C'est devenu une marque de fabrique à l'Olympique de Marseille. Il se passe toujours quelque chose lors d'un match de préparation. Le meilleur moyen, finalement, de ne pas laisser le public trop se focaliser sur la performance de l'équipe de Franck Passi, mais plus sur la situation toujours plus floue du club dans son ensemble. La semaine dernière, alors que les Phocéens reconnaissaient la pelouse du stade de Béziers avant de jouer l'Ajax Amsterdam en amical, le nom du nouveau président, Ciccolunghi, sortait du chapeau. Ce week-end, pour un tournoi en Allemagne, c'est le départ de Stéphane Sparagna pour Auxerre qui a fait de l'ombre à la divulgation des compositions. Attention, comme pour le nouveau président, ce n'est pas un coup de communication, tout du moins direct, de la part du club. Les informations sortent dans les médias. Pour Sparagna, c'est le journal local icaunais, L'Yonne Républicaine, qui a vendu la mèche. Le président de l'AJA Guy Cotret s'épanche et parle même de "renfort déraisonnable qui était devenu indispensable". Deux ans après avoir été sorti de l'anonymat par Marcelo Bielsa, Stéphane Sparagna va donc se faire les dents dans l'antichambre de l'élite. Une bonne nouvelle ?
Pour lui assurément. "Il va s'aguerrir à l'échelon inférieur, avec l'espoir d'enchaîner enfin les matchs et de montrer ce qu'il vaut dans la durée" glisse-t-on, soulagé, dans son entourage. Auxerre n'était pas le seul club intéressé par ses services à l'intersaison. Les deux clubs d'Ajaccio, l'ACA et le Gazélec, Amiens ou encore Orléans avaient également pris des renseignements. Sparagna a choisi Auxerre, le club sur le papier qui a peut-être le plus de chance de jouer la montée dans cette Ligue 2 si particulière. Pas forcément le challenge le plus facile. Si l'ancien club de Guy Roux s'est intéressé à lui, c'est bien parce qu'il y avait de nombreux blessés en défense. Mais un jour, ce beau monde quittera l'infirmerie. Il faudra alors que Sparagna se soit fait déjà sa place dans l'effectif. Sinon, comme pour tout joueur prêté, qui ne s'inscrit donc pas dans le long terme, elle sera plus menacée que les autres. Comme dans tout vestiaire, son salaire pourra aussi poser problème. Bien en bas de l'échelle à l'OM dans la grille salariale, il occupe fort logiquement une des premières places du même classement à Auxerre. La pression va donc peut-être aller de pair.
De toute façon, Sparagna sait que c'est une année charnière pour lui. A la fin de ce prêt, il lui restera un an de contrat à l'OM. Cette expérience est donc à double tranchant, mais elle était pour autant indispensable pour lui. Pas vraiment considéré à l'OM avant l'arrivée de Marcelo Bielsa, le jeune défenseur a bouleversé le cours des choses avec l'Argentin, mettant de l'application dans tous les exercices qu'il préparait pour les pros à l'entraînement. Bielsa a commencé à le faire jouer en présaison et l'a même fait démarrer pour la première journée de championnat. Une belle année, où il a beaucoup appris et a pu signer son premier contrat pro. La seconde sera bien plus compliquée. Il faut dire que la marche est haute. Pour le début de son deuxième exercice, lorsqu'on fait appel à lui, c'est pour remplacer poste pour poste Nkoulou lors de la première journée, ou Lassana Diarra à sa sortie pour le deuxième match au Vélodrome. Avec Michel, il enchaîne les entrées à la 89e pour gagner du temps et préserver un résultat pour disparaître totalement en seconde partie de saison, après des occasions manquées à Braga ou Bourg-en-Bresse, lorsqu'on lui donne enfin sa chance. Cette saison, il avait peut-être un coup à jouer en sentinelle, un poste qu'il a essayé à plusieurs reprises, où l'OM n'a strictement personne. "Il a vraiment joué là pour dépanner, son poste, c'est défenseur central" assure un de ses proches. Pour espérer jouer à l'OM cette saison, il aurait dû attendre que les cas Doria, Rekik, Rolando et Aloé soient réglés pour s'asseoir dans le siège tant convoité à côté d'Hubocan. Cela aurait pu clairement être jouable. Mais Sparagna, 21 ans, n'a plus de temps à perdre.