa franchise, se demandant s'il faut vraiment servir des déclarations sans saveur, dans le sens du vent, à chaque apparition médiatique pour ne pas être critiqué. Dès lors, le joueur a choisi de ne pas faire attention et de n'être fidèle qu'à une chose, sa personnalité. Comme avec Thauvin, plus ça va, plus le fossé se creuse avec les supporters.
Cette attitude fière, c'est pourtant ce qui a plu au public marseillais au départ. Des joueurs qui avaient envie de venir à l'OM, quitte à se mettre dans une position délicate à Rennes et à Lille. Le public marseillais devrait s'en souvenir et être plus indulgent ? Pas si vite. A Marseille comme ailleurs, il n'y a qu'une vérité, celle du terrain. Contre Saint-Etienne, Florian Thauvin a raté tout ce qu'il a entrepris, réalisant l'impensable : faire regretter Lucas Ocampos. Romain Alessandrini a certes délivré une passe décisive à la dernière minute mais il était inexistant avant, donnant l'impression de chercher une cachette sur le terrain. Rolando ne s'est pas privé de s'en prendre à lui à un moment où il était obligé de dribbler des adversaires sans que personne ne lui propose une solution dans le couloir droit. D'où les sifflets. Après le match, Alessandrini a évoqué une remise en question personnelle. Si elle intervient et lui permet de retrouver son niveau de 2013, nul doute que les supporters oublieront rapidement son interview estivale. Un autre joueur qui s'est battu pour porter ce maillot, plein de fierté, a déjà montré la voie, du fond du trou jusqu'au sommet : il s'appelle André-Pierre Gignac, et il est entré dans l'histoire du club après deux saisons catastrophiques, où il était copieusement sifflé avant même d'entrer en jeu parce qu'il avait eu le tort de s'opposer à un entraîneur intouchable. Alessandrini et Thauvin savent ce qu'il leur reste à faire.