Abou Diaby, un cadeau empoisonné pour Michel ?

Il y a quelques années, quand les conférences de presse n'avaient pas la même importance, c'était un détail qui avait son importance. Les différents entraîneurs le savaient, et ils faisaient attention de ne pas commettre d'impair : le joueur qui se présentait à 48 heures d'un match devant les journalistes au centre d'entraînement Robert Louis-Dreyfus était forcément un titulaire pour le match à venir. Mais avec la multiplication des matchs, et parce qu'il faut de plus en plus jongler avec les éléments qui ne considèrent pas que l'exercice fait partie intégrante de leur métier, la règle n'est plus vraiment respectée. Sauf que mercredi, c'est Abou Diaby qui s'est présenté, deux jours avant la réception de Rennes.

Les mauvaises langues y ont de suite vu un écran de fumée. Un joueur dont le moindre footing entraîne une dizaine de dépêches, c'est l'assurance d'attirer l'attention sur un sujet, et donc fatalement moins parler des sujets brûlants de l'actualité olympienne, comme la divergence de point de vue entre l'entraîneur et le président sur les capacités de l'équipe et les responsabilités de chacun. Mais Abou Diaby a joué la semaine dernière plus d'une heure avec la CFA, et si l'intéressé a accepté pour la première fois depuis huit mois de faire face aux journalistes, c'est peut-être bien parce qu'il se sent enfin prêt. Si ses déclarations ne sont pas suivies d'actions sur le terrain, ne subirait-il pas une nouvelle petite humiliation quotidienne, alors qu'il a forcément eu droit à sa question du match dans le match avec Yoann Gourcuff. Mais Diaby l'a joué apaisé. Il a évité le piège qui consistait à dire que l'OM n'était pas à sa place en championnat, ce qui pouvait, au vu du contexte, retomber sur Michel. Il a ensuite glissé que les jeunes à l'OM pouvaient faire plus, pour aller une nouvelle fois dans le sens de l'Espagnol. Et alors que l'ancien entraîneur de l'Olympiakos s'était agacé de son traitement en interne, il a à nouveau joué la carte de la compréhension : "Quand on est dans mon cas, ce n'est pas toujours facile d'avoir la confiance du coach. Il faut que je m'entraîne de manière régulière et que je n'aie pas de problème. J'ai eu quand même des rechutes. Il fallait du temps. Sur les derniers mois, j'ai eu une régularité que je n'avais pas connue à l'OM, c'est plutôt bon signe." De son propre aveu, Diaby se prépare à retrouver la compétition. Début février, contre Trélissac, il aurait déjà aimé rentrer en jeu, mais le scénario du match ne l'avait pas permis. "Ce n'est qu'un début. J'étais content d'être dans le groupe. Pour les prochains matchs, j'aurai sans doute l'occasion de rentrer. Je me prépare à retrouver la compétition" assure-t-il.

Des propos qui vont forcément donner envie à ses fans de s'enflammer. Ils sont nombreux, à tous les niveaux. Les supporters de foot lambda, qui ont encore en mémoire les matchs pleins de celui qui devait être encore plus fort que Vieira, des fans de l'OM, qui souffrent de voir Barrada ou Lucas Silva jouer à son poste, de ses coéquipiers, dont certains l'ont connu en équipe de France, mais aussi du staff phocéen, qui a pu nouer une relation forte avec l'intéressé et qui ne manque jamais une occasion de dire à quel point Diaby pue le professionnalisme. Un lobby puissant qui a déjà agacé Michel l'automne dernier. Si le coach marseillais n'avait rien contre le fait de voir son joueur le précéder en conférence de presse, il n'entend pas faire jouer le numéro 5 de force, même si ce dernier a déclaré qu'il lui était plus simple de démarrer une rencontre que d'entrer en cours de partie. "J'ai regardé son match de samedi avec la réserve, c'est vrai qu'il manquait un peu de rythme, mais je crois qu'il était bien, il avait confiance dans le jeu, ça peut suffire pour s'intégrer au groupe, c'est ce que l'on espère en tout cas. Mercredi, il s'est très bien entraîné, donc on va voir, mais je pense qu'il ne faut pas être pressé avec lui" tempérait Michel. À bien écouter le coach, la présence de Diaby dans le groupe, ça serait d'abord pour un apport... moral : "Il ne faut pas le faire jouer trop rapidement. Il faut entourer le groupe de cadres, et c'est pour ça qu'il est important pour nous, ce doit être un exemple pour le groupe". Mais pas de conflit en vue, Diaby jure bien prendre la situation : "Je suis passé par tellement de choses, que juste être sur le banc, ressentir l'atmosphère du match, c'est déjà quelque chose d'énorme pour moi". L'ancien joueur d'Arsenal rajoute même : "Je veux jouer pour gagner. Pas jouer pour être sur le terrain et dire ensuite que je suis sur le terrain". De belles intentions qu'il faudra tout de même confirmer à un moment ou à un autre sous le maillot blanc, alors que son contrat se termine dans deux mois.