Le timing n'était évidemment pas innocent. Alors que Dimitri Payet était annoncé sur la route de West Ham, des journalistes assuraient que Karim Rekik allait rejoindre l'OM cette saison. Un contre-feu savamment orchestré par la direction phocéenne, à n'en pas douter. Pour autant, si le joueur du PSV aura du mal à faire oublier le chef d'orchestre de la précédente saison, Phocéen d'or et meilleur passeur du championnat, il pourrait débarquer dans un secteur où l'OM est encore plus dépourvu qu'au poste de milieu offensif axial : en défense centrale. Et si son association avec Nkoulou ne fera peut-être pas autant lever les foules que les gestes techniques de l'ancien numéro 17, elle pourrait ravir les puristes. Car si les dirigeants se penchent sérieusement sur le cas du défenseur hollandais, cela pourrait être un authentique coup sur le marché, et pas seulement parce que Bielsa l'avait inclus dans sa fameuse liste de 12 joueurs la saison dernière. En une saison, Rekik a pris encore bien plus d'assurance, au point de réduire considérablement la marge d'erreur qui accompagne généralement les espoirs des projets Dortmund (se rapprochant du coup plus de l'original que de la copie). Il est d'ailleurs champion des Pays-Bas pour sa deuxième saison au PSV.
"La première année c'était un peu compliqué puisque c'était les débuts de Philip Cocu en tant que coach, ils ont fini 4e de l'Eredivisie. C'était une équipe relativement jeune, comme Rekik, il fallait qu'ils se mettent en place. Mais cette saison, ils ont littéralement roulé sur le championnat. Ils ont maîtrisé tous les compartiments du jeu, l'attaque comme la défense nous éclaire Matthieu Rostac, journaliste à So Foot qui réside en Hollande. Ils ont terminé deuxième meilleure défense, et c'est en partie grâce à la doublette Bruma-Rekik, qui est hyper solide et hyper complémentaire. Ce sont deux mecs qui sont du Feyenoord tous les deux, qui ensuite sont partis en Angleterre, ils sont revenus au PSV avec un petit désir de revanche. Ils sont très propres sur le terrain, ils défendent essentiellement debout. Ils se sont pris très peu de cartons. Rekik en a pris 3. Ils sont très physiques mais ils jouent en même temps de façon très réglo. Ils secouent les attaquants sans les cisailler". Un portrait qui fait écho à celui dressé par un recruteur britannique qui souhaite garder l'anonymat, car son club est également sur le coup : "Sa relance est de haut niveau, sa vitesse de course intéressante et il se retourne vite. C'est un défenseur très rigoureux qui sait être méchant sans pour autant faire une fixation sur ce registre. Nos rapports témoignent aussi d'une très grosse personnalité". A Marseille, où Bielsa reprochait à Doria de ne pas arriver à se retourner assez rapidement, le grand gaillard pourrait bien rappeler Daniel Van Buyten. Grand, souriant, cheveux plaqués en arrière et ce petit grain de folie, comme lorsqu'il a célébré le titre du PSV en entonnant un chant à sa gloire. C'est aussi un homme de valeurs. "Il est loyal. Il avait promis au directeur sportif du PSV qu'il reviendrait une deuxième saison" rajoute Rostac. Ce qui explique peut-être pourquoi il a refusé les avances de Vincent Labrune, qui avait longuement discuté avec son entourage l'été dernier.
Cette année, c'est la bonne ? "Je serais très surpris de la voir choisir la France. Nous devons être au moins 5 clubs à tenter de l'attirer alors que le PSV veut le garder aussi, et ils disputent la Ligue des champions" complète notre source anglaise. "Ce n'est pas forcément lui qui décide aussi. Il était prêté et Manchester City lui a fait peut-être comprendre qu'un troisième prêt, ce n'était pas possible. Peut-être que le PSV lui a dit que 3,5 millions pour lui, c'était peut-être un peu trop. C'est une année charnière pour le PSV. Ils ont déjà perdu Depay (Manchester United). Ils vont perdre Narsingh, Willems et peut-être Wijnaldum. Peut-être qu'ils vont être en Ligue des champions mais ils vont aussi se faire marcher dessus" contre-analyse Matthieu Rostac. Selon des indiscrétions, l'OM aurait réussi à s'attirer les faveurs des dirigeants de City avec l'ajout d'une clause spécifique dans son futur contrat : une clause de rachat. Un effet kiss-cool que certains ne manqueront pas de qualifier de partenariat perdant-perdant. Si Rekik est mauvais, l'OM aura un boulet à charge. S'il est bon, il faudra aussitôt le rendre à Manchester City sans du coup profiter d'une plus-value démentielle. Sauf que Manchester City et ses moyens colossaux changeront peut-être d'ici là d'entraîneur, de directeur sportif, et d'autres pointures ou espoirs seront engagés en charnière. Puis, si une fois un jeune espoir recruté par l'OM tient toutes ses promesses...