Pourquoi Garcia n'a annoncé que trois recrues

Un gardien, un défenseur et un attaquant. A la fin du match amical contre Sion, Rudi Garcia a fait la liste des joueurs qu'il voulait encore recruter. Trois joueurs, en plus de Luiz Gustavo et Valère Germain ? De quoi compenser numériquement les départs de Gomis, Vainqueur, Iseka Leya, Rekik et Machach, et rien de plus, même si le bond qualitatif est incontestable. Ne faut-il pas se renforcer aussi de manière quantitative alors qu'il y aura l'Europa League en plus à disputer cette saison ? La question est forcément venue quelques heures plus tard pour Jacques-Henri Eyraud en pleine présentation de la nouvelle sentinelle brésilienne. Alors que sept à huit recrues étaient évoquées par un journaliste, le président de l'OM s'est fait un plaisir de mettre un coup d'extincteur : "On ne s'est jamais prononcé sur un chiffre. Démarrer un mercato en annonçant un nombre de recrues, ça n'a pas beaucoup de sens. Un mercato est fait pour saisir un certain nombre d'opportunités". Mais JHE a rappelé qu'il allait y avoir des recrues. Et à la fin, tout le monde pourrait bien être d'accord. Tout est affaire de stratégie. 

Car si l'équipe dirigeante a intégré le fait de perdre de l'argent sur les premiers mercatos pour faire franchir plusieurs paliers à l'effectif, le but est de ne pas gaspiller l'enveloppe d'investissement prévue par McCourt bêtement. Ce n'est pas pour rien qu'Eyraud a mis un point d'honneur à démentir le salaire de Luiz Gustavo éventé dans la presse. L'OM ne veut pas être vu comme un nouveau riche. La gestion se doit d'être rigoureuse. Et à ce titre, l'état-major a un oeil sur les joueurs toujours sous contrat. En intégrant les fameux trois renforts de Garcia, on dépasse les trente professionnels à l'OM. Ca fait beaucoup, et, comme l'avait fait remarquer l'entraîneur phocéen au cours de la saison, ce n'est toujours pas dans les bonnes proportions. Il y a toujours un sacré embouteillage en défense centrale. Lors de sa conférence de presse bilan, Garcia avait annoncé un renfort par ligne hors départ. S'il évoque toujours qu'une seule arrivée derrière alors que Rekik a rejoint Berlin, c'est qu'ils sont toujours très nombreux à pouvoir jouer en charnière (Rolando, Kamara, Sertic, Fanni, Doria, Hubocan mais aussi Andonian, Aloé, Tuiloma sans oublier Bedimo qui n'a peut-être plus le coffre pour évoluer sur un côté). Alors, pour espérer un compagnon encore plus costaud qu'Adil Rami en défense centrale, il va falloir tabler sur des départs. C'est la même chose au milieu de terrain : Maxime Lopez et Morgan Sanson semblent légèrement couverts avec André Franck Zambo Anguissa et Saîf-Eddine Khaoui. Mais pour envisager un renfort, il faut peut-être attendre un départ sur les ailes où il n'y a pas moins de quatre joueurs pour doubler Payet et Thauvin (Lucas Ocampos, Clinton Njié, Rémy Cabella et Bouna Sarr). 

Dans d'autres clubs, à Rennes ou à Lille, on opte pour une technique du "loft", bien connue à Marseille, soit un deuxième groupe d'entraînement, où les indésirables sont mis à l'écart. Pas vraiment la méthode du trio Garcia-Zubizarreta-Eyraud, qui préfère opter pour une valorisation. Lucas Ocampos en est l'exemple parfait. L'Argentin n'était pas désiré par Garcia, loin de là, sinon, il aurait pu le rapatrier au mercato lorsque le Genoa lui cherchait une porte de sortie. Mais il a accepté de le voir partir au Milan, en n'étant pas dupe quant aux intentions des Lombards, mais en espérant qu'il allait pouvoir se mettre en valeur pour s'installer pour de bon en Série A. Ca n'a pas marché. Alors on joue à fond la carte de la réhabilitation. "J'ai vu son premier match, il était très bien, bien intégré dans l'équipe" assurait Andoni Zubizarreta en marge de la présentation de Luiz Gustavo. Un discours déjà entendu pour la deuxième saison de Doria... qui était finalement parti dans les derniers jours du mercato en prêt à Grenade. "On travaille sur de nouveaux projets pour des joueurs qui sont chez nous. Avec les agents de joueurs, avec les joueurs. On ne force pas les gens à partir, ce n'est pas si beau" confirme le directeur sportif, qui sait qu'il marche sur des oeufs. Certains joueurs sont conscients qu'ils ont peu de chances de retrouver un tel contrat. Et il est hors de question de faire des concessions alors que leur employeur, qui a les moyens théoriques de payer la note, rêve de leur départ. Il va falloir être patient. A Lille, Julian Palmieri a très calmement expliqué qu'il préférait toucher encore son salaire pendant un an quitte à jouer en CFA plutôt que de partir à Caen. Certains joueurs de l'OM sont dans le même état d'esprit. Peut-être qu'avec les premières journées de championnat et un temps de jeu famélique, ils se décideront à sauver leur carrière sportive. Le deuxième mercato phocéen pourra alors démarrer. En attendant, il pourra y avoir les trois renforts annoncés par Garcia. Mais pas plus.