Si l'OM a croisé le fer ces dernières années avec Besiktas et Fenerbahçe, cela n'a jamais été le cas avec le troisième illustre club d'Istanbul, Galatasaray. Club le plus titré de Turquie, qui a accueilli ces dernières années deux idoles du Vélodrome ces dernières années, Didier Drogba et Lorik Cana, fondé par des étudiants du lycée français d'Istanbul, le Gala avait tout pour devenir un club "ami" de l'OM. Mais ces derniers temps, les dirigeants des deux clubs se croisent un peu trop sur le marché des transferts. Le club stambouliote est en effet sur pas moins de quatre dossiers olympiens, comme vous pouvez le voir dans le journal du #mercatOM du 22 juin : Bafétimbi Gomis, William Vainqueur, Adil Rami et Carlos Bacca. Rien que ça. L'an dernier, ils avaient passé l'été à tenter de convaincre Lassana Diarra alors qu'il y a deux ans, c'est Jason Denayer qui refusait les avances de l'OM pour s'engager avec les Turcs. Le marché des transferts est-il si étroit ?
Un agent de joueurs français, actuellement en négociations avec eux pour un de ses joueurs et qui souhaite donc garder l'anonymat, nous explique les raisons de ce positionnement : "Les Marseillais, si vous voulez chercher des coupables, il faut plus regarder du côté des gens qui amènent Galatasaray à s'intéresser aux cibles de l'OM. Au départ, ce sont peut-être plus des agents, des journalistes, qui ont tout intérêt à dire qu'ils sont sur un joueur pour faire monter sa valeur. Après, là-bas, ils ne sont pas bêtes, ils regardent de qui on parle et si ça peut les intéresser". La concurrence de Galatasaray est donc quelque part conjoncturelle. Au début des années 2000, n'importe quel joueur de Ligue 1 intéressant était dans le viseur d'Arsenal ou Liverpool, car Houiller et Wenger recrutaient beaucoup français, c'était crédible. Ces dernières années, on pouvait à chaque fois rajouter discrètement l'intérêt de Séville "pour faire bien", car leur directeur sportif, Monchi, était peut-être la personne qui connaissait le mieux le championnat français. Mais vu qu'il est parti désormais à la Roma, il faut se trouver un autre club alibi. Va donc pour Galatasaray et ses conditions financières attractives. A la différence que le club turc sort de deux saisons médiocres loin du podium et qu'ils ont les moyens pour vraiment se renforcer. Du coup, la menace n'est plus fantôme et les joueurs peuvent y aller : un compromis idéal entre la compétitivité européenne et les salaires des championnats exotiques type Chine ou Qatar.
Si les noms de Gomis et Vainqueur leur ont donc peut-être été soufflés à l'oreille, ils font désormais l'objet d'une offre. Et cela ne touche pas que l'OM, Younes Belhanda, qui sort d'une belle saison en prêt à Nice, est dans le même cas. Pour trouver un bon contrat, les conseillers sportifs savent qui appeler en Turquie. Notre source explique : "A chaque fois, ce sont les agents qui font leur boulot, ni plus ni moins. Ils trouvent que l'OM ne propose pas assez, alors ils arrosent les clubs de propositions, pour avoir un contre-argument et demander de s'aligner, c'est une base de travail. Galatasaray mord à l'hameçon, peut-être parce que Fenerbahçe a déjà signé Valbuena et Dirar. Rami, c'est peut-être plus pour faire monter les enchères entre clubs". Un peu comme quand, au début des années 2000, Guy Roux demandait à son ami Gérard Houiller de s'intéresser avec Liverpool à ses joueurs de l'AJ Auxerre, Boumsong ou Cissé, pour faire monter les enchères. Sur le plateau du Mercatalk, Yvan Le Mée expliquait pour sa part que l'intérêt de Bacca pouvait lui venir de Galatasaray... pour mettre la pression à Gomis, qui tarde à se décider, en lui faisant comprendre qu'ils pouvaient très bien aller chercher quelqu'un d'autre. Reste après à franchir le pas et à choisir un challenge ou un autre. Il y a un peu plus de quinze ans, Jérôme Leroy avait fait comprendre aux dirigeants marseillais "qu'on pouvait même lui mettre un flingue sur la tête" (sic), jamais il ne signerait dans le club turc. Désormais, certes, le pont en or brille encore un peu plus, mais c'est presque la situation inverse, il faut batailler pour que le choix sportif l'emporte.